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LIVRE DE JEAN D IHELIN. 519
il se deivent toz partir de lui et aler au chief seignor k cheval et as armes ou a tel servise come il deivent de leur fi6s l f et dire K: « Sire, noz vos somes venas
• servir k cheval et as armes * et aidier et conseillier come nostre seignor lige,
• se par vos ne remain t, puisque noz veons et conoissons que nostre seignor voz « defaut de droit faire par vostre cort. Si voz requerons que voz nos mainten£s ou « restores noz fi& au vaillant, et nos amend6s le damage que noz avons eu de noz « choses por achaison de ce que nos somes venus k vos. Et ce vos ce nos faites « dedenz quarante jors, noz serons o vos contre nostre seignor; et se vos ce ne noz « faites, nos retornerons arrtes 5 k noz fi6s et aiderons et maintendrons nostre sei « gnor centre vos ret ce ne sera pas par nos defautes, ains sera par les vos, se « vos 4 ne fait6s vers nos ce que voz dev6s 5 de nos fi^s et de nos damages amen « der et restorer. » Et se le chief seignor lor fait ce que il li requierent, il ne le deivent pas 6 guerpir tant come le contens dureta 7 . Et ce il ne fait lor requeste, ciaus k qui il ne le fera deivent 8 retorner k leur seignor et aidier le et main tenir et conseillier con f re le chef seignor, tant come le contens durera. Et le chief seignor, ce il fait lor requeste, les 9 doit croire de la value de leur fi&, sur leur foi 10 que il li doivent, et dou damage quil auront eu de leur choses, par lor sai rement sur FEvangille 11 a .
CHAPITRE CXCIX 12 .
Encores dit coment les homes des homes dou chief seignor deivent (Sure k la requeste dou chief seignors , et sans requeste 15 , por sauver 14 la foi de quei il li sont tenus par la ligece 15 .
Tot ce qui est dessus escrit est ce que Ton deit faire 16 k la requeste et k la se monce dou chief seignor. Et plus y*a, ce il 17 avient que le seignor de cui tienent lor fi6s ciaus qui ont fait la ligece, porchace ou fait chose de quei il se mesface vers le chief seignor, et ciaus qui ont faite la ligece se pevent aparceveir, ]k seit ce que le chief seignor le sache ou non, encores ne les ait il requis ne semons de riens, por ce que il se contient en la foi que il deivent le seignor garder et sauver contre totes riens qui vivre et morir puisse, il doivent dire et faire ce qui est dessus 18 escrit, aussi bien come se le chief seignor les en eust requis et se mons , le deivent il garnir au plus tost quil poront. Et se le seignor de cui il tienent lor fi6s ne fait la requeste dessus escrite de ces homes, il deivent aler au chief seignor et servir le enterinement contre celui de qui il tienent; et il lor deit
1 La fin du chapitre manque dans d. e. t. — 2 A cheval et as armes n'est pas dans c. — 5 b. — 4 b. c. Se vos ne vos. a. — h Devez faire. b. c. — 6 c. — 1 Dwrra. b. — *Leur requeste il doivent. b. — • Et le chief seignor les. b. c. — 10 Par lor dit par la foy. b. Par lair dit sur la fey. c. — 11 Sur saintes Evangiles. b. — 12 Ce chapitre manque dans c. — 15 Sans sa requeste. b. — 14 Sauver et garantir. b. — 15 b. — 16 Tout soit ce que dessus est escrit que Von doit faire. d. b. t. — 17 Que s'il. d. b. t. — 18 Desouz. b.
• Le refiis d'ob&r k {'assignation du seigneur ne constituait pas , dans tous les cas, un manquement de foi fi&odale, et une peine n'6tait prononcle contre ce refus, qui devait naturdlement amener une guerre, que quand Tassignation 6tait donnte pour cause de meurtre ou de trahison ; et alors , en vertu de la ligece , le sei-
gneur interm&liaire perdait le service de ses vassaux.
La Thaumassiere a place , dans son commentaire sur les Assises, plusieurs notes relatives a la ligeee (p. a55 a63) ou cette matiere est traitee avec une grande erudi tion ; l^tendue de ces notes ou plutot deces dissertations, nous a emp^ch^s de les reproduire ici.
