Untitled Page 260

OverviewTranscribeVersionsHelp

Facsimile

Transcription

Status: Not Started
Show Translation

268

ASSISES DE LA HAUTE COUR.

Europe , et le royaume de Jerusalem aurait manque de
d£fenseurs. Ce point de droit fut applique\ par la cour de
Moree, dans r affaire de la baronnie d'Acova. Lea details
de ce curieuxproces meYitent de trouver place ici , car, en
e'clairant le principepose 1 dans ce chapitre, ils nous mon-
trent en action plusieurs des regies de procedure. e*tal4ies
par Ibelin dans di verses parties de son livre.

Goillaume de Ville-Hardoin prince de Moree , ayant
M vaincu au moia d'aont lftfli, et fait prisonnier par
Jean Paleologue sebastocrator, fut conduit a Constanti-
nople , et mis dans les fers. Cependant un traits inter-
vint oatre rempereur e| lui , et U put recquvrer U liberty
etsesetats,, en donnaptpourotages la soeurdu grand cou-
ntable de Moree, Jadre , et la fille du seigneur de Pas-
sava, protostrator de la prineipaute 1 . Pendant que ces
dames ^taient ? Constantinople pour }e prince, il arriva
que le seigneur d'Acova , messire Gautier de Rosiere ,
mourut sans enfant qui put heriter de ses domaines. II
ne laisfa apnea lui qu'une jaune niece, fiUe de sa s«ur
et du protostrator measbe, Jean de Passava t Ceqe fille
s'eppelait Marguerite. A I'^poque de la mort du sei-
gneur d'Acova , dont elle e^tait h£ritiere, elle se trouvait
a Constantinople ou le prince 1'avait envoyee en otage.
Cette circonstance 1'ayant empechee de se presenter au
prince dans le terme legal pour en obtenir l'investiture
de la seigneurie d'Acova, son heritage, le prince saisit
cette seigneurie; et lorsque plus tard elle re vint de
Constantinople et reclama cette seigneurie, le prince
lui repondit que puisqu'elle avait laissl ecoujer Tap-
nee et le jour fixes par les usages du pays, en cas de
succession, sans se presenter a la cour pour la reclamer,
elle avait perdu tpus let droits quelle pouvait y aroir,
et qu'il n'avait rien a lui donner. Cette reponse surprit
vivement la dame, qui s'attendait d'autant moins a une
parejfte j^ponse que p'etait } la place 4m prince qu'flle
avait &e mise eo otage, que lui-memely avait envoye> ,
et qu*il deyait bien savoir qu'il n'y avait aucune faute de
sa partj W $i dje tCki reaiee tranquille ea Moree, eUe
n'eu* jajmajs mqnqul aui Ipis reaves k la succession
des fiefs.

Lorsque la fame Marguerite et ses conseHs se furent
assures ^pe le prince refoaajt da im rendre justice, *Ue
partit et revjntcfcez eUe pipfonjlejpent a£Jige> r Un mois
et quelques jours apres, elle retouroa vers le prince,
aeeompagoee d'un consefl et de quelques amis, et re-
dma epepre up* £>i* Ja pW* d'Acova avec <** defen-
dant's, ainsi que touie la baronnie. £lle rep£ta une ?e-
conde et une troisieme fob ses reclamations; mais le
prime lui fit tomjonrs la mkxx* T^pense. La dame Mar-
guerite reconnaissant enfin qu'il lui £tait impossible
d obtenir justice du prince, pria tous ses amis et parents
de I'aider de leurs conseils, et del pi indiquer ce qu'elle
avait a faire pour reconquerir ses droits et ne point 6tre
desheritee.^Les plus sages de ses amis lui conseillerent
cfepouser un homme puissant et sage, et d'une haute
naissance , qui, par sa propre puissance et le secours de
sea parents , put la replaoer dans son heritage. La dame
en femme peudente oonaeotit a ee manage. 'Les princi-
paux membres de sa famille y contribuerent de tous
leurs efforts , et eile epousa enfin un bomme d'une haute
naissance, messire Jean deSaint-Omer, frere de Nicolas
dVSaiatOmar, seigneur de Thebes.

