1948_06-Valence-Bulletin_Cite_N5

Le sentiment de responsabilité est un des plus nobles et des plus grands qu'il faille implanter au cœur de nos enfants, comme dans nos propres cœurs. Il est inséparable de la dignité humaine, car il y conduit.

CULTURE.

Nous savons que si nous voulons progresser, il faut que nous nous instuisions. Comment en effet avoir une action coordonnée et précise si, n'ayant jamais réfléchi, l'on n'a aucune opinion sur la vie, sur ce qu'on en attend? On n'est pas seulement libre de s'instruire, on en a le devoir.

Celui qui fait des efforts dans ce sens est précieux pour la Communauté. Celle-ci d'ailleurs cherche à faciliter de son mieux les moyens de culture. Chacun est libre d'aller dans la voie qui lui plaît le plus.

UNANIMITE, DISCIPLINE

L'unanimité n'est pas impossible comme beaucoup de l'extérieur le croient, car à la Communauté, tous les intérêts étant liès, nos décisions vont dans le même sens.

Et c'est la seule façon possible d'étre à l'abri de tout arbitraire, puisqu'une seule voix suffit pour qu'une motion ne passe pas.

L'unanimité a ses règles. Disons seulement ici que l'on ne retient que les mesures sur lesquelles tout le monde s'est mis d'accord. Que les questions sont travillées on profondeur, le vote de surprise n'est donc pas possible. L'accord sur une décision se réalise bien avant que l'assemblèe générale n'entérine cette décision. Puis le pouvoir exécutif est remis entre les mains du responsable.

Une société ne peut marcher si elle est indisciplinée. C'est exactement comme si dans un orchestre chaque pupitre partait et s'arrêtait suivant sa fantaisie. Il n'y aurait peut-être même pas rendez-vous au point d'orgue, parce qu'il ne pourrait pas y avoir de point d'orgue. Chez nous; le responsable est le chef d'orchestre de la Communauté.

LIBERTE

Nous n'avons pas été habitués à user de la liberté: et c'est une chose des plus difficiles qui soit, quoique beaucoup n'en soient pas convaincus. L'Histoire nous en fournit un exemple frappant, entre autres. Après la guerre de Sécession, en Amérique, les esclaves noirs libérés -- et non pas libres -- revinrent nombreux chez leurs anciens maitres, les suppliant de les reprendre: désamparés devant leur nouvelle liberté, ils ne savient agir et mouraient de faim.

Nous voulons faire l'apprentissage de la liberté; nous voulons arriver à nours imposer notre propre discipline après l'avoir librement choisie.

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Nous pensons que c'est un devoir pour chacun d'entre nous de rappeler à l'ordre celui qui ne respecte pas ce qui est convenu. C'est en cela que nous serons vraiment des hommes libres.

Nous avons examiné encore bien des points, en particulier les problèmes que soulèvent des notions comme l'intérét, la propriété, la rémunération, la morale minimum commune.

Nous avons examiné les rouages de la Communauté, ceux de la Cité telle que nous la voyons se dessiner.

Mais j'ai seulement cherché à résumer dans cet article l'aspect humain qu'a présenté la session.

Voilà donc ce que nous essayons chaque jour de vivre, de concrétiser. La Communauté est un homme comme les autres. Il se sent bien de la même pâte humaine, faite de sueur et de crasse, mais profondément vraie et belle d'élans généreux de recherches. Le Communautaire est d'abord le gars qui accepte de reconnaître ce qu'il est en fait: rien à espérér tant qu'on n'a pas établi son bilan de départ réel, et parfois que d'illusions dégringolent! Après ça, le Communautaire, c'est celui qui accepte de changer, de s'améliorer, qui est en marche.

