Livre de Jean d'Ibelin

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284 ASSISES DE LA HAUTE GOUR.

que le jor de la semonce est pass6, le seignor peut dire k sa court, que il viaut 1 que elle conoisse quel dreit il en deit aveir de celui qui est defeilli * de servise, si oome il ont oy que la court la retrait 5 . Et la court deit conoistre, se cuit, que le seignor se peut faire servir dou fi£ tant que le semons soit venus en la presence de lui et de sa court, et que il ait le fi6 requis ; et que si tost come il le requerra, qu il le mete en saisine sanz delai ; et puis se il li set riens que de mander, qu il li requiert droit par sa court, et que celui li face. Et se le sei gnor 4 se claime .lors a sa court si come il deit, de celui qui a son fi6 estre^ 5 , et qu il en a la saisine recouvr^e ; il aura puis le fi6 par conoissance de court un an et un jor en amende de ce que il li defailli dou servise de quei il le fist se mondre 6 , si come est ayant dit a . Encor y a greignor perill k celui qui estr^e son fi6 , que se le seignor ni viaut metre main, et aucune autre persone si met, et le seignor le sueffre, et celui qui est mis 7 Ta et tient, quant 8 celui de qui le fi£ est revendra, ou aucun de ces heirs apr&s son decet, il covendra que il requiert k celui le M qui saisi s en sera , et il en respondra et en plaidiera come saisi 9 ; et porra metre moult desehampes et aveir moult de fuites k eel fi£ de fendre, par quei celui qui Taura estre6 sera lone tens esloignte de raveir son fie, ou 10 ces heirs apr6s lui. Et por les raisons avant dites me semble il plus seure chose et meillor 11 le comander dou fi6 que Testreer w .

GHAPITRE CLXXXII.

Coment Ton peut et deit fi£ desmembrer, par 1'assise ou 1'usage dou reiaume de Jerusalem.

Nul ne peut desmembrer fi6, par Tassise ou 1'usage dou reiaume de Jerusalem, se le fi6 ne deit servise de plus d'une chevalerie b . Et qui viaut desmembrer 15 fi£ qui deit servise de pluisors chevaleries l \ il deit doner partie de son fi6 por partie de son servise que le fi6 deit : et ensi que le plus dou fi6 demorre 15 au seignor qui le desmembre en la maniere avant dite, et en tel maniere ou par le semblant de ce. Que qui a n. m. besanz, et il doive servise de son cors et de un autre 16 che-

1 Quant il viaut. c. — 5 Defaillant. b. Qui li est defailli. c. — *Le recorde. b. La recorde. c. d. e. t. — 4 Et que le seignor. b. — 8 Destraie'. c. — 6 De ce que il le semons ou fist semondre de servise, et il li defailli. b. — 7 Qui s'i est mis. b. c. — 8 Et quant, b. — 9 Et tenant, c. — 10 Et. c. — 11 Et meylor. c. Et meillour. d. e. t. — 12 La commande que estreer. d. La coumande que Vestreer. s. Le comander que Vestreer. t. — 15 Des menbler. c. — 14 Chevaliers, d. e. t. — 15 En demore. c. — 16 D'an autre, c.

' Chapitrc precedent, page a 83.

b D'apres 1'usage general, on ne pouvait pas d£ membrer un fief, c est-a-dire faire plusieurs fiefs d'un seul , sans avoir obtenu la permission du seigneur. Cette division avail lieu dans les partages successifs, mais ce n etait pas la ce qu'on appelait un d&nembrement. (Beaumanoir, c. xlvii, p. a63. Grand Coastumier, 1. II, c. xxvii, n° i. ) L' usage du royaume de Jerusalem per mettait de demembrer un fief, et meme de le d£mem brer sans la permission du seigneur, ce qui peut sembler contraire aux idees feodales; mais en y reflechissant, on voit que cette faculty favorisait Tiniest public, sans blesser 1'interdt prive\ Un fief de plusieurs che valeries etait necessairement desservi par le vassal et

par des soudoiers , et meme uniquement par des sou doiers, si ce n'6tait pas un fief de corps. Cependant Tin ted g£n£ral voulait que chaque fief fiit servi par un che valier interess£ a la surety et a la prosperity de ce fief, or ce resultat ne pouvait 6tre obtenu que par un demem bremenl. Quant au suzerain, on supposait, avec raison, qu il preTererait commander a des gentilshommes plutdt qu'a des hommes pay 6s pour combattre sous ses ordres. La crainte du morcellement des fiefs fit rejtter ce systeme en Europe ; mais en Orient les fiefs avaient £te , des le principe v subdivises v afln d'attirer dans cette contree un plus grand nombre de guerriers : Tinconvenient iodique n'y existait done pas.

