Diary and algebra notebook, Joseph Stripounsky, 1940 (in a book enclosure)

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Left page pas puisque que les journaux n’en disent rien du tout. Au moment de partir les Labeau arrivent. Ils racontent que les soldats français ne sont bien accueillis que par les Belges. Il y a un homme, le mari de la cuisinière du maire, qui attrape ses puces au milieu du dîner. Une dame voulait louer une maison. Voici les précautions à prendre : ne pas ouvrir les fenêtres car les poules y entrent alors. Il y a seulement une porte libre par la cour. Pas de lumière sur le plafond il y avait des taches noires. Voici l’explication : il y a des rats en haut. Ils viennent par là. Que voulez-vous, ils mangent, boivent, dansent doivent faire leur pipi et pardi ! Le WC est la belle nature du bon Dieu. Les gens s’y lavent chapeau sur tête ils veulent prétendre que les Belges ou autres réfugiés vont apporter une épidémie car ils se lavent tant et apportent ainsi beaucoup d’humidité. On les accompagne jusqu’à la côte où on croise maman n°2. Asry se plaignait d’être fatigué. Je cueille un beau bouquet de fleurs. On soupe très tard. Je vais aux informations. La propriétaire du château demande 1000 Fr. de dédommagement à Mr Spambock pour avoir logé des réfugiés dans la chambre. Hitler a dit qu’il ne bombardait pas Toulouse car c’était son centre d’espionnage ! Samedi 29 juin 1940 Je perds mon temps à attendre le boucher au village. En définitive je vais à Castelginest acheter la viande. Ensuite je vais chercher du beurre au château. L’après-midi nous allons tous au village. Mademoiselle prétend que les enfants n’ont pas droit à la carte de sucre. Le soir je vais écouter la TSF. On annonce la mort du maréchal Balbo.

Right page Le matin je vais à Castelginest faire des achats. L’après-midi, immédiatement après dîner je pars avec papa à Saint-Rustice. R & G sont très bien installées. Une chambre à coucher moderne, eau courante, WC anglais !! Un grand jardin. Elles sont avec Gutter et Lonza. Elles ne sont pas tout à fait satisfaites. Les gens n’ont pas de nouvelles de leur fils. J’irai voir demain à Toulouse. Ai parcouru aujourd’hui 50 km → [emphasis] 6910 km [/emphasis] en tout. Reçu aujourd’hui lettre d’Aronovitch. Lundi 1 juillet 1940 Je me lève trop tard pour aller à Toulouse. Je vais plusieurs fois guetter la jardinière mais elle ne vient pas. Nous dînons assez tôt et je pars vers 1h30 à Toulouse. En cours de route ma roue se désaxe. Il fait une chaleur torride. À l’état-major on me fournit une adresse pour ceux qu’on recherche. Je remets ma feuille de recherche à la préfecture. Le représentant de LMT ne sait rien de la compagnie. À la communauté il n'y a personne. Les magasins sont tellement pleins qu’il est impossible d’y entrer. Je prends l’adresse de Nico Gunzburg. J’apprends qu’il est parti il y a une semaine pour Perpignan. En définitive, je ne trouve rien à Toulouse. Je rentre vers 18h30. Le soir je vais écouter les informations. Parcouru 6965 km. Mardi 2 juillet 1940 Je vais à Castelginest pour chercher des légumes. Cela me prend tout un temps car il n’y a personne. Je vais ensuite à notre épicerie. Pas moyen de trouver du beurre ou de la margarine, ou quoi que ce soit. L’après-midi nous faisons un tour au village. Maman commande du beurre

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Left page chez le métayer. Après le souper je vais un peu travailler sur le maïs. Après je vais aux informations. [emphasis] 6975 km [/emphasis] Mercredi 3 juillet 1940 Je cueille des petits pois avec papa et arrange peu le jardin. Le journal annonce la prise d’Irun par les allemands. Après-midi je travaille un peu dans le jardin sur le maïs. Nous irons peut-être en visite au château. Il fait très chaud et les mouches et les moustiques se présentent en grand nombre dans la chambre. C’est franchement agaçant. On ne compte pas trop rester ici. Papa aimerait bien aller aux colonies d’Afrique du Nord en attendant de pouvoir partir pour la Palestine. Il ira pour cela se renseigner chez quelqu’un. Cela serait bien si ça s’arrangeait. L’épicier vient trop tard pour qu’on parle. Je vais encore un peu travailler. Aux informations on annonce des bombardements en Belgique. 6980 km Jeudi 4 juillet 1940 Nous partons à Fronton. Je vais à vélo avec papa. Il n’y a pas grand-chose à acheter. Tout est très cher. Maman achète des souliers pour elle et pour Asry. Pour rentrer il y a des histoires avec le bus. Nous mangeons un peu de pain. Nous rentrons vers 5h00. Mme Mech a acheté des canards. Les anglais se sont battus avec la flotte française et on fait de graves dégâts. Les relations diplomatiques sont rompues entre les deux. 7015 km Vendredi 5 juillet 1940 Je vais avec papa et Asry à Bruguières. J’y trouve un morceau de savon. Il y a beau

