Sâgean, Mathieu. Relation des avantures de Mathieu Sagean Canadien et de ses voyages et courses tam à la Louisiane, que sur les Costes d'Affrique, dans les Indes orientales et occidentales, et à la Chine : manuscript, [1701?]. MS Can 54. Houghton Library,

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Summary: The original or a copy of the account dictated by Sâgean at Brest, Apr. 1701, purporting to cover his travels from ca. 1680 to 1699. The discoveries set forth in the account are regarded as fabricated.

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Relation des avantures de Mathieu Sagean Canadien, et de ses voyages et courses tant à La Loüisiane, que sur les costes d'Affrique, dans les Indes orientales et occidentales et à la Chine.

Mathieu Sagean est creol de Canada, né dans l’isle de Montreal, dans la Nouvelle France, distante de Quebec d’environ 60. lieuës sud-oüest, âgé de 38. à 40. ans. Son père nommé Jean, ledit Jean Sagean fut en ce pays-là en qualité de sergent dans le regiment de Carignan et y épousa Marie Larrante, étoit de Bordeaux et sa mere Marie Larrante étoit de la Rochelle, et furent s’habituer à ladite isle de Montreal, au quartier nommé La Chine. Ils ont toujours fait profession de la religion catolique, apostolique et romaine. Ledit Mathieu Sagean sçait un peu lire, mais non pas écrire.

Il y a environ vingt ans qu’il partit de Montreal en canot d’escorce pour suivre feu M[onsieu]r de La Salle, dans la découverte qu’il alloit faire vers le sud-sud-est de Canada.

Ils furent, d’abord au lac Cantariau distant dud[it] Montreal d’environ 60 lieuës, et au bord duquel, du costé d’oüest nord-oüest led[it] s[ieur] de La Salle fit, pendant trois mois qu’ils

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y séjournèrent, jetter les premiers fondemens d’un fort, qu’il nomma Catracoüy (qui veut dire imprenable en langue iroquoise) et lequel M[onsieu]r le Comte de Frontenac, Gouverneur general de la Nouvelle France a depuis fait achever.

De là poursuivant leur navigation en canot par led[i]t lac Cantariau, vers l’oüest-sud-oüest, ils furent au saut de Niagara distant d'environ 120 lieuës dud[i]t fort de Catracoüy ou ils resterent pendant cinq mois pour y construire une barque du port de 35 tonneaux ; cette barque fut bâtie au dessus dudit saut dans le lac Kérié, sur laquelle une partie de leurs gens s’embarquerent avec des marchandises et munitions pour aller faire la traitte de pelleteries avec une nation sauvage nommée Outaoüa dans la terre de Michilimaquina distante dud[it] Niagara de 150. lieuës, et ou ils arriverent, avec lad[ite]barque et leurs canots un mois et demy apres leur depart de Niagara.

Delà leur petite flotte alla au lac du Michigané dans le fond de la baye de Poutoüatamy, pour y continuer ladite traitte. Ils y passerent l’hyver et y séjournerent pendant sept mois au bout desquels la barque s’étant trouvé chargée, led[it] sieur de La Salle la renvoya à Michilimaquina, mais elle perit en chemin avec tout

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son équipage et sa cargaison qui étoit fort riche sans qu'on en aye jamais eu d'autre nouvelles, si ce n'est que des Sauvages leur dirent dans la suite qu'elle avoit fait naufrage aux isles plattes dans le d[it] Lac de Michigané.

Ledit s[ieu]r de La Salle n’ayant donc point trouvé sa barque à Michilimaquina et ne pouvant plus douter de sa perte, il poursuivit son voyage pour la decouverte pendant l’espace de 18 mois. Il fut d’abord à la riviere Mangoust. Mangoust est le premier et veritable nom de cette riviere, et elle n'en avoit point d'autre quand le d[it] Sagean y fut, mais on luy a dit depuis qu'on luy avoit donné le nom de Colbert dont il n'est pas autrement seur. Il y a même des gens qui pretendent que la riviere Colbert et le Mississipy sont un même fleuve, dequoy le d[it] Sagean ne convient pas si la riviere Colbert est Mangouste, autrement nommée la riviere Colbert distante de 200 lieuës de Michilimaquina. Ensuite il se rendità la riviere de Chiacoüra. Il est aussi bien seur du nom sauvage a premier de cette riviere qu'est Chiacoüra, et ne sçait que par relation d'autruy qu'on la nomméee de Seignelay sans le sçavoir autrement, qui se jette dans le fleuve de Mississipy (lequel les

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Espagnols ont nommé El Rio de la Madalaine). D'autres disent que les Espagnols nommerent le Mississipy Rio Escondido qui veut dire caché à ce que le d[it] Sagan a oüy dire depuis acause de ses inondations et embarras de roseaux, où étant arrivés ils les desecndirent dans leurs canots pendant un mois et demy pour tascher d'aller jusques à son embouchure, mais en vain, car apres avoir fait plus de 120 lieuës et trouvé l'eau salée a plus de 20 lieuës de la mer qui fait une grande baye, à l'embouchure du d[it] fleuve ils virent lad[ite] baye mais ne purent y aller. Ils trouverent le d[it] fleuve tellement bouché de roseaux et si remply de caïmans ou crocodilles, de serpens, sonnettes et autres bestes vénimeuses qu'ils ne purent passer outre. Ce fut en cet endroit, ou le fleuve fait une pointe, que M[onsieu]r de La Salle planta une croix avec les armes du Roy. Le pays étant d'ailleurs noyé et marecageux tout autour sur les bords dud[it] fleuve qui se deborde vers les printemps par la chute des eaux d'en haut, six de leurs gens furent même devorés par lesd[its] bestes, et comme ils remontoient le d[it] fleuve, un jour voulant mettre le pied a terre pour aller

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pour aller à la chasse des bœufs sauvages dans le pays des Missouris, qui est une nation sauvage habituée à 10 ou 12 lieuës du fleuve du costé de la Nouvelle Espagne. Les Sauvages qui suivoient led[it] s[ieu]r de La Salle dans ses decouvertes au nombre de 42 tant Mahégans que Miamis s’aviserent d’enlever une femme des[dits] Missouris ce qui fut cause qie nombre de ceux-cy se mirent en embuscade dans des roseaux et attaquerent les François dont ils en tuerent huit a coups de fleches et en blesserent quatre ou cinq dont led[it] Sagean étoit un qui receut au bras un coup de fleche empoisonné duquel il eut beaucoup de peine a guerir, ce qu’il fit enfin par la vertu de certaines herbes que les Sauvages amis des François luy furent querir. Les Missouris eurent de leur costé 45 hommes de tués en cette occasion a coups d'armes a feu, ce qui ne les rebuta pourtant pas, car ils retournerent à la charge le landemain, mais il trouverent les François sur leurs gardes au nombre de 120 qui leur tirerent une vingtaine de coups d'armes, ce qui les obligea de reculer et de faire un signal pour parlementer. On envoya un homme de

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