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LIVRE DE JEAN D IBELIN. 285

valier ou de deus sanz son cors, il en peut doner les vim. cenz besanz por le servise d'un chevalier et que les m. et c. 1 li demorrent. Et c il y a in. m. besanz de fi6 por le servise de soi tiers 2 , il peut bien doner les m. por le servise d'un chevalier et tenir les n. m. por lui et por un sodoier 5 . Et aucuns de ciaus que Ton tient k bon plaideors dient que celui qui a les in. M. be6anz de soi tiers 4 de servise 5 , peut bien doner de eel fi£ k deus chevaliers, k chascun vim. c. 6 besanz por le servise de son cors ou de un chevalier 7 , ^t que les m. et cc. besanz des in. m. li demorrent; et que ce il le fait ensi , il a fi6 desmembr6 si come il doit 8 , par Tassise ou Tusage dou reiaume de Jerusalem , et que ciaus dons sont valables. Et aucuns des autres qui sont bons 9 plaideors dient, que qui a fte de in. m. besanz por le servise de soi tiers 10 , et il viaut doner les deus chevaleries 11 en fi^, que il ne peut doner k deus fi6s 12 que meins 15 de M. et v. c. besanz, et lespartisse si come il vodra; por ce, se dient ciaus qui k ce s'acordent, que il covient que le seignor dou £6 reteigne plus por son cors doudit fi6 , que nest quanque il done en M por le servise 14 que le M deit, et que autrement ne demore mie le plus dou fi6 au seignor dou fi& Et qui autrement le fait, que les dons ne sont mie valables, por ce que le fi6 nest roie desmembr^ si come Ton peut et deit desmembrer fi£, par 1'assise ou Tusage doudit reiaume. Et les autres dient que puisque il done totes les cheva leries 15 que il deit dou servise en fi6 l6 , et il en retient plus k son cors 17 que il ne done k celui k qui il done plus de eel fi6, et que il desmembre bien son fi6 por 1'assise ou Tusage 18 doudit reiaume, et que ciaus dons sont valables, porce que le £6 est desmembr^ si come il deit, par ladite assise ou ledit usage. Et en la maniere avant ditte a esti le descort dou £6 desmembrer entr iaus, et sont est6 ciaus que je ais oy 19 tenir a plus sages plaideors de mon tens , et aussi bien 20 les uns 21 come les autres, dou grant £6 come dou petit, que il ni a autre tache en Tun que en Vautre. Combien on peut doner de son £6 que le seignor en reteigne le plus dou fie, ne le descort qui a est6 entre eaus de 22 ce que je ais oy n est que en ce qui est 25 dessus deviste:car toz 24 s'acordent k ce, que le seignor done tant de son £6, por le servise que le £6 deit, qu il li en remaigne 26 plus que n est tot quanque il en a don6, quil 26 a son fi£ don6 et desmembr6 par Tassise osi com il doit, et que les dons sont valables et estables, ne Teir ne le chief seignor ne pevent rapeler ceaus dons par Tassise 27 ou Tusage dou reiaume de Jerusalem. Por quei il me semble que Ton peut moult de bones raisons et de vives dire et mos trer por Tune et por Tautre partie; et por ce ne viaus je orres dire k laquel des parties je m'acort, mais espoir je le dii;ai apr&s en cest livre a .

