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274 ASSISES DE LA HAUTE COUR.
« estre pate 1 de ce qui mest defailli de ma paie ; et puisque il adonc ne rendi « tant 2 et il a orres rendu 5 , et que il a el leuc 4 ou je sui assent de quei je puisse « estre assent 5 de mon fte, et que je ais ades tenu et bien fait le servise que je «deveie si come je deis et doi 6 de eel fte, ne je 7 ne fui onques defaillant dou « servise faire que je dev^e et doi 8 de eel fte 9 ; por quei je entens que je deis « estre pate de mon fte ce qui in est defailli 10 de ce que 11 le leuc ou je sui assent ana rendu puis 12 ; et puisque il a orres tant rendu de quei je puis estre pate, je « le Viaus estre por totes les raisons que je ais dites ou por aucunes d elles, se la « court lesgarde : et de ce me met je en Tesgart de la court, sauf mon retenaill. » Et & mei semble que le seignor ni le baill, qui se met en esgart de ce, puisse 15 cbose dire contre ce , par quei la court ne d6e esgarder que le requerant deit 14 estre pate de ce qu il y a est£ defailli de sa paye de son fte, puis que le leu a tant rendu de quey il peut estre pate 15 de tot ou de partie. Que fort chose sereit, ce me seiiible 16 , ei contre dreit et raisori , que , por changement de seignor ou de baill 17 , celui qui est assent en leuc monti de son fte et a ad&& fait le servise si comfe il deit, et une 18 espasse de tens a est^ par guerre ou autrenient, que le leuc ou il est assent na tant rendu de quei il puisse estre pate de ce que on li deit de son fte 10 de quei il est assent en eel leuc, piiisqne le leuc le rent, et que il na son seignor de son servise gagte 20 , ne defaillant na est6 de servise 21 ; et qui est assent sur rente de besanz, si come est fonde 22 ou cHeene 25 on loge ou bcra cherie ou pescherie ou molins ou mon^e ou aucune autre rente, k estre pate de treis meis en treis ftieis, ou de demi an en demi an*; et les Rentes de eel leuc ou il est assent sont apaut^es ou le seignor les a en Sa main , et il est defailli 24 une espasse de tens d'estre pate de ce que Ton li deit de son fte yet il fait 25 le servise que il deit de eel fte, si come est avant dit; et celle rente vaille apr6s tant 26 que toz ciaus qui sont 27 assents soient pates dou terme enterinement de ce de quei il sont assents sur celle rente de eel fte 28 , et ily a remainant 29 ; le premier assent de ciaus k qui Ton devera de son fte en la maniere avant ditte , le deit aveir, se cuit, par raison , c il le requiert si cOmfe est avant dit, por ce que Ton li deit de son fte de quei il est assent en eel leuc; et cil ne le requiert, telui des autres qui le requerra et sera premier assent, le devra aveir; que aussi, come il est avant dit , de Tann6e doti casal > por ce que les rentes dou casal se refont 50 et se parfont en Tann6e deit estre , ce me semble , de la rente des besanz de treis meis en treis meis ou de demi an en demi an, selonc ce que les assis sont asseftes 51 en eel leuc d'estre pates. Et ensi 52 croi ge que Ton a 55 us6 54 ou reiatrme de Jerusalem.
1 Je me peusse paier. b. — 2 b. — 5 Bien rendu, d. e. t. — 4 Et que il y a au leuc. d. e. t. — 5 Estre paid. b. c. d. e. t. — 6 b. d. e. Et dis. a. Et doy. c. Et dois. t. — 7 Car je. b. c. — 8 Voyez note 6. — 9 Ne je, etc. manque dans d. e. t. — 10 b. — 11 Por ce que. b. — 12 Na tant valu ne rendu, b. — 15 Ne puisse. c. — 14 Ne doie. b. c. Ne doit. d. e. t. — 15 c. — 16 Que tort seroit. d. t. Que fort seroit. e. — 17 Ou de baillage. c. — 18 Et apres un. d. e. t. — 19 Et aprds le rende que celui qui est asent ne deust estre paye 1 de ce que Von li doit de son fit. c. — 20 Et que il na son servise guagt. c. d. e. t. — 21 Le rent ne que il na estt gagit de son servise ne defaillant. b. Na estt de service, d. e. t. qui continuent ainsi :se doit [il le doit, e.), cuit, avoir par raison si com est devant dit; et se il ne le requiert, celui des auires qui le requerra et sera assent premiers le devra avoir. — 22 Famfe. b. — 23 Chaine.- b. — 24 Et il li est defailli. c. — 25 Et il a fait. b. Et il ait fait c. — 26 Y tant. c. — 27 Y sont. c. — ^De leur fid. b. c. — 29 Remant. c. — 50 Sen revont. b. Se revont. c. — 51 Sont assis. b. Les assents sont assents, c. — * 2 Le devra avoir. Et ensi, etc. d. e. t. — 55 Que on la. b. Que ton fa. c. — 54 Ust et use. c.
