Notice géographique sur le pays de Nedjd ou Arabie centrale, accompagnée d'une carte; suivie de notes sur l'histoire de l'Egypte sous MohammedAly par M.E.J.D.L

ET GÉOGRAPHIQUES. 31

Page 386. — Les restes des mamlouks se retirent en Nubie.

En se réfugiant dans un pays aussi pauvre que la Nubie inférieure , les mamlouks nourrissaient l’espoir de redescendre un jour en Égypte. Chassés d’Ibrim, ils montèrent jusqu’à Dongolah, pays moins dénué de ressources. Après avoir tué ou soumis les souverains de Dongolah, ils se croyaient bien établis et désormais à l’abri des poursuites du vice-roi. L’expédition d’IsmaylPacha les a bien détrompés, et leur a porté le dernier coup.

On peut regarder cette expédition comme le chef-d’œuvre de la politique de Mohammed-Aly. En même temps qu’il apporte un remède à l’indiscipline de ses troupes, il ruine le pays qui pouvait fournir des ressources à ses ennemis; et de plus, il y fait une levée considérable de noirs, bommes patiens, robustes, et d’une grande frugalité, dont il peut tirer en Égypte un excellent parti. L’armée française s’était également recrutée avec quelques noirs provenant de la caravane de Dâr-Four, et qui devinrent de bons soldats.

Dans cet échange de troupes, ainsi transportées à cinq cents lieues, on reconnaîtra encore une de ces pratiques familières au grand homme de guerre que Mohammed-Aly semble avoir pris pour modèle.

JOMARD.

FIN DES NOTES DU PREMIER VOLUME.

DE L'IMPRIMERIE DE RIGNOUX.

This page is blank

NOTES

SUR LE SECOND VOLUME DE L’HISTOIRE DE L’ÉGYPTE.

Page 32. — Entrée dans le pays de Nedjd.

Consultez, sur les limites et la nature montagneuse du pays de Nedjd, la notice géographique relative à cette contrée, et la carte jointe à l’ouvrage.

Page 49. — Établissement de la tactique européenne dans l'armée de Mohammed-Aly.

L’on sait, par les dernières nouvelles, que le pacha d’Égypte a réussi dans sa tentative. Aujourd'hui une partie des troupes manœuvre à la française, et personne ne murmure plus contre cette innovation. Ce prince prépare d’autres réformes non moins importantes pour le perfectionnement de l’état militaire, moyen le plus efficace de consolider son ouvrage. Son artillerie, sa marine, ses places fortes vont s’améliorer en même temps que l’administration et le gouvernement intérieur. Puisse-t-il aussi laisser au commerce et à l’industrie la liberté sans laquelle ils ne sauraient fleurir.

Page 227. — Expédition de Nubie.

La grande expédition de Mohammed-Aly contre la Nubie, le Sennâr et le Kourdfan, doit faire l’objet d’une relation particulière dans le Voyage de M. Frédéric Cailliaud à Meroé, etc. Le lecteur trouvera aussi dans cet ouvrage des détails authentiques sur les événemens militaires et sur les découvertes intéressantes qu’ils ont amenées. Voyez le prospectus de cet ouvrage, qui s’imprime chez M. Rignoux.

Page 230. — Itinéraire de Dârfour.

Suivant la description que fait Browne, dans son Voyage, de la route de Dârfour en Égypte, le nombre des jours de marché n’est pas le même; ici l’auteur parle de quarante-six jours, dont

3

34 NOTES HISTORIQUES

quatorze à travers l’oasis de Thèbes ou la grande oasis. Ces résultats diffèrent l’un et l’autre de l’Itinéraire publié par M. Lapanouze, dans le quatrième volume des Mémoires de l’Institut d’Égypte, p. 86, et encore de l’Itinéraire que m’a envoyé M. le chevalier Drovetti, et qui fait partie du Voyage à l’oasis de Thèbes , publié en 1822 d’après les matériaux de M. Cailliaud ¹. Ces différences peuvent s’expliquer par celle de la longueur des marches, laquelle augmente lorsque les caravanes sont moins nombreuses; celles qui sont les plus chargées marchent huit heures par jour, les autres cheminent souvent pendant dix à douze heures. La caravane qui va d’Alep à la Mecque marche quarante-un jours de suite, et chaque jour, onze heures un dixième (l’un dans l’autre). Comme M. Cailliaud, pendant le cours de son second voyage, a visité l’oasis d’Ayn-Selymah et fait en cet endroit des observations, on aura, avec les lieux de départ et d’arrivée, trois points fixes pour dessiner la route de Dârfour.

