Brasseur. Tableau de l’administration des Isles sous le Vent par M. le Brassuer : ancien administrateur par interim des dites îles : manuscript, [ca. 1780]. MS Fr 557. Houghton Library, Harvard University, Cambridge, Mass.

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par l'instabilité que le Commerce y donne aux richesses.

Milices. ______

La Colonie de Saint Domingue doit sa prospérité à M^rs. de Maillars et de Laruage qui l'ont gouvernée pendant neuf ans, l'un d'eux est mort dans cette Isle avec une réputation pure et un plan d'administration qu'on auroit toujours du respecter et qu'on a abandonné en 1760.

C'est à cette époque que tous commença à devenir problêmatique dans la Colonie; le Général et l'Intendant presque toujours divisés formoient deux partis. Suivant l'un tout devoit être dépendant de l'autorité militaire et suivant l'autre de l'autorité civile, le Procès ayant été juge en faveur de l'Intendant, il ne resta au Gouverneur que la discipline

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des Troupes. Les Commandans, les Lieutenans de Roi et Majors, tout fut suprimé, et l'on ne vit plus dans la Colonie que des subdélégués, des sindies [s^a?]; tout changea de nom, tout prit une nouvelle forme.

Ce Succès fut un triomphe pour les Conseils et une source de malheurs pour la Colonie, l'esprit de cabale s'introduisit dans tous les Corps, on ne savoit plus ni qui commandoit ni qui devoit obéir, parceque chaque parti avoit ses aprobateurs et l'autorité du Roi ne cessa d'étre compromise jusqu'en 1764. que changea cette forme de Gouvernement.

Alors on vit l'autorité que les Conseils avoient usurpee repasser au Militaire et toute la Colonie lui être asservie, ce moment fut encore un peu convulsif parceque les citoyens ne virent pas sans douleur qu'on voulois les destiner à porter continuellement les armes et les soumettre à toutes les Loix et les corvées militaires comme des troupes reglées. Il faut

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convenir que dans cette révolution le parti dominant fut quelquefois un peu trop sévère et que les sous-ordres abuserent souvent de ce triomphe en répandant la terreur où il ne falloit que de la justice et de la modération; mais enfin tout fut remis dans l'ordre en 1766, non pas sans avoir besoin de sévérité mais avec tous les principes que pouvoit exiger un pays de Cultivateurs.

Depuis ce tems on a encore demandé plus d'une fois si les Milices étoit accéssaires; j'ose croire après tout ce que j'ai vu et examiné dans les Colonies, que cet Etablissement est un chef d'œuvre de précautions contre le plus leger désordre que cette chaine de pouvoirs qui s'étend d'une extrêmité de la Colonie à l'autre, est infiniment imposante pour les Esclaves malgré le peu de craint qu'on doit en avoir et qu'elle peut l'être jusqu'à un certain point pour l'Ennemi en tems de guerre.

Il n'est rien de juste, rien de sacré sur la terre qui ne soit susceptible d'abus. Ces milices faites pour concourir à la défense de la

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Colonie, et en assurer la tranquilité sont composées d'habitants qui doivent être tour à tour militaires et citoyens libres, lorsqu'ils sont militaires ils veulent qu'on les traite comme citoyens Libres, et lorsqu'ils sont citoyens Libres, ils veulent être militaires et en exercent quelque fois tout le despotisme à l'égard de leurs inférieurs. Il n'est même pas sans example que les Gourverneurs de leur côté, ayent confondu ces deux qualités, et il faut convenir qu'il peut résulter de grands désordres de cette alternative de position, quoique sagement établie, en effet il n'est pas de jugement arbitraire qu'un Gouverneur ne puisse prononcer contre un habitant sous le prétexte du service militaire, comme il n'est point de cri, point de plainte d'habitant qui ne puisse paroitre légitime sous le prétexte qu'il est citoyen Libre.

Cette confusion qui ne vient pas de la Loi mais de ceux qui doivent s'y soumettre parcequ'ils sont hommes et qu'ils ont des passions, a fait plus d'une fois penser que des milices sur le pied où elles sont établies ne pouvoient

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jamais convenir à un pays d'agriculture qu'il étoit injuste de donner des décorations militaires à des hommes qui n'étoit jamais sortis de leurs habitations ou de leurs comptoirs que tout enorgeuillis des fonctions d'officers de Troupes reglées qui leur étoient attribuées, ils négligeoient et mettoient souvent au dessous d'eux les fonctions municipales dont ils sont également chargés, que leur principale destination d'après l'Ordonnance de leur rétablissement, étant de veiller à la sûreté intérieure, il n'y avoit pas d'autre moyen de les rendre utiles que de les établir sur le pied des troupes bourgeoises, divisées comme elles le sont aujourd'hui et de les obliger d'avoir des armes, de s'assembler au premier coup de tambour, de passer les mêmes revues et d'être soumises à l'autorité commune des Administrateurs qui ne pourroient l'un sans l'autre les mander et les punir. Ce projet s'il pouvoit être exécuté adouciroit, sans-doute les ressorts du Gouverement qui, par