Untitled Page 24

OverviewTranscribeVersionsHelp

Facsimile

Transcription

Status: Not Started
Show Translation

32 ASSISES DE LA HAUTE COUR.

mainteignent dreiture dreitement a chascun en lor cours et en lor seignories 1 ,
selonc ce que il 2 est en droit soi 5 ; bons justisiers, que il n'espargnent 4 aucun de
justise, quant il ne doit estre espargnes 5 , et cruel justisier 6 la ou il afiert 7 ', el
pitous et misericordious 8 la ou il s'afiert en justise 9 . Et ces choses conoistront et
feront ceaus qui auront en eaus les quatre avant dites choses 10b

. CHAPITRE IX".

Ci dit quels doivent estre les homes qui sont juges en la Haute Court.

Les 12 homes qui sont juges en la Haute Court doivent estre loiaus 15 et ententis 14
de oyr et de bien retenir les paroles et les poins que les 15 plaideors dient en la
court del plait, et jugier le 16 plus dreit et le plus leaument quil poront ne sau-
ront, selonc les paroles que il auront oyes et entendues; et que autrement il ne
doivent jugier ne por amor aveir 17 ne por hayne, ne por paor, ne por loier, ne
por gr6 l8 , ne por autres choses ne doivent juger ne 19 laissier k jugier a lor escient 20
ce qui 21 plus lor semblera raison, selonc les paroles quil auront oyes et enten-
dues el plait. Que 22 chascun deit plus amer et douter Dieu et sarme et sonor,

1 Seignoriages. n. e. t. — 2 Ce que chascun. c. — 5 En son droit soi. d. e. De son droit, t. — 4 c. Nespa-
raignent.k. Ne sparaigne. b. — 5 c. Esparaigniez. a. EsparaigniS. b. — 6 Cruels justisiers. b. Cruex justisiers.

c. Ceaus justissiers. d. Ceaux justitiers. e. manque dans t. — 1 S'afiert. c. Offert en justice, d. Affiert en jus-
tice, e. OJfiert en justice, t. — 8 Misericors. b. c. — 9 Oii il afiert en justise et en droiture. b. Se ojjierl
justice, d. Sa affiert en justice, e. Offiert justice, t. — 10 c. — 11 Ce chapitre ne se trouve que dans le ma-
nuscrit de Saint-Germain, ou il porte le n° ix. — 12 Et les. c. — 15 Loiaus manque dans t. — 14 Ententif.
a. — 15 Leurs. b. — 16 Les. a. — 17 Aveir manque dans b. c. Ne por amor aveir, ne por hayne, manque dans

d. e. t. — 18 Ne por grS manque dans d. e. t. — 10 b. — 20 Essient. a. Esciant. d. t. — 21 Ce que. b. c. e. t.
Qui manque dans d. — 22 Car. b.

* Parce que , comme dit le jurisconsulte Philippe de
Navarre (Les Quatre tens d*aage d'ome, mss. de la Bibl.
royale, n° 198, Suppl. franc,, fol. 389 v°), «li bonsjusti-
« ciers, por un home qu'il pent, en c has tie et sauve cent. •
Le pouvoir seigneurial elait entour6 d'un grand respect
en Europe, et plus particulierement en France, ou ce
sentiment s'exprimait par des adages tels que ceux-ci :

Nil lucri faciunt , dominos qui Utibus angunt.
Non lirufuenda nudum pradia propter Worn.

Nioot, Proverbia , p. 7, 10.

En Orient, le pouvoir des pairs balancait tellement
I'autorite des seigneurs , que nous ne savons si Navarre
elait fonde a dire : « A seigneur ne peut on avoir bon
« plait. » (Fol. 3gi v°.) On verra que non-seulement les
vassaux pouvaient plaider contre leurs chefs, mais qu'en
s'unissant entre eux ils paralysaient tout le pouvoir des
seigneurs.

b II £tait d'autant plus n£cessaire de rappeler aux sei-
gneurs desroyaumes de Jerusalem et de Chypre les
obligations qu ils contractaient comme juges , que leur
autorit£ judiciaire, dans des pays ou il n'existait pas de
loi ecrite , etait en quelque sorte illimitee. Celte pensee
a conduit un des copistes ou plut6t un des editeurs
du livre d'Ibelin , a une intercalation curieuse et que
nous allons faire connailre. Le manuscrit dont la Thau-

massiere a fait usage, conforme, sur ce point seule-
ment , au manuscrit de Saint-Germain , que nous deai-
gnons b, contenait deux chapitres numerous cclxxxii
et cclxxxiii, relatifs aux devoirs du souverain consi-
d^r^ comme justicier, el ayant pour titre, le premier :
Ci dit quel home doit estre seignor et goaverneor doa
pais et doa peuple; le second : Ci dit de seignorie et
de ses pilliers. La Thaumassiere n'a point fait diffi-
cult^ d*admettre ces chapitres comme Tceuvre d'Ibelin
(p. 187 et 188). Cependant les lieux communs sur la
justice et les citations de l'£criture sainte et d'Aristote,
qu'on y trouve, auraient du lui signaler une autre
main que celle du comte de Jaffa. Nous n'avons pas
^te peu surpris quand nos recherches nous ont con-
vaincus que ces deux chapitres appartiennent au Tresor
de Brunetto Latini, livre de la Rhetorique , c. lxxiii et
lxxiv (fol. a 09 du manuscrit col^ 198, Suppl. fran9.
de la Bibliotheque royale). Cet ouvrage a obtenu , comme
on sait, une tr^s-grande vogue en Europe pendant le
xiv' siecle, etil justifiait ce succes sous plus d'un rapport ;
mais ce qu'il nous importe le plus de remarquer, c'est que
les jurisconsulles de Chypre se tenaient au courant des
id^es qui circulaient en Europe, a une epoque ou la
ruine des colonies chr^tiennes de la Syrie, placait le
pays qu'ils habitaient dans un etat complet d'isolement.

Digitized by

Google

Notes and Questions

Nobody has written a note for this page yet

Please sign in to write a note for this page