Notice géographique sur le pays de Nedjd ou Arabie centrale, accompagnée d'une carte; suivie de notes sur l'histoire de l'Egypte sous MohammedAly par M.E.J.D.L

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Un tableau assez exact du Nedjd, communiqué par M. Silvestre de Sacy, a été inséré dans l’histoire des Wahabys par M. de Corancez ; il renferme sept départemens, savoir : Djauf, Djebel, Qacym, Ouechem, Soudeyr, Khardj et Dreyeh ( ou A’âred ) : selon notre carte, il faut y ajouter el-Haryq, el-Aflâdj et quatre ouâdy. Quant au premier, il manque dans notre liste, comme on le verra dans la nomenclature qui termine cette notice, article XIII.

III. El-Yemâmeh.

On peut d’après ces données chercher la position d’elYemâmeh, sur laquelle diffèrent les géographes arabes , et à plus forte raison les modernes. On en trouvera la raison si l’on considère que c’est à la fois le nom et d’une ville et d’un pays; c’est à quoi l’on n’a pas fait assez d’attention. Après avoir donné l’itinéraire de Iamama à la Mecque en dix-huit stations, dont la première est Aardh, el-Edricy ajoute qu’il entend par Aardh, la rivière d’Aftan , qui coupe l'Iamama en deux , quod secat iamama à summo ad imum ¹ , et ailleurs, il nous apprend que le pays d’Iamama confine au nord-ouest avec le pays d’O’mmân. Dans un autre passage, il compte vingt-une stations entre Iamama et la Mecque, et vingt-cinq entre la Mecque et Bahreyn , comme on l’a vu plus haut. Ces deux nombres, vingt-un et dix-huit, sont dans le rapport des journées de dix heures et des journées de douze; ils conduisent tous deux vers un point situé à quarante-cinq lieues à l’est d’el-Derre’yeh, à égale distance de cette ville et d’elQatyf; tandis qu'une ville d’Yemâmah paraît avoir été

¹ Voyez Geogr. , nub., page 55. L'auteur parle de treize villes sur cette rivière ; Salamia est une de ces villes. Voyez ci-dessous, article IX.

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bien plus au sud. Le même point est encore indiqué par une distance de quinze stations entre Bassorah et Iamama, que rapporte el-Edricy. On explique cette position septentrionale d’Yemâmah en admettant qu’il s’agit dans ces passages des limites du pays de même nom ¹.

Selon Abou-l-Fedâ, Alyamamah fait partie d’el-Aroud ; l'Oroud ou l’Aroud est le pays d’Alyamamah jusqu’à celui d’el-Bahrain ; les villes d’Alyamamah, el-Ahsâ et Yabryn sont disposées en triangle, dont la première occupe le côté occidental, la deuxième le côté oriental, et la troisième le côté du midi ². Malheureusement cette description manque de précision, et elle ne suffit pas pour lever l’incertitude qui existe sur la position de la première de ces villes; c’était, dit Abou-l-Fedâ, une ville plus petite que celle du prophète (Médine), située dans une région montagneuse du désert, plus riche en palmiers que les autres lieux de l’Hedjâz. Sa distance à Basrah était de seize stations : c’est à peu près ce que dit el-Edricy ( Voyez plus haut ). Ce qui suit prouve que le pays de ce nom était très-étendu : « Quelqu’un qui « a vu de notre temps l'Yamamah, rapporte qu’il est peu « habité et possède un petit nombre de palmiers. Il ren« ferme une vallée très-profonde appelée al-Charg ( el« Khardj ) : Yamamah est situé dans une plaine. Al-Charg « est un lieu du même pays, avec beaucoup de villages « et très-riche en grains. »

Or nous savons à présent qu’el-Khardj est une pro-

¹ Selon la Bibliothéque orientale de d'Herbelot, quelques auteurs font de l'Iamama une petite province ; la ville est éloignée de Bassorah de dix-huit journées. Il est nécessaire de suivre sur la carte toute cette discussion géographique , dont le sujet est nécessairement très-aride.

² Voyez ci-dessous , article IX.

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vince au S. E. d'el-A’âred. Ainsi toutes les données coïncident et font penser que l’ancien pays d’el-Yemâmah, selon Abou-l-Fedâ et el-Edricy, se formait des provinces qu’on appelle maintenant el-A’âred et el-Khardj; Soulemyeh ou Salemia en faisait partie. Il ne résulte pas encore de là une position précise pour le chef-lieu; mais el-Derre’yeh, par son importance, paraît avoir pris sa place.