Right page coup de soldats. Il fait très chaud. Après-midi nous allons au château. Allons d’abord chercher des cartes de sucre. Des soldats racontent qu’ils recevaient 16 cartouches avec ordre de ne pas tirer. Les pièces de 75 ne pouvaient pas non plus. L’aviation allemande les exterminait tandis que la française brillait par son absence. Les italiens étaient encore plus terribles que les allemands ! Sur les routes les évacués offraient des spectacles effroyables. Des gosses de 3-4 ans perdus etc. Ils disent qu’ils ont été vendus déjà avant la guerre. Allons au château. Seuls les jeunes filles et Mr Léon sont là. Les autres à Bruguières. On bavarde un peu et puis on rentre. Chez le métayer je reçois du beurre. Le soir je vais aux informations. 7020 Samedi 6 juillet 1940 Papa maman et Asry partent pour Toulouse. Cependant ils n’y arriveront pas car il n’y a pas de bus. Je reste à la maison et arrange un peu la chambre. Rien d’autre jusqu’au dîner. La presse est déchainée contre l’Angleterre à la suite du combat naval d’avant-hier. Après-midi on reste à la maison. Il fait mauvais. On goûte avec des toasts. Le soir je vais aux informations. Les soldats qui revenaient de la bataille de Flandres disent qu’ils avaient des fusils à plomb contre des tanks. Un qui écrivait régulièrement est arrivé avant toutes les lettres à la maison. 7029 Dimanche 7 juillet 1940 Je vais chez le coiffeur (Mr Mech). Par après à Castelginest et Pechbonnieu. Pas de margarine, ni beurre. Les français ont attaqué Gibraltar. Il y a une grande activité aérienne au-dessus de Toulouse. Les ports français ne seront plus démilitarisés. Les hommes de 17 à 45 ans ayant servi seront prisonniers de guerre et envoyés dans des camps de concentration pour travailler. Après-midi nous allons au village mais il se met à pleuvoir. Nous nous arrêtons chez M. Flamand

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Left page Un réfugié malinois qui avait demandé refuge chez le mari de la française, également réfugié lui a répondu : « Je n’ai pas de place, passez votre chemin ! ». Les soldats se confirment tous : ils ont été vendus. En septembre l’institutrice avait refusé de garder des paquets de certains soldats. Pour riposter ils ont fait leurs saletés sur sa porte ! Je ne vais pas aux informations car il fait très mauvais. 7040. Lundi 8 juillet 1940 Maman est partie à Toulouse au consulat et à la communauté. Le temps n’est pas fameux. Je fais des pommes de terre et réchauffe des légumes. Là se borne mon activité de ce matin. Pendant la nuit Asry ne m’a pas laissé dormir. Il se grattait et pleurait tout le temps. Le journal annonce que les allemands vont faire un défilé des troupes à Paris le 14 juillet ! Je ne trouve ni beurre ni fromage. Maman revient de Toulouse vers 8h. Il y a là une pagaille formidable mais moins qu’avant. Le rabbin ne sait rien des cercles sionistes ! Rien de nouveau aux informations. 7045 Mardi 9 juillet 1940 Bobby vient nous rendre visite. Nous faisons deux parties de combat naval : 1-1. Ensuite nous tirons à la fronde. Au village nous rencontrons Yvette et son papa. Je reçois de Sicard des livres de maths. Je passe ainsi une partie de l’après-midi. Par après faisons tour au village. Le soir, à la radio, Hitler est nommé Attila motorisé et faux Charlemagne et Mussolini chacal affamé, César en miniature. Un soldat raconte : les français sont des fainéants. Chez moi usine ouverte en ’14 par allemands n’ont jamais travaillé, des chômeurs professionnels, négligence formidable, aux armées, armements à l’arrière, chars d’assaut, tracteurs etc. Artillerie avec chevaux au front ! Les 75 débouchaient à zéro

