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Lundi 24-VIII-42 Si Israël est demeuré debout au milieu des ruines laissées par les empires superbes qui ont persécuté ce petit peuple, c’est à la Tora, sa Loi qu’il le doit. Il a résisté aux violences les plus sauvages, aux calamités les plus redoutables, parce que son âme avait été pour toujours illuminée par la parole divine proclamée au Sinaï. L’action des tendances dissolvantes et des puissances infernales conjurées pour le perdre permet à qui se donne la peine de réfléchir sur la destinée du judaïsme de trouver le secret de sa survivance miraculeuse dans le culte de la Tora, dans l’étude passionnée de la Loi. L’État juif n’est pas une théocratie. On a commis cette erreur parce que la Loi proclame avec une force unique et inouïe l’idée éthico-religieuse. Mais le judaïsme n’est pas une théocratie, même pas du point de vue politique. La théocratie est une puissance solidement organisée comme État dont le chef gère les affaires publiques au nom de la divinité. Cette conception est nettement opposée à la Loi juive. Le prêtre juif n’avait pas le droit de posséder une propriété foncière, ce qui l’excluait du pouvoir politique. Il était, de surcroît, soumis à Loi accessible à tout chacun du peuple. Cette loi n’a pas été donnée par les prêtres, mais par Moïse, chef laïque. Son frère Aron n’y
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joue aucun rôle. Celui qui conduit le peuple vers la terre promise, ce n’est pas un prêtre, c’est un chef laïque Josué, nommé par Moïse. Le roi n’était pas non plus au-dessus de la Loi. Même le roi n’aurait pu faire du judaïsme une puissance politique organisée. Le principe qui veut que la volonté du roi soit la loi suprême est d’origine païenne. Le roi et son État sont soumis à la Loi. Ce n’est pas le [strikethrough] Tora [/strikethrough] judaïsme, mais l’empire chrétien du Moyen Âge qui constitue une théocratie, dominée par aucune loi normative, mais par la force du plus fort. – Le silence du penseur en face de soi-même, du saint dans sa méditation est le même qui entoure une jolie fille en face de son portrait. À [geo] Poitiers [/geo], j’ai fait l’histoire et la géographie dans les classes de philo jusqu’en 5e ; mais les semaines du 17 octobre au 29 novembre que j’ai passées sous l’élégant proviseur [strikethrough] Picard [/strikethrough] Pollak et son grossier successeur dont j’ai oublié le nom ne m’ont laissé aucun souvenir. Mais avec reconnaissance je pense à l’amabilité et finesse supérieure du recteur René Hubert. Le noble chez lequel il nous a procuré un meublé chic s’appelait de Prin, sa fille veuve des Hautchamps, une rosse, mais une beauté rare. Un ami était l’abbé Willmann, de
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Moyeuvre, qui ne pouvait pas voir non plus Mme Hautchamps qui l’a exploité comme réfugié, sans se rendre compte du mauvais effet de sa rapacité. On y voyait aussi M. et Mme André Weil-Kinsbourg, dont la mère vient de mourir à [geo] Nîmes [/geo]. – Grâce à l’intervention de Mariette, j’ai abandonné [geo] Poitiers [/geo] pour [geo] Nice [/geo] où nous sommes arrivés à midi du 1er décembre1939, par un temps radieux. Mariette et Monique étaient à la gare. Au lycée j’ai donné l’allemand à partir des Mathématiques spéciales jusqu’en 4e, direction Barbier, faible, élèves mal élevés, chahuteurs, mais d’excellents collègues : M. Chaffurin, de [geo] Paris [/geo], M. Beilvert, anglais, M. Alessandri, italien, M. Fouassier, philo, le plus sincère, aimant beaucoup les vins de [geo] Kaysersberg [/geo], mais un excellent professeur. Les élèves que je connaissais de près était Jacques Médecin , fils du maire, et je suis fier d’avoir beaucoup contribué à son éloignement du lycée, un voyou ; les élèves que j’ai attirés étaient Yves Castelli et Séverin Galli, fils du chef du cabinet préfectoral. Un mauvais souvenir a laissé l’inéduqué Marc Huisman, petit-fils du Chargé-Ocht, un bon André Reusch que j’ai sauvé à [geo] Marseille [/geo] au bachot et sa mère est venue me remercier ; Jean Guillot, fils du censeur, Claude Haffner, Georges Harnist, Dominique
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Cottalorda, Kohn Gilbert et son cousin Guastalla fils du profes-seur, mort prématurément comme secrétaire du consistoire à [geo] Lyon [/geo], sa sœur Germaine, cette beauté que j’ai fait passer en allemand mais qui a été recalée en français et latin malgré l’effort de M. Bernelle. Jean Provençal, fils de professeur de gymnastique ami ; l’autre professeur de gymnastique Rousseau était aussi bien, André van Hamme, Claude Willard très bon élève, fils du père malheureux de la rue de Paris, Véquaud Jean, fils du consul français à [geo] Hambourg [/geo], savait bien l’allemand. Fogliata Georges, faisant cadeau d’une liseuse, avenue Félix-Faure ; Bense Marcel, excellent élève, Pons René, très attaché, les frères Susini, mère professeur au lycée ; le fou Burle Jacques, le très intelligent Frossard Joseph en Mathématiques, Bona José père chambre de commerce, Mars Georges, le bon géant Saloff Nicolas, Scoffier Marcel et Bernier Jacques qui avaient des frères dans les classes inférieures, Demonceau Georges, en 3e Lucchesi François fils d’un docteur qui a dénoncé un élève qui a parlé contre la République, Jean (Olivier) fils du collègue Jean, ami de Lebay, débarqué à la suite de la révolution nationale, Jean Freisager fils de Mme Stoessinger modiste. Il est étonnant de voir le nombre des bons éléments que j’ai pu attirer dans cette boîte mal dirigée et où il était facile