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l’ouvrage de tous.
Mercredi 10. À ORT, Mlle Delaporte part, professeur de dessin de modes, je lui
fais un certificat qui la recommande chaleureusement. Visites de
toutes sortes, M. Jorst-Fils pour qui je ne peux rien faire et qui se
rend à [geo] Sospel [/geo], les autres qui ne manquent pas. Vu M. André
Wertheimer que je reconnais à peine. On ne vit pas trop mal, sans
se trouver à son aise. Si on avait une lettre des enfants !
Lu François de Curel, La Fille sauvage, pièce en 6 actes, Stock-Paris, 1902,
histoire d’une exotique élevée dans un couvent français, p. 84 La France, l’incorrigible
sentimentale dont je ne montrerai pas la phtisie glorieuse cachée
sous un fard brillant. p. 111 Chaque fois qu’un peuple atteint un haut
degré de civilisation, il découvre les invraisemblances de sa religion et
perd la foi ; mais aussitôt il entre en décadence, les égoïsmes deviennent
féroces et tout s’effondre dans une mêlée furieuse. (Cette réflexion
devrait procurer le nom de philosophe à François de Curel qui a jugé
où en était la France, avec sang-froid). De là, cette contradiction singulière
qu’on fait de prodigieux efforts vers la vérité et qu’on ne
survit pas à l’erreur. Loi fatale, que l’histoire universelle démontre.
– p. 162 Mon maître croyait la religion fausse et jugeait qu’on ne peut
s’en passer tant qu’on n’a pas une raison supérieure. –
Samedi 13. Hier, examen de coiffure, les fils du bedeau Allaman étaient
parmi les candidats qui ont répondu à ce qu’on leur demandait.
Bonne impression. Mesdames Bader et Gunzbourger assistaient. Vu

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Émile Lévy qui habite maintenant 1, rue Berlioz. Samedi visite
de M. Léon Nasch, de Brunn, docteur en philosophie : possède un certificat brillant,
d’élève du séminaire de [geo] Vienne [/geo], signé Schwarz, Samuel Kraus.
Nasch est [l’]abréviation de Nikolsbourg, connaît Hirsch, au courant des
choses juives, d’une famille traditionaliste. Raconte que leur rabbin Louis Lévy
est un mondain qui fréquente les bars et danse publiquement. Entre-temps
il aura abandonné ces sports. Visite de Mme Suzanne et son mari Aron,
très bien ; ils élèvent les enfants du rabbin Schilli. Aron est cinéaste, fils
d’un avocat [geo] d’Oran [/geo], originaire de [geo] Lorraine [/geo].
La Fille sauvage, de François de Curel, p. 134 : Je suis parrain d’une fillette qui
s’appelle Marthe. Quand elle avait trois ans, on me l’a un jour confiée pour une
promenade. J’ai entrepris de la faire monter sur une colline boisée assez haute. Ce
n’était pas une mince besogne. Nous n’étions pas à mi-côte qu’elle geignait déjà,
demandait à rentrer. J’étais au bout de mes talents de bonne d’enfants. Soudain
un coucou se met à chanter sur le sommet. Aussitôt la figure de Marthe
s’éclaire : Écoute le petit coucou ! Je réponds : Il est là-haut, le petit coucou.
Maintenant elle trépigne d’impatience. Sa menotte s’accroche à ma main pour
me tirer vers la hauteur, et chaque fois que l’oiseau chante, sa figure s’épanouit :
Nous allons voir le petit coucou. Et moi, comme un écho : Oui, oui, voir
le petit coucou. – Les larmes me viennent aux yeux à observer cette figure
candide qui resplendit d’une confiance vieille comme l’humanité. Il
me semble que j’emprunte la voix de je ne sais quel destin cruel pour
lui répondre encore : Oui, oui, là-haut, le petit coucou. – Tout de même,

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