Right page contre les chars. Les officiers foutaient le camp. Des fusils de chasse Lebel contre des mitraillettes !! Pas de bonnes munitions, rien ! À Bordeaux les allemands distribuaient des cigarettes, les gens s’en emparaient et on filmait. Tous disent la même chose. A Toulouse un patron de restaurant a dit « Je préfère servir 50 boches que 2 français. Il s’est fait amocher par les soldats à coups de casque et son mobilier détruit. Toulouse, aux dires des allemands est le QG de la 5e colonne ! Les anglais ont reçu la flotte française d’Alexandrie et coulé le « Richelieu » à Dakar. Mercredi 10 juillet 1940 Il fait un temps dégoûtant qui m’oblige à passer toute la matinée à la maison. Je tire un peu à la fronde et fais des maths. L’après-midi je vais avec Jeannot à Bruguières. Il y a là beaucoup de soldats qui font de la natation. Par après nous allons pêcher des grenouilles. J’en attrape une seule. Je vais ensuite écouter la radio. Rien de spécial. 7060 km Jeudi 11 juillet 1940 Asry fait de nouveau des histoires le matin. Le temps est dégoûtant. Je passe presque toute la matinée à la maison. Je vais seulement au village chercher la viande. Après-midi il me faut rester à la maison car il fait de nouveau mauvais. Le soir je vais chercher des escargots avec Jeannot, Léontine et Mme Abel. On s’amuse très bien. Par après je vais aux nouvelles où on donne les premiers termes de la nouvelle constitution : Pétain reçoit les pleins pouvoirs. Vendredi 12 juillet 1940 Jeannot réussit l’exploit de perdre 4 des petits canards. On les cherche partout mais en vain. Nous voulons aller aux grenouilles mais il n’y en a pas. Après-midi je vais sous la drache à Castel

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Left page ginest et à la métairie du château. Je ne trouve nulle part du beurre. Je prépare le souper et ensuite nous allons au village. 7079 km. Envoyé lettre à Aronovitch. Samedi 13 juillet 1940 Le temps est radieux Je vais attendre le boucher au village mais je ne le trouve pas. Je vais à Bruguières mais je ne trouve rien. Je pars alors à Castelginest et alors finalement je trouve de la viande. Après le diner je vais avec Jeannot pêcher des grenouilles. Nous en attrapons chacun une. Après je vais au village. Il y a une charrette qui a perdu une roue ! Accident 100% français. Le soir je vais aux informations. 7095 km Dimanche 14 juillet 1940 Il fait un temps dégoûtant, il pleut, il y a du vent. Le matin on reste à la maison pour préparer le dîner. Je vais arracher quelques pommes de terre et résous des problèmes. Après-midi nous nous risquons d’aller à Bruguières quoiqu’il pleuve. Là-bas papa rencontre quelqu’un qui lui donne des traces de LMT qui serait à Tarbes. On achète deux trois choses et on rentre. Le soir je vais écouter les informations, un discours de Churchill. 7100. Lundi 15 juillet 1940 Il fait de nouveau un temps dégoûtant. Je passe la matinée à la maison. On voulait aller à Toulouse mais à cause du temps nous restons à la maison. Asry est un grand stommerik. On lui a dit que quand il ment son nez devient rond. Maintenant il cache alors son nez pour qu’on ne le voie pas ! Pendant la nuit on a reçu la visite de quelques souris qui ont voulu attaquer nos provisions. Les gens sont très gâtés avec l’essence. Le patron de

Right page Jeannot a du travail à 3,5km d’ici mais comme il n’a pas d’essence pour transporter le matériel en auto il n’y va pas ! Or son père a un cheval !! Pour une fois je ne vais pas aux informations. J’ai été à Castelginest. 7110. Mardi 16 juillet 1940 Le temps semble s’être amélioré. Je vais chercher du bois pour me tailler un thumb-stick. J’y passe une grande partie de la matinée. Après dîner je vais avec papa à vélo à Toulouse. Papa trouve Segalovitch. Je tombe justement sur un mariage et doit y rester un certain temps. On lui propose de former un comité pour concentrer les noms de tous les juifs réfugiés. Il reçoit l’adresse de Gubowardsky. Ensuite nous commençons nos courses : sucre 0, café rare, beurre 0, margarine 0, fromage rare, savon rarissime, confiture 0, huile rarissime. Après quinze jours presque plus rien. Pomme de terre 0 qu’est-ce qu’on aura plus tard ? L’essence est également sévèrement rationnée. Il paraît que les allemands la réquisitionnent. Je vais rue du Taur mais je ne trouve personne. On retrouve des traces de Masine et Nudelman par Rasowsky. On rentre vers sept heures. Les méridionaux trouvent que la saleté est un état naturel. Ils sont tout étonnés qu’en Belgique on lave les trottoirs et les maisons ! Après tout, trouvent-ils, chaque pays a ses habitudes. L’hygiène est également très inférieure : ils se lavent une ou deux fois par semaine. Avoir des puces est quelque chose de très naturel ! Une femme paralysée au bras gauche trouve ennuyeux d’avoir des puces au bras droit car elle ne peut pas le gratter. Sur l’autre bras elle ne les sent pas !!! Dans le temps une hollandaise venait à la foire. Tout le monde venait admirer son stand tellement que c’était propre ! Les sentiments des gens vis-à-vis des animaux sont incompréhensibles : battre des chiens ou des chats c’est très naturel. Ils ne leur donnent pour ainsi dire rien à manger. Les poules doivent se chercher elles-mêmes de quoi manger. Mech a un champ de pommes de