C'est en cela que l'esprit communautaire différe de l'esprit bourgeois. Celui-ci règne d'ailleurs aussi bien chez les patrons que chez les ouvriers. Nous appelons esprit bourgeois l'esprit statique qui veut que l'on s'installe chaudement dans la vie, dans un coin bein capitonné, bien stable, où tout est prévu, où l'on ne risque rien. L'esprit quit essaye d'instaurer un ordre une fois pour toutes et qui n'en veut plus changer. L'esprit qui veut que chacun travaille pour son compte uniquement, se fraye sa place au soleil en marchant sur les pieds de ses voisins, sans acucun scrupule.

En fait, la vie ne permet pas une pareille stabilité. Toujours mouvante, il faut la repenser tous les jours. Il ne faut pas s'arrêter.

Mais quand on est en marche, on peut tomber, surtout si le terrain est difficile. Ce qui importe, ce n'est pas d'être tombé, mais bien de se relever et de reprendre la route. D'ailleurs, les copains sont là pour vous aider. Le seul que nous ne puissions garder avec nous, c'est celui qui refuse de se relever.

A tout cet ensemble d'idées, l'adhésion peut être vite donnée. Lequel n'est pas d'accord pour que les copains fassent un effort, des efforts. Car (enfin, il faut que cela change)! ...

Mais voilà, quand on est personnellement touché, ce n'est plus la même chose. Cela grince étrangement, on est tenté de se rebiffer. Car on n'est pas très habitué à se sacrifier pour les autres. Et ce qu'il faut modifier profondément, ce sont les cœurs. Tout le reste n'est que changement superficiel. L'œuvre est de longue haleine, mais c'est la seule constructive.

Je crois que nous sommes tous prêts à faire des efforts. Mieux encore, nous les faisons, cahin-caha, chaque jour; et nous voulons continuer.

Dane GOURCY.

Sécrétaire de Marcel Barbu

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Le Coin des Communautés

Communauté Méchanhor

Depuis le 1er juillet 1948, quelques modifications ont ètè apportées dans l'organisation de MECANHOR.

Tout d'abord, le Conseil Général a été élargi et comprend maintenant en plus un tourneur et un estampeur; ce qui porte le nombre de ses membres à sept: épouses, ajusteurs-outilleurs, tourneurs; estampeurs sont donc représentés au Conseil Général.

Le chiffre de sept semble exagéré pour une Pré-Communauté de 17 membres; mais en agissant ainsi nous avons plusieurs raisons: lorsque notre Pré-Communauté deviendra majeure, nous devrons avoir un Conseil Général d'au moins 12 membres; il fallait prévoir ce moment-là, et c'est pour cette raison qu'il nous faut dès à présent former de nouveaux camarades, choisis parmi les meilleurs, pour les préparer à devenir plus tard, au moment de la mise en communauté, des copains capables d'en prendre l'entière responsabilité.

Il fallait également que la plus grande partie des diverses professions de notre Pré-Communauté soit représentée. C'est ainsi que les épouses, les ajusteurs-outilleurs, les tourneurs, les estampeurs ont un des leurs au Conseil Général.

Nous epérons ainsi faire un meilleur travail et mieux préparer ces camarades pour leurs futures responsabilités.

D'autre part, trois équipes bien distinctes ont été formées à MECANHOR avec chacune un responsable:

-- Equipe Outilleurs : Responsable LE MOING. -- Equipe Machines : Responsable DUBOIS. -- Equipe Estampage : Responsable PEYRET.

Si les responsabilités de deux derniers sont minimes, nours avons pensè qu'il fallait là aussi préparer l'avenir. Le jour où MECANHOR pourra prendre de l'extension s'approche. Dès que nos camarades du Bâtiment auront terminé l'usine, nous pourrons augmenter notre personnel et, à ce moment-là, il nous faudra quelques copains capables de prendre en mains la responsabilité des équipes qui ne manqueront pas d'augmenter dans de larges proportions.

Tout n'est pas encore parfait, nous en sommes encore aux tâtonnements, nous pouvons nous tromper, mais c'est grâce à nos erreurs que nous pourrons progresser et aller plus de l'avant.

Il nous faut rapidement, pour faire nos preuves, un plus grand espace car, actuellement, nous étouffons dans notre petit atelier et il est cer-

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