1 Et que les xr\ b. — 2 De son hers. d. e. t. 5 Chevalier soudoyer. d. b. — 4 De ses hers. d. t. — 5 Por le servise de soi tierz. b. — d vnf 5 . c. 900. d. b. Neuf cens. t. — 7 Ou de un chevalier n'est pas dans b. — •b. c. d. s. t. — 9 Que on tient a bons. c. — 10 De son heirs, p. b. t. — 11 Chevaliers, d. e. t. — 12 As 11. fids

c. — 15 Des mains, d. t. De mains, e. — 14 Doa servise. t. — 15 Tous les chevaliers, d. b. t. — 16 De servise en vie. c. — 17 c. Ers. a. Eos. b. — 18 Selonc V assise, b. c. e. t. — 19 Entre ceaus que je ai oy. b. c. d. e. t. — 10 c. — 21 Et avec les uns. d. b. t. — 22 b. c. d. e. t. — 25 De ce qui a estd que je aie oy quan se qui est. c. p. b. t. — 24 Trop. b. — 25 Qu'il li en retiegne et en maigne (remaigne. e.) d. e. t. — 26 Quar il. b. — 27 c.

d. e. t.

" Sans pretendre resoudre une question que, pour le moment, l'auteur laisse indecise, nous dirons que le but de la loi etait d'autoriser le vassal a demembrer son fief, mais sans qu il lui fut permis d'alterer les relations qui existaient entre lui et son seigneur; or pour at teindre ce but , il fallait que le vassal conservat la plus grande portion de son fief, afm de rester le chef de ce fief et rhomme du seigneur. Admettre qu* il suflBsait que

cette part fut plus grande que celle de chacun des con cessionnaires , serait supposer que la loi, preoccupee des interels du vassal et de ses rapports avec les conces sion n aires , ne prenait aucun souci des droits du suxe rain. Une telle supposition n'est pas permise. Le sys teme de la superiority relative nous parait contraire a I'esprit des Assises.

Di

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ASSISES DE LA HAUTE COUR.

GHAPITRE CLXXXIII.

En quantes manieres Ton peut son fi6 eschangier, et coment Ton peut fi£ eschangier, si que

1'eschange seit es table \

L'on peut son fi6 eschangiet en pluisors manieres : que Ton peut son fi6 eschan gier k tot le M (Tautre, ou partie de son fi6 k partie dou fi6 dautre 2 , mais que Ton le face par le seignor 5 . Et qui le viaut faire par ledit usage , ciaus qui font Teschange le doivent faire en la court et par Totrei dou seignor de qui il tienent les fi£s. Et quant il veulent faire Veschange de leur fi6s, il deivent venir devant le seignor en la court et dire li : « Sire, nos somes Concordes de faire de nos fi£s «tel eschange, • et dire quel. «Si vos prions et requerons, come au nostre sei u gnor \ que il voz plaise que nos fassiens cest eschange, et que voz Totroi^s. » Et le seignor le deit otroicr, se il ne set que il facent eel eschange por le deseri tement de lui ou de ces heirs 5 de eel servise ou d'escheete qui li peust venir de aucun des fi£s de ciaus qui ont fait Teschange, ou quil le facent por le deseri tement d'aucun k qui 6 auCun des fi^s deit 7 escheir. Et se le seignor otroie 1'es change, et 1'eschange est de tot le fi6 de Tun k tot le fi6 de 1'autre, chascun deit dire au seignor, quant il ont fait leschange: « Sire, je voz sui tenus de tel fte «que je ais en eschange dou mien, de ce que je voz estoie tenus por le mien « d'omage et de servise et de totes autres choses que je vos deveie por ledit fi6 que « je ais eschangi^ k cestui que je ais ores 8 : et ce voz otroie je 9 en la court. • Et se Teschange est de partie de Tun fi6 k partie de 1'autre, chascun de ciaus qui font Teschange deivent dire k Feschange faire : « Sire, je atrais tel chose k mon a fie que je ais eu de tel , en eschange de tel chose qui estoit de mon fi6. • Et deit chascun d'iaus dire quel la chose est que il atrait ksou fi£, et quel celle est quil li a 10 don^e en eschange por celle quil a atraite k son fie 11 . Et se le seignor n otroie Teschange a la requeste d'iaus, celui k qui 1'eschange 12 plaist plus et qui plus i cuide faire son proufit, li deit dire :« Sire, je entens, par 15 Tusage « dou reiaume de Jerusalem, que les homes qui on fi£ pevent leur fi6s eschangier « les uns as autres tous 14 ou partie, mais que le servise dou seignor i soit sauf et a que Teschange ne soit trop 15 descovenable, ensi que ce que Tun done k Tautre «ne vaille au jor que Teschange est fait trop plus de Tautre 16 . Sire, et cest es « change que noz volons faire est ass£s comunau 17 ; que poi vaut plus ce que Tun « de nos done 18 k Tautre , que ce que il en a 19 d'eschange ; et ce il vaut orres « plus en aucune chose, Tautre cuide bien tant esvansier 20 en cest eschange come

