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LIVRE DE JEAN D IBELIN

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CHAPITRE CXCV.

Goment Ton deit faire homage au chief seignor dou reiaume , et coment k celui qui n'est chief
seignor; et de quei Tome est tenus k son seignor par 1'omage que il li a fait l .

Quant home ou feme 2 fait homage au chief seignor dou reiaume, il deit estre
k genoills devant lui et metre ces mains jointes entre les soes^t dire li : « Sire,
« je deviens vostre home 5 lige de tel fi6, » et dire quel fi^ il est 4 por quei il fait
Fomage; «et vos promet k garder et k sauver 5 contre totes riens 6 qui vivre et
« morir puissent\ » Et le seignor li deit respondre : « Et je vos en receis en Dieu
a fei 7 et en la meie, sauve mes dreis 8 b . » Et le deit haisier en fei en la houche c .
Mais se celui qui fait homage, si come est dessus dit, au chief seignor, a fait avant
ligece ou homage a home ou k feme qui ne seit home dou chief seignor, ou k
home qui seit home dou chief seignor 9 , il le deit sauver k Thomage faire; por
ce que nul qui est home d'autrui ne peut apr&s faire homage a autre, ce il ne
sauve son premier seignor, ou se il ne le fait par son congi6, que il ne mente 10
sa fei vers celui de qui il est 11 avant home. Et qui fait homage de chose qui seit
ou reiaume a autre que au chief seignor, il le deit faire en la maniere 12 dessus
devisi^e, mais que tant que il ne li deit pas faire ligege 15 ; por ce que nul home
ne peut faire plus (Tune ligece d ; et que toz les homes des homes dou chief sei-

1 Le manuscrit c, qui r£unit en un seul les chapitres cxcv et cxcvi, porte apres les mots que il li a fait,
ceux et de quoy le seignor a son home. d. b. t. donnent egalement ces deroiers mots. — 2 b. c. d. e. t. — 5 b. c.
d. e. t. — 4 Que le JiS est. b. Ce est. c. — b Et saluer. b. — 6 Contre torn ceaus et toutes riens. d. e. t. Et
toutes gens. t. — 7 En Dreu foy. b. En Dieu foy. c. d. e. t. — 8 Sauve mes dreis n'est pas darts b. c. Et
la moie de vos drois, sauve les miens, d. e. t. — 9 Ou a home qui seit, etc. n'est pas dans c. d. e. t. — 10 Sei-
gnor que il ne mente. b. — 11 II fu. d. e. t. — 12 Magnere. b. — 15 II li doit parfaire ligece. c.

" Contra omnes.... etiam contra Jratrem et fdiam et
patrem. Feud. cons. 1. II, L xxviii, S 4. « Contra tuti
thomeni che possa viver et morir. » Assises de Romanie,

c. LXVIII.

b Cette formule s'est longtemps conserve dans les
m&mes termes. Les Etablissements, 1. II, c. xvm, ne
donnent que la formule de l'hommage simple, qui 6tait
ainsi concue: # Sire, je devien vostre homme, et vous
t promet feautc d orenavant , comme a mon saigneur,
t envers tous hommes, en telle rede van ce , comme li lies
« la porte, en fesant vers vous de vostre rachat, comme
■ vers saignieur. • Le seigneur r£pondait : « Je vous recois
« et preing a hons et vous bese en nom de fei , sauf mon

• droict et Tautruy. •

* On lit dans la Chroniqae de Moree, p. 378 : « L'hom-

• mage lige se fait en s'embrassant sur la bouche, et cet
hommage est reciproque , car le prince doit foi a son
« lige, aussi bien que le lige la lui doit de son c6t£ , et il
« n'y a aucune difference dans la nature de leurs obliga-

• tions. • Les ceremonies de l'hommage n'&aient pas
partout les memes. Les vers suivants de la Chroniqae des
dues de Normandie, par Benoit, t. I, p. 317, montrent
qua une epoque ancienne les vassaux, en France, bai-
saient les pieds de leurs seigneurs :

Qui Tom tel don done a men or,
Cum dc fiea , de terre e donor.
Si est raisuns qa'en la saisine
L'en baist le pi£ , la teste endine.

En Espagne, le vassal baisait la main du seigneur :
« Vassalo se puede fazer un ome de otro, segund la anti-
agua costumbre de Espana, en esta manera, otorgan-
« dose por vassalo de aquel que lo re^ibe , et besandole la
« mano por reconosc.imiento de Senorio. • Las Siete Parti-
dps, IV part t. xxv, ley 4. Voyez du Cange, Glossariam,
verbo Osculam , et la dissertation de Wiesand : De osculis
juris symbolis, Leipsick , 1757.

Le baiser sur la boucbe indiquait Tunion intime des
. deux parties , et comme nulle part cette union n'etait
plus grande que dans le royaume de Jerusalem , il est
nature! qu on y ait adopts et conserve une ceremonie
plus familiere que respectueuse de la part du vassal.

A II n'en dtait pas ainsi en Europe , ou les seigneurs
croyaient pouvoir, en r^servant les obligations de la pre-
miere ligece, en faire successivement plusieurs autres.
Les vassaux engages ainsi a un grand nombre de sei-
gneurs, ne l'6taienl par le fait a aucun. En 1 196, Bau-
douin , comte de Flandre jet de Hainaut , fait hommage
lige au roi de France de son fief de Flandre , salva fi-

ho

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