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du camp d'York ce 20me 8bre 1781
Monsieur
Vous seres surpris sans doute; de ce que independament de la grace, que vous voules vous doner la penne de sollissiter pour moy a la cour. je desirerois ravoir un temoignage par Ecrit de votre satisfaction sur ma conduite plene d'extenssions a la redoutte, que j'ay attaqué et prise sous vos ordres; votre sufrage me seroit aussy agréable que le brevé de brigadié; que vous voules me faire avoir; un officié general tel que vous est precieus; à un preu chevalié tel que moy; vous aves l'art de remuer les passions et toutes les fois que vous parles matie; je suis emeû; jusqu'au dernié replis de mon coeur. Vous me feries faire l'impossible; si a la grace que je vous demande vous voulies y adjouter celle de m'obtenir une letre gracieuse de la part du roy mon maitre; comme vous aves fait pour Mr. Roque; je serois au comble de mes veux; et l'annee qui vient a charleston je vous doneray des preuves; non equivoque de ma recognoissansse; en cherchant les occasions; d'y payer de ma perssone le mieux possible; comme j'ay fait dans nombre d'occasions de guerre; qui ne m'ont rien produit; parie que je n'ay point de parrain a la cour; je n'y cognois meme perssone; et je n'y ay jamais eté; exsepté la croix de St. louis; que j'ay eu sur le champ de bataille par Mr. le comte de rochouart; qui me donat la croix en me l'attachant a la boutonnierre en 1762 et en me disant que je la meritois mieux que luy; ceque je n'avois garde de croire; Mr. de choiseul confirma ce choix avec une letre fort oblijeante; de la toutes les graces que j'ay eu de la cour; je ne [v]ay pas demender et crains toujours de fatiguer Vola pourquoy mon general je suis fort en retard; pour mon avenssement; veu l'ancieneté de mes services
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et leurs distinctions; s'il est permis de le dire; cepandant il est essanssiel que vous sassies; que j'ay pris a des grenadiers anglois a bonafort sur la falde; pres du petit munden; huit pieces de canon; etant a la tete de ma compagnie de chasseur suivi de cent cinquante voluntaires a mes ordres; dela ce qui me valu la croix de St. Louis; en ytalie je contribuay beaucoup; a prendre un gros chatau nomé castillioni sur un scarpement effreyant ou il y avoit six cent pandoures ou barbés; nous l'escaladames avec des echelles; et moy le premier j'entray par une meurtriere ou je me defandis asses longtemps; pour doner le moyen aux miens d'antrer; et nous primes le chateau a coup de bayonette. Mr. le marechal de belleille me fit doner une gratification de huit cent francs; qui etoit beaucoup plus; qu'on en donoit dans ces temps la; sur tout a un lieutenant comme je l'etois; je pouvois encore vous cyter des circonstances nerveuses; ou je me suis trouvé; mais je vous ennuyerois j'en reviens mon general a la grace que je vous demande; sil n'y a pas d'obstacle a l'obtenir; je seray tres flaté d'avoir un temoinage non Equivoque de votre satisfaction;
receves les assuransses bien sinsseres du respet avec lequel j'ay l'honneur d'estre
Monsieur
votre tres humble et tres obeissant serviteur Le b[a]ron de L'Estrade Lieutenant colonel de gatinois