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320 ASSISES DE LA HAUTE COUR. %
restorer bien et largement tot ce que il auront perdu por venir & lui, et lor deit faire avoir leur fies enterinement, ce il sont en leuc ou il ait force et pooir. Et se le seignor de qui il tienent ait forterece ou poeir \ tel que il peust arester les fi£s, le chief seignor lor deit restorer dedenz quarante jors, et se il ne le fait, les homes peVent retorner au seignor de cui il tienent sans mesfaire 2 , et servir le contre le chief seignor tant que il lor ait restore lor fies et lor pertes\ Et se il avient que le chief seignor se doute 5 d'aucun de ces riches homes qui ait chastel ou cit6 ou ville en quei il ait peuple 4 d'armes, le seignor dou leuc est tenus par l'assise de faire tant que le peuple jure 5 feaut£ au chief seignor par celle con dicion de requeste 6 et de restorer et de tot ce qui est dessuz deviste de ciaus qui ont faite la ligece. Et quant ceste assise fu faite, ciaus de Seete 7 et de Biau fort 8 jurerent toz au rei Amauri , quant la pais fu faite dou con tens qui estoit entr iaus, et par l'assise fu la traitement 9 de la pais si come voz aves oy. Et les avantages 10 que le chief seignor a en la ligece de ces homes, apr&s orr^s l'eschange et Tavantage que les homes liges ont encontre ce. Le rei 11 otroia en l'establisse ment de l'assise que toz ces homes liges qui tenoient de lui ou de ces homes, quels 12 que il fucent, granz ou petis, seent tenus de fei Tun a 1'autre de ce qui est dessus escrit, et que chascun d'iaus en peust requerre les autres come ces pers 13 ; et les homes en sont tenus Tun & 1'autre, aussi au plus petit come au plus grant, par quei il ne seit entechie 14 d'aucun des vices par quei Ton pert vois et respons en court 15 b .
1 La forteresse a ou. d. e. pooir. t. — 2 Mesprandre. b. — *Se doive. d. t. — *Peuble. d. t. — 5 Jure de faire. b. — 6 Et de requeste. d. e. t. — 7 Saete. b. Saiette. n. e. t. — 8 Beaufort, b. d. e. t. — 9 La traita ment. b. — 10 De la paiz. Vos avez oi les avantages. b. Au roy Amauri, selon ce queje ais entendu, quant il ot guerre avec messire Gisart de Saiette, et par T assise fu le traitement de la pais. Vous avez oy les avantages. d. e. t. — 11 Ont contre ce. Le roy. d. e. t. — 12 Quex. b. — 15 Come pers. b. — u Entagie'. b. — 15 Vois en court. D. E. T.
* Cette legislation 6 tail peu efficace, car il suftisait a un seigneur, pour faire lomber 1'effet de la ligece, de saisir les fiefs de ses vassaux et de maintenir sa saisie durant quarante jours. Si le chef-seigneur se trouvait r dans r impossibility de r&ablir ses liges dans leurs fiefs , 1'effet de rhommage lige cessait, c'esl-a-dire que le chef seigneur perdait l'appui de ses liges , precisement a Tins tan t ou il en avait le plus besoin. Le principe de la re ciprocity s'etait etabli dans une sorte de contrat qui, par sa nature comme par ses tennes , le repoussait L'assise du roi Amaury n'^tait pas en harmonie avec les institu tions du royaume de Jerusalem, qui s'efforcaient deres serrer les liens par lesquels le vassal 6tait uni a son seigneur, et cette loi ne resta pas etrangere aux troubles qui agiterent cet £tat, et plus encore le royaume de Chypre , ou la trahison et le m£pris de la foi promise pa raissent avoir £te* des crimes si communs que la Haute Cour renoncait le plus souvent a les pours uivre. Quand l'empereur Frddenc II vint, en l'annee 1228, attaquer le roi de Chypre, il trouva, pour seconder ses desseins, cinq des plus puissants seigneurs de Tile , qui , soutenus par leurs vassaux, trahirent la cause du roi Henri I, el commirent contre ce jeune prince tons les mefaits que les Assises enumerent. Cependant ce fut seulement en i23i que la Haute Cour les declara rebel les et pro nonca la confiscation de leurs fiefs. ( Loredano , L II , p. 99.) Durant cette longue guerre civile , 1'impuissance de l'assise d' Amaury fut clairement demon tree ; mais elle se r^vela bien davantage dans les sanglanles discordes
qui, pendant toute la duree du xiv* siecle, ne cessercnt d'aflliger ce pays.