1 Soit valable. c. — 2 On a partie don fid cCaaire. b. — 5 Par V usage dou reiaume de Jerusalem, c. d. A partie d! autre par Image, t. Mais leface horn par usage don royaume de Jerusalem, z. — M nostre chier sei gnor. d. e. t. — 5 Cel eschange por lui ou ces heirs, c. d. e. t. — 6 Por qui. c. — 7 Qui ont fait Veschange, etc. manque dans d. e. t. — 8 d. e. t. — 9 Otroye je si. c. — 10 Et que cele est que il a. b. Et quel cele est que il

a. c. — 11 La chose quelle est, et que il a trait a ion fie', d. e. t. — - 12 De ceaus a qui leschange. b. c. d. e. t. — 15 Que par. b. c. d. e. t. — 14 c. d. e. t. — 15 Ne doit estre. d. e. t. — 16 Que Vautre. b. — 17 Assez communal.

b. Assez convenau. e. Assez convenant. t. — 18 Ce que Von done. e. — 19 Vaut plus se que il en a a" eschange.

c. — 20 Tant valoir. t.

* II r&ulte de ces paroles que l*£change ne pouyait avoir Heu qu'entre deux vassaux du m6me suxerain.

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WVRE: DE JfEAN D'lBELIN. 287 «se vaut 1 et plus. Si entent chascun de nos a aveir proufit en l'eschange; ne «voz, sire, n'estes merme de vostre servise en cest eschange. Et puis, sire, que «voz n'estes merm6 de vostre servise, et que 2 chascun de noz cuide faire son -proufit en l'eschange, voz ne le dev&> desvoleir 5 , ainz vos doit plaire, et le « dev^s otroier: si viaus que vpz I'otrQies efc qu'iliSQij estable, por totes les raisons « que je ai dites ou por aucunes d'elles, se la court le conoist. Et de ce me met je • en la conoissance *> de- la court, sauf mon retenaiil. » Et k mei senible que se le seignor ne <Mt raison por quei il ne deit 5 eel eschange otroier, et tel que la court le conoisse que il ne la doit otroyer ne que l'eschange ne deit estre es table, que la court deit conoistre que^l deit l'eschange otreier 7 , et est l'eschange estable'.

CHAPITRE CLXXXIV.

Por quel chose Ton peut perdre son fit an et jor 8 , et por quei tote sa vie, et por quei* lui et

ces heirs.

in

L'on peut, par Tassbe ou Tusage $ou resume de Jerusalem, perdre son £6 en trois manieres : Tunc, est 11 an et jor; 1 autre, tote sa vie ; la tierce, lui et ces heirs. An et jor le peut on 15 perdre et pert, par defaute 15 de servise; et par defaut doomage, k sa vie 14 b , et par autres choses qui seront apres devisees en cest livre. Et Ton lepeut perdre et pert lui et ces heirs l5 , par Dieu 16 reneer etpar estre traitor vers son seignor de qui ont tient le fie et k qui Ton fait Tomage de eel fi6 , et par vendre le par Tassise. Et coment on le pert 17 par Dieu reneer et par estre traitor vers son seignor, sera apr&s deviste en cest livre c .

1 Com il vaut. d. t. — 2 b. c. d. e. t. — 5 Contredire. b. — 4 En Tesgart. d. e. t. — 5 II en doit. c. — • c. — 7 Et quil doit estre estable et apris ladite conois&ance le seignor le doit otroier. c. — 8 1. an et i. jour, b. — : 9 Et por quel raison. b. — - 10 Et por quel sa vitft. c — 11 d. b. t. — 12 Le peui home. ». «. x. — 15 Por defaiU lement. b. — l * Toute sa vie le puet on perdre por defaut doomage, b. c. d. b. t. — l *Lui et ces heirs n^est pas dans b. c. b. — in Deu. c. ~ 11 A lui et a ces heirs par vendre le par V assise et. c.