'lean de'Saint-Omer ne veulut pas laisser s'ecouler un
lotg temps sans faire ses reclamations sur 1'affaire d'Aco-
va. 4! pria ses freres de Taccompagner, et ils vinrent
avecfai en Moree. Hs trouverentle prince a Glaren/za,

occup£ avec ses chefs k mettre ordre a 1'administratioo
de la principaute. Jean se presenta devant lui avec ses
freres et sa femme 1'heritiere d'Acova. La dame declare
alors au prince qu elle venait pour reclamer l'h£ritage
de tous les biens de sa famille, et quelle designait
messirq Jean , son mari , comme son avoue (a&od) , con-
fbrmement aux usages recus. Messire Jean adressa aus-
sit6t la parole au prince et lui dit :

« Mon seigneur, prince de Moree , je vous prie en

• votre quality de suzerain et d'heritier, de vouloir

• bien convoquer tous les chefs, bannerets et chevaliers
f Ijges 4« Moree, pour ftntepdre In sequel* qua j'ai a vous
« presenter, et prononcer sur mpn affaire une decision
« conforme aux principes de la justice. Que ce jugement

• soit rendu d'apres les usages de la Moree, je ne veux
« aucune grfce ef ne de^ande que mop flroit. » Le. prince,
lui repoodit : t J'y consens avec plajsir. Puisque vous ne
« reclamez que Injustice, je suis pr6t, avec ma cour, a
« vous tatisfaire. »

P'^pres les ordres flu prince , les bannerets et tqqs l^s
chevaliers de la ^for£e se r^unirent dans }'£gli*e de
Sainte-Sophie, a Andravida, ou le prince se rendit aussi.
Alors messire Nicolas de Saint-Omer, seigneur de Thebes,
se leva. II prit de sa main droite sa belle-sceur madame
Marguerite , et dit au prince de la Moree :

« Tous les hommes de la principaute savent que ma
belle-sceur, qui se presente ici devant la cour, est reelle-
ment la niece du seigneur d'Acova, £tanl fille de sa soeur.
A la mort de ce seigneur, qui ne laissa aucun enfant
pour heriter de lui , cette dame se trouvait a Constanti-
nople en quality d'otage , ainsi que le sait mon seigneur,
pour le compte duquel elle y eiait Par suite de cet
empechement, ne se trouvant pas dans le pays lors du
terme voulu , elle ne put se presenter devant le prince
dans le d(61aj de quarau^ jours $x4 paf les usages de
toute la principaute. II n'y a en cela nulle faute de sa
part, car re ten ue en otage parl'ordre du prince, elle ne
pouvait venir se conformer aux usages que quand le
pr^uce Tajurajt fait reven^'r dans son pays, frw&itty son
i clour, elle se presenta en effet devant vous et reclama
son droit; mais vous, vous lui repondites qu'elle n'en
avait plus aucun. Plusieurs &ns eUe a rep£t4 ses recla-
mations, e^amajs vous n'avea voulu convoqiier une
cour pour prononcer sur sa reclamation. Vous lui par-
Hez en maitre absolu ; et elle, comme une femme faible
et sana mari, eile sen retouroa chez elle d^sesp^rae,
attendant que la Providence lui envoydt ses secours. Lf
Providence lui a enfin envoye" ces secours , et elle ap-
partieni a un horn me {Hustre et de noble maison qui
saura , ^pomme tout gf n^^iuma fat ]§ foVe , lui f^rt
rendre les biens qui lui reviennent C'est dans cette in-
tention qu'ils se presen tent tous ,d«iix devant vous. Je me
presente avec euxet, en ma quality de firere, je leur ofjre
mes services, a 1'un comme heritier, a l'autre comme
avoue , et je reclame de vous justice. Us vous prient
done instamment par mon organe, de leur rendre ce
qui leur est du , et de les remettre en possession de
leur heritage de famille, e'est-a-dire de la place ainsi
que des dependences d'Acova. Ds sont prets de leur
c6t6 a faire pour vous tout ce qu'ils vous doivent rela-
tivement a leur service et a leur hommage lige. »

Le prince repondit : « Nous venons d'entendre en de-
tail, ainsi que notre cour, le discours que vous avez
prononc6 et 1'affaire que vous nous presenter Nous
avouons etd^clarons qu'il est bien vraique c'est a cause
de nous , et pour une affaire qui nous est personnelle ,

Digitized by

Google

Notes and Questions

Nobody has written a note for this page yet

Please sign in to write a note for this page