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ASSISES DE LA HAUTE COUR.

CHAPITRE CLVI.

Por quei ie seignor neat tenus de respondre de fte que autre ait et teigne, de quei ii la saisi,
come 1 de son dreit, par assise ou par usage ou par esgart ou par conoissance de court.

Se aucun requiert au seignor saisine de fi6 qui li seit escheue , et le seignor
dit aucune chose k 1'encontre, par quei le requerant ne d6e celle saisine aveir, et
le requerant die raison, et tel 2 que court esgarde ou conoisse que il en d^e
aveir la saisine, et il Ta par esgart ou par conoissance de court, et un autre
vient apr£s devant 5 celui seignor ou autre el tens 4 de celui qui en aura eue la
saisine par esgart ou par conoissance de court ou de son heir, et requiert au sei-
gnor eel fi6, disant que il est dreit heir k eel fi6 aveir devant toz les autres, et
offrir 5 le k prover si come court esgardera ou conoistra quil prover le d6e; le
seignor li deit respondre que il n a ne tient eel fi6, por quei il n entent que il li
en ait k 6 respondre*; mais ce il se claime de celui qui le tient, il Fa vera 7
k dreit en sa court; ne il n entent que il autre li en ait k faire, puisque il ou son
ancestre, par esgart ou par conoissance de court , ont eue 8 la saisine dou dit fi6,
ne faire ne le viaut, se la court ne Tesgarde* : et de ce se met en Tesgart de la
court, sauf son retenaill. Et apr£s cest 10 dit, sele requerant viaut son plait abre-
gier, il se clamera de celui qui le fi^ tient, et requerra au seignor que il le face
venir en la court faire le dreit de ce que il li requerra. Que il ne me semble que il
puisse chose dire par quei la court esgarde ne 11 conoisse que le seignor li seit
tenus de respondre de eel fi6 ne de faire autre que ce que il li a ofFert : que il
est assise ou usage ou reiaume de Jerusalem , que fi6 de quei home ou feme ait
est6 saisi et tenant par esgart 12 ou par conoissance de court, et que il ou son heir
teigne, que le seignor ne deit respondre, nentrer en plait, ne autre 15 chose
faire que aver & dreit celui u qui le tient, se Ton se claime de lui b .

1 Ait et teigne de quey il ait esU saisi et tenant con. c. De quoi il ait come. d. e. De quoi U ait saisine. t. —
2 Raison tele. b. — 5 Revient devant. b. Revient apris devant. d. b. t. — 4 Ou el tens. c. — 5 Et offrent. c. —
6 Que il li a a. i. Que Uyaa.v.T. — 1 11 aura. d. s. 11 Taura. x. — 8 Of. b. — 9 Ne le veaut esgarder. d. k. —
10 Cel. b. Ce. d. b. t. — 11 Ou. c. — 12 Par esgart ou manque dans b. c. d. b. t. — 15 Ne en autre, b. t. —
14 Avoir droit de celui. b.

' Cela est conforme a la coutume du royaume de
France, confirmee par le jugement des pairs, en pre-
sence du roy Philippe Auguste, du mois de juillet 1 a 16,
sur le different de Blanche comtesse de Champagne ,
et d'Erard de Brienne et Philippe sa femme : Usui et
consuetudo Francise talis est, quod ex quo aliquis saisitus est
de aliqao feodo per dominant feodi, dominus feodi non debet
alium recipere in kominem de eodem feodo, quandiu ille qui
saisitus est de feodo perdotiiinum feodi, veUt et paratus sit jus
facere in curia domini feodi et prosequi. Cest oe que dit
notre autheur en ce chapitre.T. — II ne s'agissait point,
dans cette c&£bre affaire, de savoir si un seigneur pou-
yait retirer la saisine qui avait £t6 donnee par esgard

de cour, mais bien de decider, en fait , si la comtesse de
Champagne avait fait d&aut de droit a £rard de Brienne.

* On voit ici comhien , dans une mati&re aussi impor-
lante que la transmission des fiefs, le pouvoir des sei-
gneurs &ait limits. Le seigneur reoevait I'hommage,
donnait 1'investure , mais tout ce qui se rapportait a la
propri&e du fief et aux droits des parties etait dans le
domaine de la cour, e'est-a-dire des pairs de la seigneurie ;
et un feudataire qui n'^tait pas ensaisin^ de plein droit,
ne pourait prendre rang dans cette aristocratic guar*
ritae, qu'avec 1'assentiment de ceux pros desquds il
devait s'asseoir dans la cour ou combattre dans la
m£l£e.

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