* C'est le fief que les juriscon suites appellent fea- p. 69, n° 76.) Le principe pos£ par le droit lombard : dam annua preestationis , qui devint tres-commun dans Sciendum est feodum , nonnisi in rebus soli, aut solo cohee les bas temps dela feodalit£. (Boehmer, Princ.jur.feud. rentibus, aut in iis qua inter mobilia connumerantur, posse
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LIVRE DE JEAN D IBELIN.
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CHAPITRE GLXXV.
Quant home ou ferae qui a et tient seignorie muert , et il a pluisors parenz et parentes d'aage qui il apartienent 1 k qui le fi£ puisse escheir, k qui il escheit 2 , et 5 le quel deit aveir celle escheete devant toz les autres parenz 4 .
Se home ou feme qui ait et teigne seignorie ou fi6 muert, et a pluisors parens ou parentes d'aage qui li apartienent de celle part dont la seignorie ou le fi6 5 muet, qui lor est escheue 6 , si que il puissent irritier 7 par Tassise ou 1'usage de cest reiaume , la seignorie escheit k toz ces parenz et parentes qui de celle part dont le fi6 muet li apartienent; mais 1'ainz n6 de ciaus qui sont en vie et li sont plus pr&s ataignant en/un degr6 , la deit 8 aveir devant les autres par 1'as sise et 1'usage de cest reiaume, et l'a, ce il 9 la requiert*. Mais que tant que 1'eir femelle ne la deit aveir par ainzneece 10 devant 11 Teir masle, quant il sont en un degr6 apartenans & celui ou k celle de par qui 1'escheete 12 lor est escheue, que 1'ainzneece de Their femelle ne li vaut noient 15 & aveir 1'escheete de Tirri tage devant Teir masle, quant il sont en un degr£ apartenanz 14 a celui ou k celle de par qui 1'irritage lor est escheu 15 : car Teir masle irrite en toz irritages devant Teir femelle, par l'assise ou 1'usage de cest reiaume, se la femelle n'apartient de plus pres que Teir masle a celui de par qui le fi6 ou la seignorie ou 1'irritage lor escheit de celle part 16 dont le fi£ muet 1
17 b
1 b. — 2 A qui eschiel il ? b. A qui il escheent. c. d. — 5 b. c. d. e. t. — 4 b. — 5 b. c. — 6 Meat ou eschiet. b. c. Vient ou esche'e. d. e. t. — 7 Heriter. b. c. d. e. t. — *Le doit. b. c. d. e. t. — 9 Dou royaume de Jeru salem, se il. t. Royaume et se il. d. e. — 10 Par ains nete (ains nece). b. e. — 11 Ne la doit avoir devant. t. — 12 Heritage, t. — 15 b. — 14 b. c. d. — 15 Que Vainz nSe, etc. manque dans t. — 16 Et de celle part c. — 17 De par qui le fie* ou la seignorie muet ou Veritage leur eschiet. b.
consistere (Feud. cons. 1. II, t. I, S 2 ; t. xxm, h),ne fut respect^ ni en France, ni en Allemagne, ni en An gleterre; partout on varia a l'infini la nature des choses qui pouvaient devenir 1'objet d'un lief. Quoique Ibelin s' attache plus a r application qu a la theorie des lois f£o dales, on peut induire de ce qu'il dit, que, dans le royaume de Jerusalem , ou les fictions tegales avaient peu de credit, il n'existait que des fiefs immobi liers et des rentes f&odales. Voyez la dissertation de G. Sturm , intitulee : De rebus quae in feodum dari pos sunt; Vit 1735.