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Left page terre. Il en a semé pour 80 fr et n’en recueillera pas plus de 5 kg à cause des doryphores car il l’a trop négligé. Le soir je suis allé aux informations. La R.A.F. redouble d’activité les allemands préparent une offensive contre l’Angleterre. 7160 km Mercredi le 17 juillet 1940 Je vais à Bruguières dans l’espoir de trouver quelque chose. Je trouve du savon mais pas de café, de l’huile. Le temps est plutôt mauvais. Il pleut par moments. Mme Montamale a reçu une lettre de son mari. Il est prisonnier en France. Elle le considérait comme mort ! On peut parler d’une surprise ? Asry devient de jour en jour plus voyou. Il n’obéit plus, mange très mal. Il n’y a pas moyen de le garder cinq minutes à table. Il joue avec les chiens pendant le dîner quand il veut quelque chose il ne dit même pas s.v.p. et demande avec des détours incompréhensibles, il gueule, emploie les jurons nationaux. Il imite tout à fait les enfants d’ici. Hier à Toulouse j’ai vu des enfants de moins de cinq ans en train de fumer de véritables cigarettes ! Après-midi le bruit court qu’il y a des pommes de terre à Bruguières. Malheureusement j’arrive trop tard. Le soir je vais aux informations. Je bats presque le champion aux dames ! Il y a de la pagaille en Hollande. Au village une dispute entre deux soldats a failli tourner au tragique. 7170 Jeudi 18 juillet 1940 Je me lève très tôt (7h30) et je pars avec papa à Fronton. Peu de trafic. Au marché peu de monde. Nous avons la chance extraordinaire de trouver des pommes de terre. 30kg. Pour le reste, pas d’huile, beurre, margarine, savon, sardines, chocolat, sucre, saindoux. Je rencontre un chef de clan BSB qui a organisé une meute à Fronton.

Right page Les soldats racontent qu’en Belgique les ponts sautaient après le passage des allemands. Au Bourget, il y avait de l’essence mais pas d’hélices aux avions ! À Angers, pas d’essence et des [emphasis] hélices. [/emphasis] Ils ont même été bombardés par des [emphasis] bombes [/emphasis] françaises. Maman en allant au WC a eu une désagréable surprise : elle s’assied en plein dans les orties. 7210 km Les informations donnent beaucoup : Roosevelt à nouveau candidat. Bombardements de la R.A.F. De la pagaille en Hollande. Churchill ne pense pas avoir recours à un exode de la population. Les E-U ne reconnaissent pas, en quelque sorte, le gouvernement Pétain. Vendredi 19 juillet 1940 Je vais à Bruguières chercher quelque chose mais je ne trouve rien du tout. Je vais ensuite faire une petite promenade. Après-midi je vais à St Sauveur. Je n’y trouve rien. Je gagne deux parties de combat naval. Nous allons en promenade et faisons une partie de ping-pong. Quand je rentre on me dit que les allemands occuperaient le département de Haute-Garonne. Qui vivra verra. Un type a dit : je préfère travailler 10h pour les allemands que 1h pour les français (je suis fossoyeur). J’irai aux informations et saurai peut-être quelque chose de cette malheureuse affaire. La femme d’un major est rentrée en Belgique. Tout est resté en place, l’Athénée d’Uccle est ouvert et les allemands sont très corrects. Le soir je vais aux nouvelles. Un combat naval anglo-italien. Un croiseur italien est coulé. 7230. Samedi 20 juillet 1940 Je vais à Toulouse à la réunion scoute. Elle est surtout pour les B-P. Quant à l’occupation allemande personne n’en sait quoi que ce soit. On dit surtout que c’est une commission de contrôle. Je rencontre Levinstein de la 131e. Je vais à la recherche des Masine. J’arrive après une heure de recherche à leur adresse, ils sont partis dîner en ville ! Je rentre vers 1h.

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