Brasseur. Tableau de l’administration des Isles sous le Vent par M. le Brassuer : ancien administrateur par interim des dites îles : manuscript, [ca. 1780]. MS Fr 557. Houghton Library, Harvard University, Cambridge, Mass.

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La seconde détaillera les operations que nous avons faites soit en particulier, soit en commun, avec le Gouverneur général, et les avantages qui doivent en résulter.

Dans la troisieme nous oserons tracer les changemens que nous croyons qu'il est encore nécessaire d'opérer dans diverses parties de l'Administration.

Destination et utilité des Colonies.

Le travail considéré soit par raport à l'agriculture, soit par raport aux arts et à l'industrie, ne peut arriver au terme de la plus grande utilité que par le Commerce; le Commerce à son tour ne peut en avoir que par la facilité des echanges. Lorsqu'il y a plus de choses à vendre qu'il n'y en a à acheter, il faut avoir recours au Consommateur étranger. Lorsque enfin la concurrence vient mettre

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des bornes à l'action du Commerce, même avec l'Etranger, il faut avoir des Colonies où le superflu des marchandises trouvent un débouché facile, pour être converties en denrées de luxe, que l'habitude a rendu nécessaires, en dont la vente est toujours plus assurée.

Voila ce qu'on peut dire de plus vrai, en peu de mots, sur la destination et l'importance des Colonies.

Pour les rendre vraiment utiles il faut les subordonner à la Métropole, parcequ'elle ne les a établies qu'en intention d'echange, delà il résulte que la prohibition du Commerce etranger doit être préférée même à l'extension de leur Culture. Il faut protéger dans la Métropole le Commerce en faveur de la Culture, et dans les Colonies, au contraire, la Culture en faveur du Commerce, tel est le véritable raport qui doit exister entre l'un et l'autre, tel est le principe auquel je crois qu'il faut tout raporter dans l'Adminstration des Colonies.

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Des Principes généraux de leur Régime, et de la nécessité de les maintenir

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On voit d'après le cours exposé que nous venons de faire, que plus ces Etablissemens diffèreront de la Métropole, par leurs producitons, plus ils deviendront utiles en plus ils seront dépendant; ainsi, ce ne sont pas des villes qu'il faut y établir, ce sont des manufactures de sucre et d'indigo sa. Ce n'est pas d'hommes blancs qu'il faut peupler ce pays, c'est de noire, ce seroit même un grand service à rendre aux Colonies, que d'en faire sortir, après un dénombrement exact, tous les Européens qui n'y sont pas utiles parcequ'on ne peut y établir aucune branche d'industrie sans faire tort à la Métropole, et sans manquer au but qu'on s'est proposé.

Mais il faut, dira-t-on, un nombre de Blancs proportioné à celui des Noirs, pour les contenir, sans doute, cela est nécessaire, mais l'expérience

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a démontré que la population des blancs, portée à un 40^eme. de celle des Noires, suffit pour assurer la tranquilité. En suposant 300,000 Esclaves à Saint Domingue, qu'elle crainte peuvent ils inspirer par la maniere dont ils y sont placées; ils ne sont jamais plus de trois ou quatre cents ensemble, presque toujours [?] et placés en général à des distances qu ne leur permettrent aucune communication; il y a tel esclave du Port de Paix qui n'a jamais vu et qui ne verra jamais celui qui existe à quatre lieues de lui, à plus forte raison ceux qui sont dans un plus grand éloignement. L'Empire qu'ont les Blancs sur les Esclaves est tel que doivent l'avoir des Etres doués d'une intelligence cultivée et mise en action sur d'autres êtres privés de connoissances et encore abrutie par la servitude. Il n'y a donc pas plus de conféderation à craindre de la part des Negres contre les Blancs que de celle des animaux livrés au seul instinct contre ceux qui les dirigent en les maitrisent, mais pour ne jamais faire naitre cette possibilité, il est au moins

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prudent de ne pas leur aprendre à lire, et de n'en pas faire des soldats, on doit se borner rigoureusement à les rendre heureux, autant que leur condition peut le permettre, et les persuader que quand ils auront commis un vol, le fouet peut les punir dans ce monde, comme Dieu peut les punir dans l'autre; voilà qu'elle doit être toute leur science et toute leur morale.

S'il est dans l'ordre politique de borner Saint Domingue au seul echange de ses productions, il ne faut donc dans les plaines, que des cultivateurs comme il ne faut dans les villes que des Groupes des Officiers d'Adminstration et de Justice, des Négociant Commissionnaires, quelques artisans et pacotilleurs pour les premiers besoins. La réunion de ces individus que l'intérêt plus ou mouns exalté agite sans-cesse, peut former, sans doute, une grande société; mais comment doit-on la considérer à un aussi grand eloignement du Trône? Est-il possible qu'on puisse y établir ce régime purement municipal que quelques hommes instruits ont paru desirer, en peut-on