b Dn a vu precedemment (c. cxl, p. aiAf, dans quelles circonstances cette assise fut rendue ; mais 1'au teur n 1 avait pas dit que tous les vassaux liges du roi de Jerusalem eussent ete declares pairs les uns des autres. ^introduction de cette nouveaute donna un ca ractere particulier aux institutions feodales du royaume de Jerusalem , et sous ce rapport elles ne ressemblaient a aucune de celles qui existaient en Europe. Tous les ar riere- vassaux de la couronne 6taient vassaux liges du roi ; de plus, ces arriere-vassaux etaient unis les uns aux autres par les liens de la foi, et pairs entre eux; don il suit que cette foule de vassaux formaient une association qui , placee sous la protection du roi , laissait en dehors de la hi 6 r archie feodale , et comme isoles , les seigneurs intermediaires , c'est-a-dire ceux qui relevaient imm^ diatement du roi. Sous le rapport judiciaire , cette loi donnait a la juridiction roy ale une generality qu'eDe n'obtint, en France, qu a la suite de longs efforts etde d6bats anim6s. Le temps d^nonca aux Croises rimper fection d'une loi qui augmentait la puissance royale aux depens du pouvoir sur lequel elle s'appuyait direc tement; et les eve^iements des regnes de Baudouin III et de Baudouin IV ont montre qu'elle avait jete des germes de desunion dans les etablissements chretiens de la Syrie, de mtoe qu'en Chypre. Les conquerants de la Mor^e n'elablirent pas chez eux cette institution, et rien n indique qu ils aient eu lieu de s en repenlir.
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LIVRE DE JEAN D'IBELIN.
CHAPITRE CC.
De quei le chief seignor est tenus k ciaus des homes de ces homes qui li ont faite la ligece par r assise ; et coment et de quei tos les homes sont tenus les uns as autres par 1'assise.
Le chief seignor est tenus as homes des homes 1 dou reiaume de Jerusalem 2 qui li ont faite la ligece par Tassise 5 , que il ne deit 4 metre main ne faire metre en leur cors ni en lor fi6s de quei il li ont faite la ligece, se ce n est par esgart ou par conoissance de sa 5 court; ni ne deit soufrir a son poeir que autre li mete. Et se aucun de leur seignors met main en leur cors ni en lor fies, ce il ne le fait 6 par Tesgart ou par la conoissance de sa court, le chief seignor ne le deit soufrir, ainz le doit faire delivrer le plus tost qu'il pora , ce il est pris et areste 7 ; et deit celui de ces homes qui se aura fait, mener a quanque il porra et devra par sa court 8 . Et se aucun de leur seignor faut k aucun d'iaus de faire li dreit par sa court, ou ne li tient ou fait tenir ce que sa court a esgard6 ou coneu ou records, ou le dessaisist de son fi£ sans esgart ou sanz conoissance de court, et celui k qui Ton a fait aucune des dittes choses le mostre au chief seignor et li requiert que il k son seignor li face faire dreit par sa court, ou que il li face k son seignor tenir 9 ou faire tenir ce que sa court a esgarde ou coneu ou records, ou le face metre en la saisine de son fie de quei il Fa dessaisi sanz esgart ou sanz conoissance de court 10 , le chief seignor deit faire celui venir devant lui en sa court; et quant il i 11 sera, il li deit dire : « Tel, vostre home, » et le nome, « in a tel chose dit, » et die ce 12 que celui li a dit. • Si voz comanz si destreitement come je puis et doi, que voz « li faites 15 droit par vostre court, si come voz dev£s, dedenz quarante jors; » se il li defaut de droit faire par sa court 14 , et ce ce est d'esgart ou de conoissance ou de recort que il ne li fait faire, si come la court Ta esgard6 ou coneu ou records 15 .