Al-Ahsa et el-Qatyf, dit Abou-l-Fedâ, sont à quatre stations environ d’al -Yamâmah; c’est ce qu’on trouve en effet sur la nouvelle carte. C’est donc par un concert de témoignages qu’on est conduit à placer el-Yamâmah entre le 25ᵉ et le 26ᵉ parallèle. Mais comment concilier ce résultat avec la latitude des tables d’Ulug-Beg et de Nassir-ed-din ? Les unes et les autres s’accordent à donner 23 degrés à Yamâmah, et, ce qui est bien plus difficile à expliquer, celles du même Abou-l-Fedâ donnent à cette position ( par un terme moyen) 21º 3o’, tout en disant qu’al-Yamâmah est dans al-Aroud (nous ne parlons pas des longitudes, dont on ne peut faire aucun usage). On doit être d’autant plus surpris de cette différence, que les tables de ces trois auteurs donnent à la Mecque une latitude qui approche de la véritable : l’une 21º 20’, et les autres, 21º 40’ ; et même le terme moyen des latitudes rapportées par Abou-l-Fedâ, d’après EbnSaïd et d'autres écrivains arabes, est de 21º 26’ , ce qui est bien près de 21º 28’ , position vraie du lieu.

D'un autre côté, si l’on compare dans les tables d’Abou-lFedâ la position d’al-Yamâmah avec celles d’el-Qatyf, on trouve que la différence en latitude est de 1º 5’ : elle correspond de la manière la plus exacte avec l’emplacement déterminé plus haut, c’est-à-dire que la latitude d’el-Qatyf et d’el-Yamâmah seraient toutes deux affectées dune erreur fortuite, de près de 4 degrés. Quant aux

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taibes deNassir-ed-Din et d’Ulug-Beg, elles donnent aussi à el-Qatyf une latitude trop petite, et elles en éloignent Yamâmah de 2 degrés au sud, ce qui s'applique probablement à la limite sud de la contrée de ce nom, vers la province actuelle d’el-Haryq.

Consultons encore pour cette position le Dgihan-Numa ou Géographe turc, autorité qui a servi à d’Anville pour fixer plusieurs parties des côtes arabiques. « Yemameh « portait autrefois le nom de Dgew; il est situé dans un « vallon qui porte le nom de Kharedj, dans lequel sont « situés beaucoup de villes et de villages. Le blé et l’orge « de Yemameh sont renommés, son eau est excellente..... « Il coule dans ce pays trois rivières qui ont leurs sources « dans la montagne de Ram;.... Yemameh est aussi le « nom d’une ville du pays des A’valïi, située dans le « désert..... Yemameh est à six journées de Lahsa et à « trois de Iebrïn ; on y voit un palais et un château« fort ¹ ..... Hadjer ( ou Bahrayn ² ) est à une journée d'Ye« mâmah. »

Voilà encore un témoignage qui semble identifier le pays d’Yemâmah avec celui de Khardj : une distance de six journées jusqu’à el-Haçâ conduit jusqu’à la limite ouest d’el-A’âred; mais celle d’un jour jusqu’à Bahrayn est inverse de la réalité, puisque ce dernier pays est plus à l’est qu’el-Haçâ. On voit aussi que le nom d’Yemameh a appartenu à deux positions.

Nous conclurons du rapprochement de tous ces témoignages des auteurs arabes, 1° que les diverses positions assignées à el-Yemâmah s’appliquent les unes au pays, les autres à la ville de ce nom; 2° qu’il paraît corres-

¹ Extrait de la verdon manuscrite du Dgihan-Numa. Voyez p. 314 de la copie appartenant à M. Barbié du Bocage.

² Ibidem, p. 295.

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pondre aux provinces d’el-Haryq, d’el-Khardj et d’elA’âred, compris l’espace qui sépare el-Haçâ des deux dernières; 3º qu’il y a eu peut-être deux villes de ce nom, l’une au sud et l’autre au nord. El-Derre’yeh , ville de construction nouvelle, a sans doute succédé à ces places importantes. Nous avons placé la première conjecturalement vers le 24ᵉ degré de latitude.

On ne peut donc souscrire à l’opinion de Pinkerton, qui soupçonne que l’existence de la ville et de la province d’Yamâmah est chimérique ( mere fictions ¹ ), et pense qu’on devrait les bannir des cartes, ainsi que la rivière d’Aftan. Le géographe anglais, frappé de la ressemblance des mots Ayaman et Yamama, présume qu’on les a confondus, et il croit expliquer ainsi les difficultés que présente la position de ce dernier endroit, placé par les auteurs à l’est de la péninsule, tandis que Niébuhr le porte tout-à-fait à l’ouest, dans un pays de Kerjé, confinant à l’Yemen ; mais ce serait confondre sans motif Ayaman avec al-Yemen. Il est vrai que ce voyageur met Kerjé ( sans doute le Khardj ) à l’est de l’Hedjâz et de l’Yemen, et y place la ville d’Amamé ou Imamé : l’erreur qu’il a commise est le résultat des informations vagues transmises par les Arabes. S’il y a quelque chose de constant, c’est que la province de Khardj est dans la partie orientale du Nedjd et de l’Arabie; telle est aussi la position d’Yemâmah. D’Anville ne s’est donc pas trompé en mettant ce lieu dans le Khardj ou l’A’âred, et dans l’est. Ce qui paraît probable, c’est que Niébuhr, trompé par la consonnance, a confondu lui-même les mots el-Yemen et el-Yemâmah appelé par quelques au-

¹ Pinkerton's modem geography, the third edition. London, 1811, p. 57 et suiv.

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