Notice géographique sur le pays de Nedjd ou Arabie centrale, accompagnée d'une carte; suivie de notes sur l'histoire de l'Egypte sous MohammedAly par M.E.J.D.L

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par les eaux qui passent pendant l’hiver à el-Derre’yeh et descendent de la chaîne de Toueyk, on sait du moins que leur cours se prolonge vers l’est dans une étendue de plus de quatre-vingts lieues; mais comme on ne connaît que la baie d’el-Qatyf où se décharge un courant notable durant cette saison, il parait vraisemblable que les eaux d’el-Derre’yeh se jettent dans ce dernier. Sur plusieurs points, des eaux courantes ont été traversées à l’orient du Nedjd ; leur enchaînement se dirige et conduit à la baie qu’on vient de nommer, et correspond, pour l'emplacement, au tracé d’ailleurs arbitraire de l'aftân, qu’on voit figurer sous le nom pompeux de fleuve dans la géographie moderne; mais en le dessinant sur la nouvelle carte, d’après ces données, nous nous sommes bornés, en attendant les futures découvertes, à marquer les points qui ont été reconnus, et à ponctuer tout le reste.

Les principales chaînes de l’intérieur, dont l’existence paraît constatée, sont les montagnes de Kharrah et celle de Toueyk. La première passe à l’orient de Médine et de la Mecque et se lie avec le Tehâmah, contrée qui sépare la mer Rouge de l’intérieur de l'Yémen. C’est à elle que paraît se rattacher Djebel Choumer ou Chemmar, lieu trèsélevé du désert, à quatre-vingts lieues environ au nordest de Médine. La seconde chaîne est à peu près parallèle à la première ; elle domine les provinces d'el-A’àred et d’el-Ouechem. A la hauteur de la capitale du Nedjd, elle s’ouvre pour laisser passage au torrent dont on a parlé plus haut; cette ouverture est appelée Chekke. Les chaînes qui en descendent forment une enceinte escarpée dont le fond est occupé par les fertiles jardins d’el-Derre’yeh. Le mont Salmé, qui est à la limite septentrionale du Nedjd , auprès de la province nommée el-Djebel, se rattache à la chaîne de Toueyk, laquelle se

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prolonge au midi vers les provinces d'el-Aflâdj et d’elDouâcer. C’est là que prend naissance le courant principal qui se dirige vers la baie d’el-Qatyf. Il existe d’autres chaînes secondaires, telles que celle qui descend de Médine à la mer Rouge au sud-ouest, celle de la province d’el-Qacym et celle du pays d’el-Haçâ ou el-Ahçâ, qui avoisine le golfe Persique et qui laisse passage au torrent déjà cité plusieurs fois.

Avant de rendre compte de la composition de la nouvelle carte, il convient de donner un aperçu de la division du pays et de l’importance de chacun des lieux considérés sous le rapport géographique, renvoyant pour le reste à la description du pays de Nedjd, introduite dans l'Histoire de l'Égypte sous Mohammed-Aly.

On compte neuf districts avec le titre d’aqlym ou de province. Les provinces du nord et du centre sont au nombre de huit, savoir : el-Haçâ, Soudeyr, el-A’âred, el-Qacym, el-Ouechem, el-Khardj et el-Djebel ; elles sont rangées ici dans l’ordre de leur importance respective et de leur population.

Une autre province est au midi , el-Aflâdj , et du même côté sont quatre districts, avec le titre d’ouâdy ou vallée , savoir : ouâdy Chahrân , ouâdy el-Douâcer, ouâdy Soubey’et ouâdy Taslys ou Tathlyth. Les deux premières sont plus peuplées et plus considérables que la province de Soudeyr, mais sont encore inférieures au pays d’elHaçâ, dont la population fait plus du quart de celle de tous les treize arrondissemcns réunis.

On compte, à part les provinces, plusieurs villes ou gros villages dont les noms suivent , et qui sont également classés ici selon leur population : Doramâ, el-Seleyel, el-Qouey’yeh , el-Qaçab , Zâdeq, el-Souârqyeh, el-Douâdemy, el-Cha’râ , Bessâm, Nefy, el-Henâkyeh , Saryeh,

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Meskeh , A’yn el-Soueyna’ et el-Roueydah. Doramâ seul passait pour avoir sept mille sept cents habitans avant la conquête d’Ibrahym-Pacha. El-Derre’yeh, chef-lieu de la province d’el-A'âred et de tout le Nedjd , en renfermait treize mille non compris les enfans. Le total de la population était compté pour environ trois cent mille , dont soixante mille, dit-on, en état de porter les armes; mais cette estime est au-dessous de la réalité , parce qu’on n’y comprend point au moins cinquante villages de second ordre, placés entre les arrondissemens du nord et ceux du midi, ou bien aux environs : il faut, d’un autre côté, faire entrer en ligne de compte les pertes causées par un siècle de guerres intestines et étrangères : sans cette considération, on aurait peine à concevoir qu’une aussi grande étendue de pays en partie cultivable fut peuplée si faiblement.

