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266 ASSISES DE LA HAUTE COUR.

sa volenti ; que le seignor ne la en pora de riens achaisoner. Et tot seit oe qoe
il me semble que se la damoiseiie semont le seignor si come il est devant dit, ct
le seignor ne li euffre dedenz le dit terme baron par le dit usage, qu elie se peut 1
marier £ sa volenti sanz ce que le seignor la en puisse de riens gregier. Et por
ce que il me semble que il est plus seure chose de ladite conoissance requerre 2
avant le mariage qu apr6s 1'ai ge 5 dit en cest chapitle \

1 Offeri baron dedenz ledit terme selonc ledit usage ele se poet. b. — 2 Qu$ ladite conoissance reyuere. c,
— 5 Tot Vaie je.'b.

* L'auteur soupconne le seigneur de vouloir, dans
des vues d'interfit, conserver 1 administration du lief an
dela de Tage parfait de la pupille. II est vrai que, durant
le moyen age, ks bailliages n'etaient guere, pour les
bails , que de§ occasions de benefices illicates. Entre tant
d'exemples que 1'histoire fournit de cette triste v£rit£ ,
nous en choisirons un qui devait 6tre present a la m£-
moire d'Ibelin quand il ecrivaitce chapitre.

Le bailliage de Tile de Chypre donna souvent lieu a des
d£bats animes. Le roi Hugues I mourut en 1'annee 1219*
laissant pour heritier Henri I , Ag6 seulement de neuf
mois. Philippe d'Ibelin , un des oncles de ce jeune prince ,
nit declare bail du royaume. Ce seigneur mourut en
1 aa8 , et son frere , le sire de Baruth , le rempla^a. L'em-
pereur Fre"denc II ayant pris la croix, malgr6 les de-
fenses du pape Gregoire, forma le dessein, a 1'instiga-
tion des ennemis de la famille d'Ibelin , de s'emparer de
Tile de Chypre , et , dans ce but , d£barqua a Limisso. II
ecrit au sire de Baruth, I'appelle son tres-cher oncle, et
1'engage a venir le trouver avec le jeune roi , ses enfant*
et ses amis. Le bail , malgr£ 1 avis de ses conseillers , se
rend a cette invitation. L'empereur apres lui avoir pro-
digal de faux teinoignages d'amitie\ le somme de lui
remettre Baruth , et tout ce qu'il a per^u comme bail du
jeune Henri, depuis la mort du roi Hugues, c'est-a-dire
depuis dix ans , parce que c est a lui qu'appartient le
bailliage du roi et du royaume , et que tous les fruits
de la tutelle doivent lui revenir, selon le droit des
Allemands. Philippe r£pond qu'il n a rien percu en
vertu du bailliage. La discussion s'animant, des per-
sonnes sages interviennent , et il est convenu que le
sire de Baruth donnera en otage ses fils et vingt che-
valiers , et qu'il s'en rapportera au jugement de la cour
de Chypre, sur l'anairedu bailliage. Mais ayant appris
que l'empereur, mecontent de cette transaction , voulait
s'emparer de sa personne , il fait armor ses amis et se re-
tire a Nicosie , ou il soutient un siege con t re l'empereur.
Une nouvelle transaction intervint, parlaquelle 1'empe-
reur obtint ce qu'il voulait , car la cour decida qu'il per-
cevrail les revenus du royaume jusqu'a la majorite du
jeune roi , c'est-a-dire jusqu'a ce que ce prince eut alteint
sa vingt-cinquieme annee. Philippe d'Ibelin devait con-
server rautorite* de bail ; mais l'empereur unit par Ten
d£pouiller et par en revetir cinq seigneurs de Chypre,
qui etaient : Camerino Baiias , Almeric de Bessan , Gavano
de' Rossi , Guiflaume Rivet et Hugues de Giblet. Ces £v£-
nements donnerent naissance a une longue guerre , dont
\e jurisconsulte Philippe de Navarre avait consign^ les
details dans un ouvrage qui parait fetre perdu. (Sanudo,
Secreta jidelium Cruris, 1. ED, pars xi , c. xi , p. a 1 1 ; Lo-
redano, L I, p. 47«io3; Art de verifier Us dates, I, 46o.)

Ge qui se passait dans l'ordre politique se reproduisajt

souvent dans l'int6rieur des families , et comme 1'indi-
quent les manuscrits b. et c, 1'usage etait recu de com-
parer la tutelle de certains seigneurs a la garde du loop;
car le vers de Terence:

Scelesta , lupo orem commiiitti , etc.

(Ewwc*. tct V, tc 1.)

a donne naissance a un proverbe, qui n'avait pas moins
de cours au moyen 4ge qu'il en a de nos jours.

Si 1'on veut trouver des exemples de tutelles veritable-
ment desiot^ressees, il faut tourner ses regards vers les
villes en communes. La disposition suivante de Tancaenne
coutume d' Amiens merite d'etre conservee et d'etre mise
en regard de 1'exemple que nous avons pr£ceclemment
cite\ « Li enfant qui sont orfelin de pere et de mere sont a
« le vile a conseillier et au maieur et as eskievins. Dere-
t chief le enfant desaagie orfelin , qui n'ont ne pere ne

• mere , seront livr6 a consefl et a warder a le vile , et
« seront li enfant et tout lor bien en le warde au plus

• prochain oir. » F° 27 v\

Le passage suivant d'un vieux coutumier de Norman-
die , montre qu'au xin* siecle , le respect pour le pri-
vilege des seigneurs en matiere de garde, n'empechait
pas qu'on ne jugeat avec severite leur administration.

» Qui gardera 1'oir orfelin que il covient estre en autrui
« garde ? La mere ne le gardera pas. Porqoi? Porce qe se
« elie prenoit mari et elle avoit emfanz, H emfant , por la
tcovoitise de I'eritage, ocirroient leur einz ne* frere, et
« seroient oirs , ou li mariz meismes ociroit som fillastre
« pour doner a ses filz Heritage. Qui le gardera done ?
« Le garderont si cosin ? Nanil. Porqoi ? Que il ne beent
« par aventure a sa mort et covoitent son heritage, par-
« que il ocient l'innocent. Por oster done tel desleaute ,
« et por eschiver tel cruelty fu il establi , que li orfelins

• soit en la garde a oelui a qui ses peres estoit liez par
t homage. Qui est cil ? ce est li sires dela terre, qui i'eri-
« tage ne peut avoir en domaine ; quar cil oir qui sont de
■ noble lignage ont pluseurs oirs , et par desns ce il

• doivent estre norri en buenes mesons et ensegniez
« d'onestes ensaignemenz, et quant H sont norri es me-
« sons lor seigneurs , il sont tenux a servir les plus leal-
« ment , et a amer les plus en verity. E coment pueent li
« seigneur hair ceus que il ont norrii? i les ameront par
« noreture de pure amor, et garderont feelment lor lois

• et leur tenemenz, et mettront les oissues de lorterres
« en lor avancement ; mes avarice est orandroit si mon-
« tee , que li seigneur gastent les biens as orfelins. » Mar-
nier, Etabl. et Coat p. 1 1 . Cette th6orie si belle de la
garde seigneuriale , qui aboutit a 1'aveu d'une realite*
fort triste , nous fait connaitre la veritable pensee des
jurisconsultes du moyen age.

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