• Si voz comans, come k mon home, si destreitement come je puis et doi, que « voz li fassi^s ou 16 faites faire ce que vostre court a esgarde ou coneu ou records
• dedenz quarante jors, et de ce voz semons je en la presence de mes homes et « de ma court qui si est, et les en trai k garant. » Et se celui a qui le seignor aura fait ledit comandement et quil aura ensi semons come est avant dit, ne le fait dedenz le terme ou ne dit raison por quei il ne le deit faire et tel que court 1'esgar dera ou conoistra, et se celui k qui il a fait aucunes des dittes choses revient devant le chief seignor et li mostre que son seignor ne li a fait ce que il li comanda et de quei il le semonst, ne n a dit chose par quei court ait esgarde ou coneu que il ne li deive faire, si li prie et requiert, come a celui qui est le chief seignor dou reiaume de Jerusalem 17 , que il li en face ce que il doit par Tassise ou Fusage dou reiaume de Jerusalem , le seignor deit mander querre son home et dire li en sa court ce que le sien home li a dit; et se il le conoist et ne mostre , par les
1 b. De ces hommes. c. d. e. t. — 2 b. — 5 b. c. d. b. t. — 4 Que il doit. b. — 5 b. c. d. b. t. — 6 Se ilfaii. b. — 7 c. b. — 8 Que il pora, se il est pris et arrests de ses homes que il aura ce fait mener, et quant que il pora et vodra par sa court, c. d. — 9 Et li requiert que il liface a son seignor tenir. c. — 10 Ou leface metre, etc. manque dans b. La fin du chapitre manque dans t. — 11 Quant il li. a. — 12 Et die li cen (ceu?) b. c. Ce. c. — 15 Facez. b. Faciez. c. — 14 b. — 15 Si li die : • Tel vostre home, » et le nome, « m'a dit que vostre « court a esgardd ou coneu ou records. » b. c. — 16 Et. b. c. — 17 b.
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ASSISES DE LA HAUTE COUR.
homes de la soe cort, que il seit 1 autrement que celui ne li a fait assavcir, et ensi que il li fait ce que le seignor li comande, le chief seignor le deit d6s lors en avant faire remetre en saisine* de ce de son fi£ de quei son seignor Taveit des saisi sans esgart et sans conoissance de court, et maintenir le tant come il vodra dreit faire 5 k son seignor par sa court*. Ef se il li a defailli de faire ce que sa cort a esgard6 ou coneu ou records , et il , dedenz quarante jors , n a fait k son home 4 ce que sa court a esgard6 6u coneu 6u records et que le sfeigiiof li a comande et dfe i^uei il Yd semons , si come est avant dit , il deit perdre sa court a sa vie 5 , se le seignor le viaut mener k ce que il pora par sa court; por ce, se me semhle 7 , que il est assise ou usage <Juc le seignor deit tenir et faire tenir les esgars et les condiss&uces et les recors Ijue sa court fera 8 , et por ce que le chief seignor est tents par son sairement de tenir et faire tenir eh sa seijjnorie Ifcs assises et usages de son reiaume , me semble il que puisque son home qui a la court 9 doii don de lui oti de son bncestre n en euvre 10 si come il deit par r assise ou F usage dou reiaume, que il la deit perdre 11 , et que le seignor li peut tolir k sa vie, ce il viaut, par la conoissance 12 de sa court, se il requiert a sa court qtie elleli cohoist quel dreit en deit aveir. Et apr6s 15 ce que il aura les avans dis erremenz retrais ou fait re traire en sa court, que il nfe me semble que celui qui sera defaillant de Tavant ditte semonce puisse chose dire par quei la court ne conoisse que il ne deit plus aveir coiirt en sa seighoriei sa vie et apr6s 14 le comandement et la semonce dou chief seignor, puisqu il a defailli k son home de faire li dreit par sa court ou de faire li ce que sa court a esgard£ ou coneu ou recorde b .