* Le droit d'ainesse entre parents au meme degre et vivants, est ici, comme dans les Assises de Romanic (c. xxxn), reconnu d'une maniere absolue, et sans re serve en faveur des puin£s. Les motifs qui porterent les Chretiens d'Orient a maintenir chez eux toutela rigueur du principe aristocralique, sont trop faciles a reconnaitre pour qu'il soit necessaire de les enum£rer.
k On a vu (e. cl, p. a 2 5) comment les fiefs se par tageaient entre sceurs. Ibelin traite ici des droits de Th6 ritiere v en ant en concurrence avec un coheritier male, et &ablit qu a £galite de degre, le male Temporte; c est ainsi qu on lit dans le Regiam majestatem, 1. II, c. xxxiv, n a 2 : Si non reperiantur fratres, vocandee sunt sorores. Ce
principe, qui s'appliquait aux seigneuries comme aux fiefs particuliers , fut con teste dans un d£bat relatif k la royaute de Jerusalem. Hugues II , roi de Chypre et de Jerusalem, £tant mort, Hugues III, son cousin, se fit couronner roi de Jerusalem, a Tyr, le 2 4 septembre 1269. Marie, fille de Boemond IV, prince d'Antioche, sy opposa, sou tenant qu'elle devait lui 6tre preTeree, parce quelle ^tait , par sa mere Melissende, petite-fille du roi Amaury I, et que Hugues ne pouvait alleguer au cune parente directe, puisque Hugues II £tait dececle* sans enfants. Le roi de Chypre repondait que , par 1'usage du royaume, le requerant devait prouver qu'il 4tait le plus proche parent du dernier saisi, etque, se trouvant dans ce cas a l'£gard de Hugues II, il devait seul lui succeder. Hugues III £tait petit-fils, par Henri son pere, de Boemond IV, prince d'Antioche, et par Isabelle sa mere , de Hugues I , roi de Chypre ; il £tait done , de ce c6t£ , au me* me degre* que Marie. Cette affaire fut longuement discut£e et en fin soumise a la deci sion du concile de Lyon, en 1276; mais Marie, dont les pretentions £taient repouss£es par le patriarche de Jerusalem et par les barons du royaume , c£da ses droits a Charles, roi de Sicile, qui essaya vainement de les faire valoir. (Sanuto, 1. Ill, pars xn, c. xm, xv.)
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ASSISES DE LA HAUTE COUR.
CHAPITRE CLXXVI.
Quant aucun home ou feme qui a et tient seignorie ou fi£ muert , et il a pluisors fiz ou Giles ou autres parent k qui cest fi£ puisse escheyr, et Tainz n& des fiz en a aprfes lui la saisine et 1 la teneure ; et ces freres ou ces suers ont enfanz , et muerent 2 avant de celui qui a et tient la seignorie ou 1'irritage , et il muert apr&s sanz heirs qui de lui soient dessenduz : le quel des heirs , qui sereient descenduz de ces freres ou de ces suers ou des autres parenz , deit aveir Tescheete d'irritage ou de baillage.
