Notice géographique sur le pays de Nedjd ou Arabie centrale, accompagnée d'une carte; suivie de notes sur l'histoire de l'Egypte sous MohammedAly par M.E.J.D.L

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« est un vaste pays traversé par la montagne connue « sous le nom de Djebel-A'âred , et nommée aujourd'hui « Djebel-I'maryeh, qui commence à trois jours de la Mec« que ; elle n’a que deux gorges ou passages , qui sont « ceux d’Aynyeh et de Derre’yeh. Le côté de la mon« tagne qui regarde l’ouest est de pierre blanche et es« carpé comme une muraille; le côté de l’est est une « terre sablonneuse.... Dans la montagne est un vallon « connu sous le nom de Ouâdy-Beny-Hanyfeh, qui abonde « en eaux et en arbres, et surtout en dattiers.... Ce vallon « est tortueux et a beaucoup de détours. Le pays d’el« A’âred est situé sur ce vallon. Aynyeh est un beau « bourg situé à l'ouest et nord de Derre’yeh. Il y a du « bon raisin , d’excellentes pêches et des dattes ; les pê« ches viennent sans culture. »

Il nous reste encore à ajouter quelques détails sur ce qu’on connaît des eaux courantes, par lesquelles le Nedjd est traversé ou arrosé. On a improprement donné letioni de fleuves à des torrens qui n’ont d’écoulement et d’existence que pendant une très -petite partie de l’année; Niébuhr avait déjà relevé celle méprise des géographes, induits en erreur par l'Arabie de Ptolémée; mais la description d’Abou-l-Fedâ aurait dû la prévenir. «Selon ebn « Hawkal , dit-il, l’Arabie ne renferme aucun fleuve et « n’a point de mer qui porte des navires ; si l’on objecte « l’existence du lac al-Montanah , nous répondrons qu’il « est contigu à l’Arabie , mais qu’il ne lui appartient pas. « Les eaux qu’on rassemble par le moyen des digues dans « la terre de Saba proviennent des torrens. Il existe en « Arabie, ajoute-t-il, beaucoup de ruisseaux, de sources « et de puits. » Le géographe turk tient le même langage : «Il n’y a dans toute l’Arabie aucun lac ni aucune rivière « qui soit navigable. Le pays de Netljd est le seul où il y a

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« quelques lacs produits par les eaux de la pluie ¹. » Nous ne répéterons pas les passages où Abou-l-Fedâ parle des eaux qui coulent aux environs d’el-Haçâ , et nous passerons également sous silence les eaux d’el-Oda’yb , qu’on trouve dans le désert entre la Mecque et el-Kufah. Le traducteur d’el-Edricy s’exprime obscurément au sujet du fleuve d’Aftan ; après nous avoir dit qu’il y a une station entre Iamama et Aardh, il ajoute plus bas : Per vocem Aardh intelligimus flumen Aftan , quod secat Iamama à summo ad imum, cujus ad ripas existunt oppida habitata arva lata, palmæ atque arboreta. Parmi ces villes est Salamia. D’après ces paroles, cependant, ainsi que d’après les renseignemens du cheykh wahâby et la reconnaissance du capitaine Sadlier , on est fondé à tracer sur la carte le cours d’un torrent, dirigé du sud-ouest au nordest et se déchargeant dans le golfe persique ; il traverse en réalité la province d’el-Haçâ , et tout annonce qu’il reçoit la branche qui passe à el-Derre’yeh après qu’elle est sortie de la gorge au fond de laquelle cette ville est placée. Le pays paraît prendre son nom d’un mot signifiant rivière ou ruisseau, parce qu’il est plus arrosé que les autres par les eaux de cette branche importante ; car la topographie des environs d’el-Derre’yeh , par M. Rousseau, nous apprend que le courant d’Ouâdy-Hanyfeh ( le même que celui dont parle le géographe turk) porte ses eaux jusqu’à quatre-vingt-quatre lieues d’el-Derre’yeh. C'est en effet ce qu’on trouve sur le cours que nous avons dessiné, en se portant jusqu’au golfe persique ².

A Kermousseh, selon le géographe turk (qui semble ici se contredire ) , il y a une rivière qui coule d’ouest en

¹ P. 279 du manuscrit cité plus haut.

² Voyez ci-dessus, p. 552.

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est; ce lieu est au sud de Houtah, dépendant de NedjdA’âred ; il en existe une autre à Bechher, qui coule du nord au sud ; il faut croire que le texte parle ici de ruisseaux ou de torrens. Quant aux eaux rassemblées çà et là dans le Nedjd , il paraît que ce sont des étangs d’une petite étendue. Le capitaine Sadlier en a rencontré plusieurs dans la traversée , ainsi qu’un assez grand nombre de puits et de sources.