1 Que il est. b. c. — 2 En sa saisine. c. — 5 Con il voudra que il doit faire. c. — 4 c. < — 5 A sa vie n'est pas dans c. — 6 Le chief seignor le doit de lors en avant faire, et celui qui ne fait son dit camandement ne sa dite semonse perdra sa court, se le seignor. b. — 7 Por ce que il me semble. c. — s Qae sa court dit etfait. c. — 9 Qui la court, b. — 10 Ne euvre. B. Non euvre. c. — 11 Prendre, b. — 12 Par F assise conoissance. c. — 15 Doit avoir ampris. b. c. — 14 Sa seignorie ampris. b. c.
* Ainsi , en cas de defaute de droit, le suzerain nap pelait pas, sdon 1' usage de France, la cause a f* cour, mais, sans examiner le fond del'affaire, il r&ablissait le vassal dans sa saisine.
b Les mots ce me semble, dont l'auteur se sert au com mencement de ce paragraphe , indiquent que l'opinion qui y est d^velopp^e lui appartient, et quelle est fondle plut6t sur une interpretation quil fait de l'assise , que sur le texte mime de cette assise. En effet, d'apris le droit commun, un seigneur, pour n'avoir pu ou voulu rendre justice a son vassal, perdait la connaissance de 1' affaire dontle vassal voulait saisir sa cour, et le jugement etait defere a la cour du suzerain. La defaute de droit n'avait pas d'autre consequence, et le seigneur defailli n 'etait point depouilie, pour ce motif, de la plus belle preroga tive deson fief. (Beaumanoir, 1. lxii, p. 3ig. De Fon taines, c. xxi , n M 3o, 3i , 3a , p. ia3.) Bbelin conclut de ce que les lois du royaume de Jerusalem imposent a chaque justicier 1'obligation de rendre la justice, que si Tun d'eux manque une seule fois 4-ce devoir, il peut perdre son droit de justice pour tout le reste de sa vie. Cette conclusion nous parait beaucoup trop severe, et mal gr£ la tendance marquee de la legislation du royaume de Jerusalem a concentrer dans les mains du roi et des hauts-barons le pouvoir seigneurial, nous ne pen sons pas que cette legislation se soit eloignee d'une fa^on si prononcee, et dans une manure aussi grave, de l'usage general de la feodalite. Pierre de Fontaines expiique avec
beaucoup de soin la procedure que le vassal devait suivre en cette circonstance : « Eiicore se peut on departir de se c court a le premiere defaute ke on trouveroit par droit :
• nekedent je ne 16 mie a plaideeurs ki sunt si borne, ki t s'en partent si tost, pour le reverense ke on doit a son
• sengnour. Mais s'il 6nt atendu trois quinzaines, ou
• quatre, continudes, et tous les jors le traisent en de « faute , je crois kil sen puet partir et aler a la court a
• l'avenant sengneur. fet soh fines li J>ais en la forme par c devant dite. Et se li sires faisoit deus quinsaines de de c faute , et puis venist, et puis defaillist , si k'il ne peust
• avoir trois quinsaines , ou quatre , de continueus de-
• fkutes, kant tens baras seroit aperceus deux fois, ou
• trois, bien s'en porroit on ensi .partir de se court Car « baras ne tricherie ne doit a nului valoir. Quant aucuns
• se veut partir de le court son sengneur, pour le defaute
• ke il treuve, face son aversaire ajorner en le court le « roi. • C. xxi , n°* 3o et 3i, p. ia3. Dans les deux con trees , lautorite royale etait le recours legal , mais en France ce recours constituait la peine. Jusqu a la des truction de la feodalite, il fat requ , dans'ce pays, qu un seigneur pouvait perdre sa juridiction pour deux fautes : i° s*il ne rendait pas la justice a ses sujets; a° sil les maltraitait Mais cette peine ne devait pas etre pronon cee contre un seigneur coupable seulement de negli gence ou d'injustice leg£re ; il appartenait au juge d'ap precier le caract^re des fails avec equite. (Guy-Pape, Decis. Gratian. pari. Quastiohiu.)
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LIVRE DE JEAN tflBELIN.
CHAPITRE CCI 1 .