Il serait intéressant de comparer l’état actuel du pays à ce qu’il fut dans les diverses périodes de son existence ; on aurait pour ce parallèle quelques ressources dans les descriptions laissées par Strabon, Diodore de Sicile, Pline et Ptolémée ; mais la géographie moderne de l’Arabie est tellement différente de la géographie ancienne ( malgré plusieurs coïncidences parfaitement exactes ), que ce rapprochement jetterait peu de lumière sur l’objet de cette notice; notre seul but est de fixer, autant que le comportent les connaissances actuelles, les distances des lieux modernes, leur nomenclature et leurs situations respectives; c’est pourquoi nous renverrons à une autre notice la comparaison du local avec les récits des anciens; et nous entrerons en matière par la discussion des données qui ont servi à former la nouvelle carte , considérée dans ses diverses parties.

Les principales sources auxquelles nous avons puisé

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sont les suivantes : 1 º pour l'Arabie une carte esquissée au Kaire d’après les renseignemens du cheykh Abd-erRahmân-el-O’qyeh, petit-fils du fameux cheykh Mohammed ebn Abd-el-Wahâb, fondateur de la secte des Wahâbys, homme instruit et connaissant à fond son pays; 2 º les marches de Toussoun et d'Ibrahym pachas, pendant leurs expéditions ¹ ; 3º la Topographie manuscrite des environs d’el - Derre’yeh , rédigée (d’après le rapport d'un cheykh du Nedjd) par M. Rousseau, ancien consul général de France, et que m'a bien voulu communiquer un savant géographe, M. Barbié du Bocage; 4 º l'histoire des Wahâbys, par M. de Corancez, ancien consul général de France à Alep et à Bagdad; ouvrage très-estimé, comme le plus complet, et qui a déjà été cité dans les notes du premier volume ; 5 º le Voyage de Burckhardt en Syrie, pour l’itinéraire du pèlérinage de Médine; 6 º la Description du pays de Nedjd, et autres pays voisins, par Niébuhr ; 7 º les cartes de lord Valentia et du viceamiral Rosily, pour les côtes de la mer Rouge, ainsi que celles que nous avons publiées dans le Voyage de M. Cailliaud à l'oasis de Thèbes et dans les déserts de la Thébaïde; 8 º une Carte manuscrite de M. Raymond, ancien consul de France, pour les détails du pachalik de Bagdad ; carte dont nous devons aussi la communication à M. Barbié du Bocage.

Le Golfe Arabique de d’Anville nous a fourni quelques ressources pour la partie maritime, mais aucun secours pour l’Arabie centrale. En consultant les archives des affaires étrangères, nous avons pu nous convaincre que ce

¹ Il est à regretter que l’officier français Vaissière, qui était attaché à l'expédition d’Ibrahym-Pacha , n’ait pas fait parvenir en Europe une carte dressée par lui-même, avec tous les secours qu’ont pu lui fournir ses connaissances et sa position personnelles.

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grand géographe a été privé de matériaux pour cette partie de sa carte d’Asie, et qu’il a été presque réduit à l’autorité des récits des Arabes. Ce dépôt renferme des études de la main de d’Anville, relatives aux parties, voisines du golfe Persique ¹ ; d’autres faites pour le Voyage de Thévenot; enfin une carte uniquement construite d’après la description de l'Arabie , par Abou-l-Fedâ, et par conséquent remplie d’erreurs considérables. Nous ne parlerons pas d’un grand nombre de cartes anciennes, gravées et manuscrites, hollandaises, anglaises, françaises, etc., conservées soit dans les mêmes archives, soit dans celles du dépôt de la marine, que M. de Rossel a eu la complaisance d’ouvrir à nos recherches, et qui prouvent que depuis Ortelius jusqu’à d’Anville et plus tard, non-seulement la géographie de cette contrée a fait peu de progrès, mais encore que les géographes ont continué de copier les cartes de leurs prédécesseurs, et même d’y conserver des noms anciens tirés de Ptolémée, placés presqu’au hasard sur cette grande superficie ; commençant ainsi par où il fallait finir. L'Atlas turc, en vingt-sept cartes, imprimé à Constantinople, avec une description succincte, ne fournit aucune connaissance nouvelle. Enfin, les réflexions de Pinkerton, dans sa géographie, ont fixé notre attention, et quoiqu’il n’ait pas éclairci les difficultés du sujet, on lui doit de les avoir signalées.

Dans une pareille matière on ne pouvait négliger le secours de ceux des auteurs arabes qui ont écrit dans un temps où la péninsule était plus peuplée et plus florissante, savoir le géographe de Nubie el-Edricy, qui a consacré à l’Arabie plusieurs passages intéressans;

¹ Voyez la carte du golfe Persique, par d’Anville, publiée dans les Mémoires de l'académie des inscriptions et belles-lettres, tome xxx.

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