Se home 5 ou feme qui a et tient seignorie ou fi6 4 a pluisors enfanz ou freres ou suers ou nevous ou nieces ou autres parenz apartenanz 6 en un degr6, et ces enfanz ou les autres enfanz desuz dits * ont enfanz n£ de leau mariage, et les enfanz de celui qui a et tient la seignorie ou le fie, ou ces autres diz parenz muerent ainz de lui, et il apr^s une espasse de tens muert, et les fiz ou les filles de ces fiz ou de ces filles ou de ces freres ou de ses seurs 7 ou de ces nevous ou de ces nieces ou d f aucun 8 des autres parens, qui requierent 9 s'escheete, et que Tun des requeranz seit le fiz ou la fille de 1'ainz n£ 10 des devant dis enfanz ou parenz de celui de par qui le fi6 est escheu, et set 11 mains n6 de Tautre requerant, et que l'autre requerant 12 seit fiz ou fille des autres diz enfanz ou parenz 15 de celui par qui 14 le fie est escheu, et soit ainz n6 de l'autre requerant et les deus apar teinsent en un degr6 de celui de qui le fi6 est escheu 15 , et que leur ancestre ait survescu leur peres ou leur meres 16 , ou 17 n'aient eu saisine ne teneure de ce que il requierent et que le fiz de l'ainz n6 ou de l'ainz n£e 18 dit que il viaut aveir celle escheete devant son parent qui est ainz n6 de lui par Tainzneece de son pere ou de sa mere, disant raison por quei il le viaut 19 aveir; et l'autre viaut aver l'escheete par la soe ainzneece 20 et dit por quei : je dis que, se chascun dit en sa requeste ce que Ton 21 peut miaus dire k aveir ladite escheete, que l'ainz n6 des deus requerans qui sont en un degr6 apartenanz & celui ou k celle de par qui l'escheete 22 est escheue, la deit aveir par 1'assise ou 1'usage dou reiaume de Jerusalem, devant celui qui est mainz n£ de lui , tot ait est6 25 son pere 24 ou sa mere ainz n6 dou pere ou de la mere de l'autre requerant; por ce que a mort ou k morte ne peut aucune chose escheir; que par 1'usage dou reiaume le fiz ne la fille ne demorre en la teneure 25 des dreis 2 * de 27 son pere ou de sa mere que de ce quei 28 il muert saisi et tenant come de son dreit ou de ce quei il ou elle ont est6 les dereains Crestiens saisi et tenant come de leur dreit 29 ; et por ce que, par 1'assise ou 1'usage doudit reiaume , ne peut Ton requerre ne aveir escheete que on die qui li seit
1 La seignorie et. d. t. La seignorie, et la saisine et la teneure. i. — *Ou lor enfanz meurent. b. — 5 Quant aucun home. d. e. — 4 Seignorie de fie', c. — 5 Oa apartenanz. c. — • b. c. Dis. d. t. Autres dis. e. — 7 b. c. d. e. t. — 8 b. d. e. t. Ou de ces nieces, ou de ces filles ou £ aucun. a. — 9 Parens qui requiert. c. — 10 De Tains ni soit Tains n4. d. t. Ou la fille soit Vains ni. e. — 11 Et sont. b. Et soit. d. e. t. — 12 d. e. t. — 15 Enfans, parens, c. — 14 De par qui. b. c. d. e. t. — 15 c. — 16 Et que lor peres ou leur meres aient survescu Vancestre. B. c. d. e. t. — 17 Et. b. — 18 b. c. d. b. t. — 19 II le doit. b. d. e. t. Porcoy il por ce le doit. c. — 20 Antienece. e. — 21 Que se aucun en sa requeste que Ton. d. e. t. — 22 De par qui la seignorie. b. De par qui ele. c. e. — 23 De tout ait estd. d. t. — 24 Que son pere. b. — 25 c. — 26 Ne demore is drois. b. d. e. t. — 27 c. d. e. t. — 28 De ce que. d. b. t. — 29 Ou de ce de quei.... dreit manque dans b. t.
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LIVRE DE JEAN D'IBELIN. 277 escheue qui ne la requiert de par le dereain saisi et tenant come dou sien et que lainz n* des deus avanz dis requerans est plus preuchein de celui qui derai nement en morut sam et tenant que le main. n6 et qui miaus deit > lescheete aveir, puisque d h ataignoient en un degr^ puisque les heirs ne leur peres ne leur meres ne autre por eaus » n en orrent ' saisine ne teneure en leur vies • et que Ion, par assise et par usage doudit reiaume, ne pent echeete requerre ne ave*, que par celm« ou celle qui derainement en morut saisi et tenant come dou sien, ou qui a est6 derainement saisi et tenant dautre Crestien 7 ; car qui de par autre le requiert, le seignor, ou autre k qui il l e requiert, ne li est tenus de respondre par 1 usage doudit reiaume. Et en cest cas deit estre aussi dou bail lage, si come il est dit quil deit estre de seignorie ou de fte\
GHAPITRE CLXXVI BIS \
Ci dit que se vos avez a requerre au seignor aucune chose qui escheue vous sdit, et vos avez preuve vaillable contre le seignor, et le seignor vos en veut faire grace, ne la recevez pas, ainz ie provez si come cort esgardera que prover le doiez.