" Voyex des actes d'echange dans le Traile des fiefs de Chantereau le Febvre, Preuves, p. i6 et 18.

fc Par 1'ancien droit feodaJ, le vassal perdoit le fief, qui etoit acquis au seigneur par faute d'hommage , un an aprex Vaoquisition. du fief par succession ou aulre ment Gunther, lib. VIII, Ligur.

Successor feudi totum si forte per annum Atque diem, tacto prims jam tempore pubis, Stve dob, sou desjdia, sen mtnlc superba , S preterit a domino feudsJia poscere jura , Perdat , et base proprios dominus assumat in usus.

Les EtdUissemsns de saint Louis, c. lxv (1. I) de sirent plusieurs somuiations hors jugement et en juge ment. T.

* Ibetin, se contente de poser ici des principes gene raux , tur lesquels il reviendra plus lard avec 1'attention qu exige uae mau'ere aussi importante. La confiscation ou commits des fieft avait lieu , dans tous les etats de TEttMpe, pour deux causes : i* le desaveu du vassal;

a< la felonie. (Cons. food. 1. I, t. xxi; 1. U, t xxvi, S 17, etc. Assises de Romanic, c. xviu. Etablissements , 1. 1, c L, u; 1. II, c. xxix. Region, majestatem, 1. IV, c. xxxiv. LasSieie Partidas, iv' part. t. XXVII, ley x.) Mais toutes ces legislations n'admettaient pas 1'exhere dation des beritiers (Jus feud. Alem. c. lxxxix, S ult. Assises d$ Romania, loc. cit Las Siete Part loc. cit.) , et il est meme digne de remarque, que les. Assises de Ro manic citent 1'exemple suivant, comme uae protestation contre un usage trop severe : « Messire Nicolas de Tri « mola, coupable de trahison , n' ay ant pas ete depouille de « ses biens pendant sa vie, messire Aimond de Reims et « U dameMarguerite de Cepbalonie sucoederent a un de « ses fiefs , qui est nomme Micopoti. ■ C. xyin , p. 5oa. Si les Assises d'outre-mer deploient en cette occasion plus de severite que les lois de l*Europe , il faut chercber le motif de cette rigueur dans la necessity ou se trouvaient les sei gneurs d'Orient, de latter contre l'insubordination trop frequente de leurs vassaux.

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ASSISCS DE LA HAUTE COUR.

CHAPITRE GLXXXV.

Coment et por quei Ton ne peut vendre, par {'assist , partie de son 66 ; et coment et por quei Ton le peut vendre tot, par la dite assise, et coment il deit estre vendu; et coment on deit fornir I'assise; et coment, quant le fi6 est vendu, coment 1 et dedenz quel terme* le seignor deit faire paier la 5 dette de celui de qui le £6 a est6 vendu, et les quels dettes. Et que celui & qui 4 Ton a dette coneue en court ou qui l'a prov6e par garanz ou autrement, doit dire et faire quant il en veut estre pate 5 . Et quant home ou feme de qui le 66 a est6 vendu, crte k vendre par 1'assise , ne veaut fornir I'assise , quoy le seignor en doit faire e .

Home ou feme qui a fi6 ne puet , par Tassise ou Tusage dou reiaume de Je rusalem, vendre partie de son fi^ a ; mais tot son fi6 puet Ton bien 7 vendre, par laditte assise b . Et Tassise de la vente dou fi6 8 est tel que Ton peut et deit 66 vendre, por dette coneue ou prov^e en court c , se celui de qui est le fi6 n en a

1 b. c. D. b. t. — 2 Et en quel tens. d. b. t. — 5 Paier les. b. c. d. b. t. — 4 Et lesquels dettres que Ton doit a celui a qui. t. — 5 b. c. d. b. t. — • c. d. b. t. — 7 Peut bien. t. — . 8 Des ventes des fiez. b.