Si esclarsisse coment 2 toz les homes des homes 5 dou chief seignor 4 sont, par laditte assise, tenus les uns as autres, si come est devant dit; et coment il se deivent aider et conseiilier 5 .
Toz les homes doudit reiaume sont par laditte assise tenus les uns as autres, si come est avant dit, et en tel maniere, que se leur seignor met ou fait metre main el cors ou el fi£ d'aucun d'iaus sanz esgart ou sanz conoissance de sa court, que toz les autres homes deivent venir devant leur seignor, se il a son home arest6 ou fait arester sans esgart ou sans conoissance de court , et le tient ou fait tenir en prison , et se 6 aucun des parens ou des autres amis de celui qui est arest6 7 les requiert de par lui que eaus 8 le facent delivrer* et que il en eufFre k faire dreit par eaus come par ceS pers 9 , il deivent toz venir devant le seignor et dire li : « Sire , noz avons entendu que voz tel nostre per av^s arest6 ; si voz « prions et requerons si destreitement come noz poons et devons , que se il est «arest£ en vostre poeir 10 , que voz le faites delivrer sans delai, et que vos le « men^s par Tesgart de vostre court 11 . » Et se le seignor le fait delivrer, tant come celui qui aura est£ arest£ vodra faire dreit par ces pers, il le doivent maintenir a droit come leur per. Et se le seignor ne le fait delivrer a leur requeste, ou ne dit chose par quei il ne le deit faire et tel que court Tesgarde ou conoisse, tos les homes ensemble deivent aler la ou il sevent que il est arest£ et delivrer le k force ou autrement, se le cors de leur seignor ne lor defent as armes, contre le quel il nepevent ni ne deivent porter armes ne faire chose a force, et dire li que tant come il vodra faire droit par ces pers , que il le maintendront come leur per. Et se le seignor le defent contre eaus as armes ou autrement k force, il li deivent 12 dire : « Sire , voz estes nostre seignor, ne contre vostre cors noz ne porteremes « armes , ni ne feriens chose k force. Et puisque voz noz defends k force a de « livrer 15 nostre per qui est pris et enprison^s sanz esgart ne sans conoissance « de court , noz voz gaions toz ensemble et chascun par sei dou servise que noz « vos devons tant que voz ai£s nostre per 14 tel delivr^ ou fait delivrer, ou dite « raison por quei voz ne le dev^s faire et tel que court Tesgarde ou conoisse 1 . »
1 Les chapitres cci, ccn, ccm et ccrv ne font qu'un seul chapitre dans c. — 2 Et en quel maniere. b. Coment et de quoy. c. — 5 Tout les homes, b. c. — 4 d. b. t. — 5 Et coment, etc. n'est pas dans b. c. — 6 b. c. d. e. t. — 7 Pris. b. c. D. s. t. — 8 Que il. b. — 9 Ou par ses pers. b. d. e. t. — 10 Que se il est arreste 1 en vostre poeir n'est pas dans d. b. t. — 11 Par vostre court, b. c. d. t. Et que voses le faites mener. b. — 12 Yaus li deivent. c. d. e. t. — 15 c. d. e. t. — 14 Pier. b.
' Rien dans ce chapitre ne s'eloigne des idees gene ralement recues sur J a pairie. Tous les covassaux d'un seigneur etaient pairs entre eux et juges les uns des autres, des lors il etait naturel qu'ils prissent fait et cause pour Tun deux injustement detenu, et sommassent le seigneur de le presenter a leur jugement. Mais que dire de la distinction etablie par Ibelin , entre la delivrance da prisonnier executee hors de la presence ou en la pre sence du seigneur, et declaree legale dans un cas et ille gale dans l'autre ? Cette distinction peut paraitre plus
subtile que fondee; cependant il faut remarquer que, dans l'origine de la feodalite , le pouvoir des seigneurs etait inherent a leur personne et n'admetlait pas de de legation; des lors register, les armes a la main, aux agents du seigneur, n'etait point forfaire contre le sei gneur. II fallut que les idees de droit eussent fait des progres , pour que Ton comprit la necessity de deleguer le pouvoir seigneurial, et, comme consequence de ce principe, que le delegue du seigneur representait le sei gneur lui-meme.
hi.
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