Se il avient que fie vous soit escheu de par aucu'n vostre parent ou parente qui en soit mort saisi et tenant, et vos voulez cele escheete avoir, vos la devez requerre, si com il est devis6 en cest livre que Ton doit escheete requerre, et offrir k prover le parent^. Et se il avient que maintenant, ou apr£s un espace de tenz b ,
1 Et miex doit, b. c. d. b. t. — 2 En un degre" que leur pere. B. c. Que Veir ne lor mere. d. b. t. »b. c.
d. e. t. — "Ne riorent. c. d. e. t. — 5 Ne ourent onques en leur vie saisine ne teneure. b. — 6 Que de par celui. c. — 7 Ou qui, etc. manque dans t. — 8 La. b. c. — • Ce chapitre manque dans le manuscrit de Venise ; il nous est fourni par le manuscrit de Saint-Germain, ou il porte le n° clxxvu, et par Edition de la Tbaumassiere, ou il forme les chapitres cclxvi et cclxvii.
II existait au moyen age, et il exisle encore dans plusieurs pays de 1'Allemagne, trois modes de succession feodale : i° L'ordre de primogeniture, a° le majorat, 3° le s^niorat. Dans l'ordre de primogeniture, le fief est recueilli par l'aine ou , a son defaut , par sa descen dance jusqu'a ce quelle s'eteigne, auquel cas le fief est defere* dans le meme ordre aux puin^s et a leurs lignes. En vertu du majorat, le fief, s'il n'existe pas de fils, appartient au plus age des plus proches parents du defunt, sans acception de lignes. Ainsi le fils succede au pere, etentre plusieurs fils, 1'aine oblientla preference; mais si l'aine meurt avant le pere, le second fib succede, et non le fils de l'aine; et entre les enfants de plusieurs freres defunls, tous par consequent au meme degre, le plus age est prele>e aux autres. Le seniorat fait passer le fief au plus age de la famille , sans tenir compte de la prerogative du degre ni de la ligne de parente. (Boeh mer, Princ. jar. feud. p. i44, i46, n" i5i-i53.) Les As sises qui, comme on 1'a vu , n'admettaient pas la represen tation en ligne directe ni en ligne collateral, devaient necessairement adopter l'ordre de succession fixe par le majorat; c'est en effet ce systSme qui est developpe dans ee chapitre. II regnait sur cette matiere si grave une grande diversity, non-seulement dans tous les elats de
1'Europe , mais dans les diverses provinces de chacun de ces etats. Chaque pays adopla le mode de succeder qui etait le plus en rapport avec ses moeurs et sa situa tion. Si les Crois6s embrasserent un ordre de successibi lite qui excluait la representation , quoiqu'elle fiit ad mise dans la plus grande partie de la France et meme de 1'Europe, on a lieu de croire que leur but etait, comme nous 1'avons deja dit, de rendre moins frequentes les tutelles. L'ordre de primogeniture etant plus eioigne du droit naturel que le majorat , puisque la representation n'est qu'une fiction legale que des considerations poli tiques ont seuies pu faire admettre , Ibelin raltache avec facilite aux principes de la saisine, et pr^sente, comme la consequence naturelle de ces principes, l'ordre de successibilite qui avait ete adopte par les Assises. Voyez, sur ce sujet, 1'ouvrage de Danz, intitule : Essai d'expli cation his to rig ae da droit commun dans les successions feo dales; Stuttgard, 1793 (en allemand).
b L'auteur ne dit pas combien de temps 1'ensaisine sans preuves ni esgart rest ait expose a Taction de l'heri tier du seigneur ou du bail. L'intervention de cet heri tier indique que la jouissance d'an et jour, et meme celle de dix ans , ne suffisaient pas pour assurer la propri^te du fief a celui qui n'en avait que la possession.
