NOTICE GÉOGRAPHIQUE

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soixante-dix lieues en ligne droite; et, de Bassorah, qui
est à peu près la limite septentrionale du pays de Nedjd,
jusqu’à sa limite au midi, on compte plus de deux cent-
soixante lieues. A la vérité Niébuhr, dans sa description
de l’Arabie, a procuré des notions sur ce pays, d’après
les rapports des Arabes qui habitent les côtes; mais les
six pages qu'il a consacrées au Nedjd sont absolument
insuffisantes pour placer quelques positions, et encore
plus pour esquisser une carte. D’un autre côté, les ou-
vrages publiés depuis vingt ans sur les progrès de la puis-
sance des Wahâbys, ont fourni des lumières sur cette
grande région ; mais qu’il y a loin de là aux élémens de
la carte même la plus imparfaite ! Toute la sagacité de
d’Anville, faute de matériaux, a échoué devant une si
grande difficulté; aussi peut-on affirmer que la géogra-
phie de l’Arabie centrale était et même est encore presque
tout entière à créer. Pour ne citer qu’un seul exemple, le
chef-lieu d’el-A’âred, la ville d’el-Derre’yeh, centre de la
puissance des Wahâbys, était suivant les uns à soixante,
suivant d’autres à quatre-vingts, à cent lieues du port
d’el-Qatyf. Sa distance à Médine, la ville sainte, était
supposée égale à cent cinquante lieues. Selon d’autres,
ces deux distances étaient respectivement de cent vingt
lieues et de cent soixante-quinze lieues.

On traçait sur toutes les cartes une ou plusieurs ri-
vières considérables, se jetant, après un long cours,
dans le golfe Persique, et l’on plaçait une ville d’Yema-
mah ou Yamameh, sur une grande rivière du nom
d’Aftân, comme pour établir, entre ce continent et les
autres, une sorte de symétrie systématique : sans autre
fondement que l’analogie, et trompé d’ailleurs par l’exa-
gération des écrivains arabes et des anciens auteurs ¹.

¹ Ptolémée compte quatre fleuves traversant l’Arabie heureuse.