* Par les anciennes coutumes Ton ne pouvoit vendre ses heritages sans necessity jure\e, et sans 1'approbation des seigneurs , on des maire et echevins. L'art. 8 de la Cout de Vervin de Tan i a 33, rapportee au ch. ecu de nos Anciennes co&tumes (da Berry), y est formel. La coutume de la Perouse de Tan 1375 decide la meme chose : • Tos t homes de la Paerose qui devent ren a autre horn de « ceste ville , si ne le pot paer, doit vendre de la soe chose, t por le regard de baele (maire) et de cossors (consuls) , t a paer son dete. * II y en a deux exemples dans les Preuves de YHistoire de Bethune, 1. II , c. vn : Johannes dictus de Strata, ob urgentem paupertatem, cognitam et a paribus suis judicatam, vendidit, anno 1 2 56, etc., et au 1. IV, c. r : Johannes de Ypra miles, dominas de Renenghes et de Vastina , decimam vendidit ecclesiee de Marchiennes, pro sentibus paribus suis, dicentibut per judicium quod bene et legitime poterat fieri ista venditio, cum eis constant quod preefatus Johannes inopia et paupertate coactus vinditionem faciebat, mense Martio 1 a 38. M. du Cange , in verbo Pau pertatem probare, dans son Glossarium, en rapported*autres exemples et cite notre autheur.T. — Voyez le Supplement de D. Carpentier au meme mot Les pairs intervenaient necessairement dans des actes de ce genre, quoique les Assises ne le disent ni ici ni aiUeurs , parce qu*il r&ul tait de la vente qu'un nouveau compagnpn ou pair leur etait donne\ ce qui ne pouvait pas 6tre fait sans leur as sentiment. Ces usages avaient cesse en France a 1'epoque ou ecrivait Ibelin, et les exemples que cite la Thaumas siere ne doivent 6tre considered que comme des excep tions ; car le droit commun etait que • horns puet vendre « tout son tenement , si que le sires n i ait damage. * (Marnier, p. 78.) Beaumanoir, c xxvn, p. 137, con firme cette opinion, et montre que la tendance des fiefs a devenir patrimoniaux , avail deja, de son temps, fait tomber la plus grande partie des obstacles qui s'oppc saient a la libre circulation des terres feodales.

h Dans les premiers temps de la ft&odalite la vente des fiefs &ait interdite , non pas que le fief fut de sa na-

ture regard^ comme une propria de mainmorte , mais parce que le legislateur ne croyait point que 1c seigneur put e'tre contraint a accepter un vassal contre sa volonte : la prohibition avait done lieu ratione exercitii. (Boehmer, Princ. jur. feud. p. n° a 61.) L'influence du droit lombard introduisit la doctrine opposee dans presque toute TEurope. C^tait porter atteinte aox principes fon damentaux de la feodalite* ; aussi les pays ou ce regime elait solidement e* tabli dans les moeurs , repousserent-Qs ou modifierent-ils beaucoup la liberie* d'aliener intro duite par le droit lombard. Ainsi, comme nous 1'avons deja dit , les empereurs Lothaire II et Frederic firent de la prohibition de vendre et d'engager les fiefs, sans 1'autori sation du suzerain, un principe de droit feodal pour toute TAllemagne, et ce principe y resta si longtemps en vi gueur, que Ton entend Rodolphe de Habsbourg decla rer, en iago, dans la cause de 1'abbe de Werthin, que les fiefs ali£nes sans le consentement du seigneur lui font re tour. (Schatenius, Annales Paderbonenses, pars 11 p. 1 69.) II nen etait pas de m£me en France , ou la fa culty d'aliener sans permission fut recue de tres-bonne heure. (Lauriere , Institutes, II, 129.) Les Croises por terent l'usage lombard dans TOrient, en prohibant seu lement la vente des fiefs par parties , quoique cette de fense fut contraire a leurs inte>ets ; car en permettant de vendre un fief de plusieurs chevaleries par parlies, ils auraient attire" en Orient un plus grand nombre de per sonnes. Peut-elre sera-l-on surpris de voir qu'il fut per mis de d£membrer un fief par chevaleries , et non de le vendre de la sorte : nous ferons remarquer que ce d£ membrement etait une veritable sous-infeodalion, et que 1'inftodation n'etait pas une vente.

La preuve devant la cour etait requise, parce qu a cette Ipoque les obligations se prouvaient a 1'aide de tcmoins et rarement par des actes, qui n'etaient passes que pour des affaires d*un grand inter£t , et seulement entre seigneurs d'un haut rang. On a vu precddemmenl comment cette preuve s' admin is trait, c. cxliii, p. 217.

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