278 ASSISES DE LA HAUTE COUR.
le seignor droit hoir ou baill , quel que il soit , vos souffroit a avoir la saisine et la teneure que vos li auri^s requis en la cort et offert a prover, sanz esgart et sanz conoissance de court et sanz preuve que vos feisstes, ne le faites, car vos ou vos hoyrs en pouriez estre travailliez en aucun tenz; et ensi le pour^s vos en tendre, que Toir dou seignor ou dou baill qui cest saisine vos auroit soufferte a avoir, le pouroit requerre & vos ou k vos hoyrs en tel maniere en sa court: « Vos, « tel, qui aves ore et tenez eel fi6, lequel fi6 je en tent qui est de mon droit, por « quoi je requier a avoir la saisine; et quant je serai en la saisine, je offre bien de « faire ce que je devrai par la cort, se vos le me requeres. Et la raison por quoi « je requier la saisine si est tele, que au tenz de mon ancestre ou de mon baill, a cestui fi6 eschei par la mort de tel, qui fu mort sanz hoyr qui fust descendu « de lui , si que mon ancestre ou mon baill ont la saisine et la teneure de cestui « fi£ por son droit, et fu bien voir que vostre ancestre vint en la presence de mon « ancestre et requist la saisine de I'escheete de cestui fi£, et dist ses raisons teles « come il vost, coment il estoit droit hoir k avoir le, et offri aucune foiz k prover « le parente de la ou il le requeroit. Et apr&s ce que mon ancestre ou mon baill «ont tenu une espace de tens eel fi6, il fu de sa volenti que il mist ou souffri «celui a metre en saisine et en teneure doudit fi6, sanz ce que vostre ancestre « provast ne mostrast en la court enssi come il dut que il fust hoir & avoir cestui « heritage; et puisque il le firent de leur volenti ou par negligence, ou se mon « baill le fist par grace, il est bien chose certaine que je ne sui mie tenuz de tenir « les graces que mon baill fist. Et ce sui je prest de prover par le recort de la «cort, se Ton mescroit que il enssi ne fust. Et ce faisant, je requier a avoir la « saisine, se la cort Tesgarde: et de ce me met je en Tesgart de la. cort, sauf mon « retenaill. » A ce pounds vos respondre en tel maniere: « Sire, je ai entendu ce « que vos a pleu k dire et & retraire en la presence de vostre cort, et, se vostre a plaisir est, je dirai et mostrerai tot avant, et puis respondrai as paroles que vos « avez ditez. Je mostrerai tout premier le privilege dou donatif et le feroie lire, «et puis proveroie, si come la cort esgarderoit, le parent^ venant tresques a «mon ancestre. Et que tot ce que je di soit pure verite, fu bien apareilli^ mon « ancestre et garni de prover tout, quant il requist la saisine dou fie, se il en fust « mescru; mais vos saves que riens ne sauve ne ne garit le seignor vers Tome, « ne Tome vers le seignor, que la foi qui conoist la droiture ou de son seignor ou « de son home, il ne li mette ne dalay ne empeeschement, qui le veut faire de « nete conscience et de pure si come la foy doit estre tenue. Et se mon ancestre « vint avant et requist Tescheete qui escheue li estoit et reconta le parente dont « il estoit descendu et TofiFri & prover, se il en estoit mescru; et vostre ancestre, « come seignor de nete conscience, et par le bon conseill que il avoit et usoit, fu « certified que mon ancestre disoit voir et requeroit droit; et il de bont6 et de loiaut^ « de lui ne vout la chose enpeeschier ne encombrer, ainz la vout delivrer come « la chose dont il estoit certain , et espargnoit la court de travaill de faire cognois « sance de ce dont il ne covenoit. On ne doit mie por ce entendre que vostre « ancestre feist grace au mien, ainz doit Ton entendre que il feist ce que il dut, « et garda son honor et sa conscience : car quant on requiert aucune chose que «Ten a us6 k soue, Ton doit toz jours au daesrain, se Ton estoit mescru, que « enssi ne fust que on Toffre bien a prover si come la cort conoistra que faire le «doive. Et se Ton est mescreu, bien fait a conoistre la maniere de la preve a la «cort; et se Ton ne Test, quel conoissance ne quel preuve y covient il? certes
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