Page 317. — Population du Kaire et de l'Égypte.

Pendant l’expédition française, la commission des sciences et arts d’Égypte s’est occupée de cette matière intéressante. On avait divisé le Kaire en huit sections, dont les commandans faisaient enregistrer tous les décès avec exactitude, en distinguant les sexes; ces régistres ont été tenus avec régularité pendant trois années. Si le temps l’eût permis, on serait venu à bout de vaincre l’apathie des naturels et leur indifférence pour cette branche de l’administration; les naissances auraient été enregistrées comme les décès, l’on aurait fait des dénombremens, et on possèderait aujourd'hui des renseignemens positifs ; mais on est obligé de s’en tenir à des approximations. Les recherches auxquelles on s’est livré à cet égard pendant le cours de l’expédition , en mettant à profit la connaissance des décès et toutes les données existantes, nous ont fait évaluer la population du Kaire à deux cent soixante-trois mille sept cents individus ¹, celle des villes principales à cent quarante sept mille sept cent

¹ Page 100. Quarante jours de marche par Dongolah ; selon M. Lapanouze , quarante-huit jours.

¹ Extrait d’un Mémoire sur la population ancienne et moderne de l'Égypte.

ET GÉOGRAPHIQUES. 35

cinquante, et celle du reste du pays à deux millions soixantedix-sept mille cinq cents, total, deux millions quatre cent quatrevingl-huit mille neuf cents cinquante. Quant aux Arabes, en supputant leur population d’après le travail de M. Jaubert ( Description de l'Égypte, Ét. moderne, t. II, p. 249 ), nous avons évalué leur nombre à cent-trente mille au moins.

Selon M. Mengin , le nombre des Arabes combattans ( cavaliers et fantassins) est d’environ quarante-deux milles; ce qui ne s’éloigne pas beaucoup de notre calcul : à l’égard des Égyptiens, son intéressant tableau sera le sujet de quelques remarques. La population des villes et villages, le Kaire excepté, s’élève aiqourd’hui à deux millions trois cent quatorze mille quatre cents individus, c’est-à-dire quatre-vingt-neuf mille cent cinquante de plus que nous ne l’avions supposé en 1800, ce qui n’a rien de surprenant après une dixaine d’années d’un gouvernement stable.

M. Mengin ne compte en nombre rond que deux cent mille âmes au Kaire , à raison de huit personnes par maison ; mais en même temps, il ajoute que le nombre de ces maisons, réduit en 1820 à vingt-cinq mille, était en 1800 de vingt-huit mille, ce qui augmente de vingt-quatre mille individus la population de cette époque. En outre, nous pensons que le compte de huit personnes par maison est trop faible et que ce nombre est plus près de dix que de huit.

Page 331. — On ne remarque chez les Turks aucun monument de bienfaisance.

Ce fait a besoin d’explication. Si l’on entend par monument de bienfaisance les hôpitaux et les divers établissemens formés en Europe pour la distribution des secours gratuits, il y en a peu sans doute en Égypte; mais il ne faudrait pas en conclure que les musulmans ne sont pas charitables : Les mœurs et les usages des habitans des villes d’Égypte suffiraient pour prévenir cette erreur. La pitié est chez eux un sentiment naturel et même dominant. D’ailleurs le nombre des établissemens de bienfaisance n’est pas aussi petit qu’on pourrait le croire; le Kaire possède plusieurs tekyeh ou maisons gratuites, fondées à perpétuité,