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ASSISES DE LA HAUTE COUR.

CHAPITRE CLXXIII.

Se aucun seignor done fi£ en besanz * k home ou k feme , et le assene en aucun leuc mouti ; et
se de la faut 1 sur totes ces autres rentes que il a 2 et aura, et apr&s done a un autre home fi6 t
et Ten assene en aucun leuc mouti ; et ce il li defaille dou leuc oh le premier est assent par
nom , et il vueille estre pate avant de i autre dou luec oil il est assent avant : lequel des deus
doit estre avant pates de celui leuc.

Se un home ou pluisors sont assents de leur fies en un leuc mouti par le sei-
gnor, et se de la defaut 5 sur totes les autres rentes que il a ou aura en celle
seignorie, et que le 4 seignor, qui lor dona les fi^s en la maniere avant dite, dit

1 De la defaut. b. c. d. b. t. — 2 Que il y a. b. — 5 Moti et de la defaute. b. c. — 4 Et $e le. c.

t ce malheur : Lorsqu'on m'apprit, pendant I'epoque de
remprisonnement de la dame Marguerite , que le sei-
gneur d'Acova venait de mourir, 1'idee me vint de
prendre entre les mains le Livre des Assises, et de lire
le passage que je vous ai fait entendre devant la cour.
En lisant cet article, je vis que la protostratoresse se
trouvant a Constantinople comme otage en ma place,
et ne pouvant venir se presenter a la cour dans le delai
fix6 par les usages , il &ait conforme aux arrets de la
justice qu'eUe nit d£sheritee de ses droits. Je fis cepen-
dant une distinction, et je me dis a moi-meme, que '»
puisque c'etait en mon nom qu'elle eteit en prison et
perdait 1'heritage qui lui &ait echu , ce serait un grand
peche et un grand blame pour moi de lui faire ce tort.
Je pensai done que pour Sparer le prejudice que je
lui causais , je devais lui donner la moide* de la baronnie
d'Acova, et conserver 1' autre moitie en propri£te, pour
ma plus jeune Me Marguerite. Mais vous avez vu avec
quelle audace et quelle preemption ces Saint-Omer se
sont presentes ici. Leur conduite m'affecta vivement ,
etmon cceur en murmura, et e'est pour cette raison
que je demandai a messire Nicolas si c'etait une faveur
ou une justice qu'il venait solliciter de ma cour. II me
repondit avec fiert£ quil n'avait pas besoin d'une grace
de ma part, et venait demander ce qui appartenait de
droit a la dame Marguerite. J'ordonnai done qu on ap-
portat le Livre des Assises et Usages de Moree, pour
que Ton prononcat entre nous , et que son orgueil fut
confondu, et vous voyez que, d'apres la declaration
des droits des liges, la dame Marguerite a ete desheri-
tee. Je sais d'une maniere certaine, d'apres mon re-
gis tre, qu'il est parfaitement exact que la baronnie
d'Acova avec ses dependances contient quatre fiefs de
chevaliers. Prenez avec vous Colinet qui est le proto-
strator de toute laprincipaute\ reunissez les anciens de
la baronnie d'Acova , faites-leur apporter le livre de leurs
archives, et partagez ensemble toute la baronnie. Divi-
sez-la en. trois parties , et placez la meilleure partie dans
Tune des trois. Par exemple, sur huit fiefs, separez-en
cinqet les meilleurs pour le revenu. Sur les hommages,
choisissez et mettex de cote les trois plus hauls , et faites
dresser un privilege franc, qui portera que j'ofire ces

• fiefs d'Acova , contenant le tiers de la baronnie , a la

• dame Marguerite, comme une faveur que j'accorde a

• elle et a ses enfants. » Le logothete execute avec em-
pressement l'ordre du prince. II scella lui-meme ce pri-
vilege et le lui apporta. Le prince le lut et l'approuva de
tout point II leva la couverture de son lit , le placa par-
dessous , et dit ensuite au logothete : « Allez en personne,
« et faites venir ici la dame Marguerite. Dites-lui que j'ai
« besoin d'eMe et desire lui parler. • Le logothete partit
aussitol pour executer son message. La dame eiant ve-
nue , le prince lui rep&a, que d'apres rarr6t de la cour,
elle n'avait aucun droit; mais que prenant en conside-
ration la cause de sa dech£ance , il voulait bien diviser la
baronnie d'Acova et lui en donner le tiers a titre de nou-
velle infeodation. Le logothete prit alors le privilege et
le remit entre les mains du prince, qui de son c6te fit
approcher la dame Marguerite pour lui donner l'investi-
ture. La dame s'approcha de lui et recut 1'acte. Le prince
alors tira son gant et la revetit

Nous avons extrait et plac£ ici ce long passage de la
Chronique de Moree (p. 354-370) , parce qu'il serait im-
possible de trouver ailleurs un commentaire plus inte^-
ressant de tout ce qu'Ibelin dit sur les fonctions des
cours feodales , des seigneurs , de leurs suppleants , ainsi
que sur la formalite de 1'investiture. La coincidence
parfaite entre les divers details donnes par rhistorien et
les prescriptions du jurisconsulte sont le meilleur temoi-
gnage de Texactitude de 1'un et de 1'autre.

1 Encore que les fiefs consistent naturelement et
originairement en heritages , donnes par le seigneur a
son homme a la charge du service convenu, il est nean-
moins certain que les seigneurs ont quelques fois donn6
en fief certaines rentes, provisions ou pensions an-
nuelles ; en voicy des exemples. Henry comte Palatin de
Troyes reconnut l'an i i 58 que Thibaut comte de Blois
son pere avoit donne en fief six vingts livres par an a
Archambaud de Suily son neveu , par titre du mois d'a-
vril laoo. Hugues comte de Vaudemont devient homme
lige de Blanche comtesse de Troyes , et de Thibaud
comte de Champagne , luy a donne en fief et hommage
Kge, cent livres de rente sa vie durant sur les foires
de Saint-Aigulfe de Provins. T.

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