Untitled Page 329

OverviewTranscribeVersionsHelp

Facsimile

Transcription

Status: Not Started
Show Translation

LIVRE DE JEAN D1BELIN. 337

peut dire 1 : « Voz sav^s que je voz semons que voz me venissie& aidier a defendre
t moi et ma terre contre mes mortels ennemis qui k tort me vueulent deseriter, et
« voz mandai que se voz ne me venissi£s aidier, que je ne me combatere£ pas k
« eaus, et vos venistes a ma semonce. Et sur cest mandement et par fiance de vos,

• me sui je venu combattre k eaus. Et voz me vol&s orres guerpir* en champ,
«por dire que vostre seignor est venus o mes ennemis. Et cil i 5 est venus, il est

• yenus par son outrage \ sanz ce que la guerre amonte de riens k lui. Por quei je
« n entens pas 5 que voz por ce me dees guerpir en champ, qui 6 por vostre fiance
t me sui si venus combatre k mes ennemis. Et je voz pri et requier et conjur par
«la fei que voz me dev6s, et semons sur quanque voz ten^s de mei, que vos ne
t me guerpissi^s en champ, ainz voz venes combatre o mei k mes ennemis. Et voz

• vos po£s bien garder de metre mains el cors de vostre seignor, et ensi poreit

• escheir que voz li aureus 7 besoin. » A ce peut Tome respondre : « Sire, voz en-
« tendes si come il vos plaira , et dir^s ce que voz vodr&s 8 , mais sachi6s que je
«ne porterais ji 9 armes por voz en champ ou celui qui est mon seignor devant
« vos seit arm£s 10 de Tautre part 11 : car quant 12 je devins vostre home , si i fu
« sauve sa feaut6 15 . Por quei je ne puis porter armes contre lui por voz. Mais v&
t si que je vos lais tot le servise que je vos deis 14 dou fi6 15 que je tiens de voz,

• mais que mon cors ne plus; ne voz ne me po£s 16 requerre autre par raison,

• car je ne vos sui pas tenus de aidier contre lui; et n en tent que faire le puisse

• sanz ma fei mentir. Et por ce que je n acueill ni ne viaus acuillir la semonce
« ne le conjurement que vos me av6s fait. Et 17 voz di come vostre home, sur la foi

• que je voz dei, come k mon seignor, que ce que je ne voz aide 18 k cest besoin de

• mon cors et que je part de cest champ, nest que por 19 garder ma fei vers tel, »
et le nome, « qui est mon seignor devant vos , et que on ne me puisse de trayson

• arreter 20 , se je portoie armes en champ contre lui. » Et a tant se part et se traie
k une part dou champ. Et se il ensi le fait, je cuit que il fera ce que il devera
vers chascun de ces seignors : car cil ne le fait ensi , il mentira sa fei vers son
premier seignors, et Ton poreit Ton apeler de trayson, et son seignor aveir ent
dreit par sa court. Et se il ensi le fait, le segont seignor ne le peut, ce me
semble , par raison ataindre de sa fei ni de fei mentie ne de defaut de servise \

1 Et se son seignor li dit. b. c. d. e. t\ — 2 Par grepir. c. — 5 b. — 4 Et se il i est venuz por son outrage.
B. c. Et ci (si. t.) est venas par son otrage. d. e. t. — 5 A lui,je ri entens. b. c* A lui, ne je n'entends pas. d.
b. t. — 6 Car. d. b. t. — 7 Auriez. b. — 8 Sire, vos iites ce que vos volez. b. Sire, vos direz quanque vos
vodrez. c. d. b. t. — b. c. d. e. t. — 10 Seit a armes. b. d. b. t. — 11 Contre celai qui est mon seignor devant
vos, puisque il est armis de Vautre part. c. — 12 Et quant d. e. t. — 15 5a feyance. c. — 14 Mais veu que je
vousfais tout le service que je vous dois. t. — 15 b. c. d. e. t. Servise. a. — 16 Que mon cors, ne plus ne me
pods. d. e. Ne pods. t. — 17 Ainz. b. — 18 Aiderai. b. d. b. t. Que se que je vos aide. c. — 19 Et que je me
part de cest champ tant soulement por. b. Et pour ce queje despars de cestui champ, n*est pour autre que pour.
D. b. t. — 20 b. Reter. a. c. Appeller. d. b. t.

* L* opinion que soutient Ibelin , oflrait de grands in-
conv&iients et amen ait une contradiction. D n'6tait ni
juste ni loyal qu*un vassal eut le droit d'abandonner son
seigneur au moment de Taction. Un seigneur ne pou-
vait pas connaitre tous les liens qui unissaient ses vas-
saux a d'autres seigneurs ; car un fief incorporel ou en
bexans, ne r6v£lait son existence par aucun signe ext£-
rieur : a Tinstant d'en venir aux mains avec son enne-
mi , il 6tait done expos6 a voir se dlgarnir les rangs de
ses partisans f des vassaux sur lesquels il devait compter,
qu'il avait semonc& , et qui avaient r^pondu a sa se-

monce. Cet usage, si reellement il existait, nous semble
en disaccord avec la franchise et la loyaute des prin-
cipes fi^odaux; et la remontrance qu Ibelin place dans
la bouche du seigneur abandonn^ , est seule dict^e par
ces principes. D un autre c6t^ , le vassal qui abandon-
nait, au moment du combat, son second seigneur, n*6-
tait pas plus fiddle envers le premier, car il laissait dans
Tarm^e du second tous les hommes qu'il avait amends
avec lui. D ne se retirait v^ritablement que de sa per-
sonne, de telle sorte qu'il ne servait en rdalit6 ni Tun ni
Tautre de ses deux seigneurs.

43

Digitized by

Notes and Questions

Nobody has written a note for this page yet

Please sign in to write a note for this page