XII. Remarques sur l'Itinéraire du capitaine Sadlier.

Nous aurions voulu connaître plutôt l’Itinéraire du capitaine Sadlier, d’el-Qatyf à Yanbo’ , afin d’introduire dans la carte plusieurs détails résultant de ses observations. Ce voyage est le premier qu’un européen ait fait au travers de toute la péninsule , et , jusqu’à présent, nous n’avons pas de témoignage plus digne de foi : si cet officier eût été muni d’instrumens à prendre les hauteurs, ou seulement s’il eût pu, dans tout le cours de ses marches , observer plus fréquemment avec sa boussole qui était très-bonne ¹ , nous possèderions, sinon une carte exacte de ce vaste pays , du moins une ligne de points bien reconnus, pouvant servir de base aux observations ultérieures. Tel qu’il est cependant, son itinéraire est très-précieux , et les éclaircissemens qui suivent ne peuvent rien ôter au mérite de sés observations : au reste nous n’avons pu nous dispenser de soumettre ces remarques au lecteur, pour expliquer les différences que l’on pourra remarquer entre notre carte et celle que M. Houghton a construite d’après l’Itinéraire; c’est en dessinant nous-même la route du capi-

¹ Il a eu égard à la variation de la boussole, laquelle change considérablement d’une mer à l’autre.

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taine Sadlier, que nous avons pu reconnaître la cause de ces différences.

Si la place le permettait, on rapporterait ici en entier cet Itinéraire ; mais on se bornera à ce résultat général, que d’el-Qatyf à A’mer-Robbia’ , où campent les BenyKhâled, il a parcouru un trajet de quatre-vingt-dix milles anglais, vers l’ouest ; et delà à Yanbo’, huit cent-soixantequatre milles ; savoir, pour cent quatre-vingt-seize heures et demie ( à deux milles et demi par heure ), quatre cent quatre-vingt-onze milles un quart ; et pour cent vingtquatre heures ( à trois milles par heure), trois cent soixante-douze milles ; plus un mille compté à part. Le rédacteur du voyage, M. Houghton, compte la route à raison de trois milles par heure, quand on marche huit heures par jour, et de deux milles et demi à deux milles trbis quarts, lorsqu’on marche plus de huit heures; ce qui fait, pour le premier cas, environ quatre mille huit cent vingt-six mètres, et pour le second, de quatre mille vingt-un à quatre mille quatre cent vingt-quatre mètres ; il est aisé de voir que ces mesures sont l’une et l’autre trop fortes, même pour les caravanes légèrement chargées ; nous avons eu ailleurs l’occasion d’apprécier la valeur des journées et de l'heure de marche des caravanes ¹; il suffit ici d’ajouter que les évaluations précédentes excèdent de beaucpup la véritable mesure, même en faisant une réduction pour les parties de la route qui sont en pays de montagnes.

De Médine à Yanbo’ , le capitaine Sadlier n’a pu noter les détours que fait le chemin à travers les montagnes qui séparent le Nedjd de l’Hedjâz. Il existe encore plusieurs autres lacunes dans son Itinéraire, entre Médine et Henikah ( el-Henâkyeh ) ; nous avons supputé ces

¹ Voyage à l’oasis de Syouah, chapitre III.

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deux espaces et plusieurs autres par analogie, pour arriver au compte total de neuf cent cinquante-quatre milles ; mais la construction même de la route prouve que cette somme est trop forte.

De Rouss ( el-Rass ) à Médine, le voyageur n’a trouvé qu'un pur désert: il n'existe en effet sur cette ligne que quatre puits ; la route de l’expédition au contraire passe par plusieurs villages.

On a vu plus haut qu’il existe une ville d’Yanbo’ dans les terres ; elle paraît être vers le nord ; le voyageur anglais prétend au contraire qu’elle est vers le sud ; mais il n’en parle que par ouï-dire.

Selon le texte, Deriah ( el-Derre’yeh ) est à environ dix milles au nord-ouest de Moonfouah ( Manfouhah ) ; notre carte en présente vingt-un, et c’est en effet cette même mesure que l’on trouve sur la petite carte de M. Houghton.

Il place la ville de Chaqrâ à l’est d’A’neyzeh, ce qui n’est pas suffisamment exact; Chaqrâ est vers le sud-est ; au reste il existe dans l'Itinéraire une lacune sur la route de Chaqrâ, et même il oublie de fixer la distance du chef-lieu, el-Derre’yeh, situé sur le chemin de Read (el-Ryâd) à Oinieh ( el-A’yeyneh ). Nous avons dit qu’A’neyzeh est un point central dont la position est importante ; on est étonné de le trouver dans la carte anglaise, à un degré de la place qu’il doit occuper d’après l’itinéraire même.

La route suivie par le capitaine Sadlier n’est pas toutà-fait la même que celle des troupes de l'expédition, quoique passant aùssi par Chaqrâ , A’neyzeh , el-Rass et el-Henâkyeh ; ce qui explique plusieurs différences que les deux cartes présentent dans cette partie. Une circonstance relative à la mission du capitaine ¹ lui procura

¹ Cet officier était chargé de féliciter le commandant de l’expédition

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